Reprendre les bonnes vieilles recettes du passé voilà qui semble couler de source en ce début de 21eme siècle. Et c’est le cas même pour notre Barbra STREISAND, voyez la donc partager la couverture avec l’aîné des GIBB brothers, comme en 1980 pour le plus grand succès de sa carrière l’album prénommé Guilty. On prend donc les mêmes et on recommence, le BEE GEES retrouve sa place de "protecteur" auprès de notre Barbra préférée, qui n’en a évidemment jamais eu besoin, femme de caractère comme elle est ! Barry a tout fait sur cet opus, voyez donc les crédits : ses fils l’encadrent et rien n’est laissé au hasard. Barb porte remarquablement ses 63 ans pour son trente et unième opus.

"Come Tomorrow" nous introduit dans cette livraison avec un peu de smooth et une vibe finalement très doowop, avec une orchestration modernisée, et des instruments du 21eme siècle pour une composition qui aurait eu sa place au début des sixties. Le BEE GEES y délivre quelques couplets un brin mollasson mais ça le fait. Quelques intonations à la ABBA donnent à "All The Children" une identité pop très marquée. On retrouve Barry sur le refrain en sauce discoïdée. La mélodie se laisse bien apprivoiser, et Barb s’adapte plutôt bien à cette petite comptine celticisante. Les vocalises me laissent un peu de marbre mais l’ensemble a vraiment une bonne tête, il s’agit du titre de l’album. Avec un titre pareil, il semblait évident que "Golden Dawn" allait se positionner en parangon du mid slow à tendance smoothy. Et toujours cette petite vibe presque crépusculaire a laquelle notre Barb parvient talentueusement à s’adapter.

La petite ballade "Hideaway" propose un petit rythme sympa aux consonnances un brin exotiques, un peu de Bossa d’ailleurs le titre évoque le Brésil. Barb y fait le job comme dab, mais on déplore beaucoup de synthés. "Letting Go" est un joli slow tout entier acquis à la cause de Miss STREISAND, on sent la passion qui s’infiltre dans tous les phrasés de Barb, sa facilité incroyable à faire sienne les compositions des autres. Les paroles sont intéressantes et l’enrobage est plaisant. On reconnaît les tics de Barry sur "Stranger In A Strange Land", un petit slow mielleux enrobé de "palalapalala", pas désagréable mais franchement dispensable malgré une petite vibe AOR. Très BEE GEESienne "Night Of My Life" respire la fin des seventies avec sa jolie vibe et son refrain disco à donf, très plaisante ! Et ce rythme percussif se laisse vachement bien apprivoiser.

Quelques coups de mous : "It’s Up To You" penche un peu vers une countrypolitan ricaine, mais la chanson me semble "facile" malgré ses petits licks de guitare. "Without Your Love" est un prétexte à sentimentalisme et bons sentiments ainsi qu’ils doivent couler au sein des bons foyers américains, jusqu’à cette petite batterie martiale qui insiste tout le monde à se mettre debout la main sur le cœur. Le vieux fantasme d’être au-dessus de la loi donne l’occase à Barb de chanter un titre smooth, "Above The Law" évoque un dialogue avec la personne aimée – encore James Brolin puisqu’il est toujours la bien en place. Sympa mais oublié sitôt après écoute. "Don’t Throw It All Away" est un petit duo de variété sans véritable ambition.

La surprise, c’est de se rendre compte que cet album est de bien meilleure qualité que celui qui 25 ans plus tôt qui faisait la part belle à des slows sans intérêt. Il s’est juste vendu 50 fois plus… Un phénomène de mode ? Cette seconde réunion des deux monstres sacrés de la musique populaire moderne porte plutôt bien ses fruits. Barbra STREISAND chante mieux que jamais, et l’aîné des BEE GEES fait preuve d’une belle créativité la où on ne l’attendait guère.