Barbra STREISAND connaît une légère perte de succès en cette fin des sixties. Les philanthropes de la Columbia s’en émeuvent et proposent à la star américaine une évolution assez drastique : passer des standards du great american songbook à une identité plus pop, proche des cannons du moment. Vous imaginez bien que la féministe a dû se faire prier pour que l’on aboutisse aux résultats voulus par les producteurs. Mais le résultat est la, le onzième album de miss Barbra, nanti de cette très vilaine photo de couverture qui ne risque pas de faire des amoureux ! Nous sommes en 69, année magique et Barbra n’a finalement que 27 ans, malgré une déjà fort longue carrière.

Nous avons ici logiquement trois titres des BEATLES. On débute par "Honey Pie", cette petite plaisanterie aimable composée par le grand Paul MACCA, mais il me semble que l’orchestration en fait beaucoup et que la chanson perd en vitalité sous les tonnes que Barbra ajoute. Le ton plaisantin de Paulo suffisait largement, là c’est un poil trop. Elle cabotine comme si on transposait la compo dans un musical. Puis, voilà deux chansons chantées par Ringo STAR, choix étonnant non ? Donc "With A Little Help From My Friends", très joliment chantée, mais qui ne sonne plus trop soul pop, contrairement à l’originale. Enfin, mon adorée "Goodnight" n’est pas mal car la voix de Barb reste un must, mais je préfère la version de Ringo. On dira finalement que Barbra est moyennement à l’aise avec le répertoire des scarabés.

La paire Shire/Malby apporte deux chansons dans cette livraison : l’introductive "What About Today ?", à la chouette ambiance dynamique, puis la plus onirique "The Morning After", très B.O, où la voix de Barb tonne à souhait mais dont l’orchestration déjà très seventies handicape quelque peu l’équilibre. "Ask Yourself Why" fait partie de la B.O du film La piscine, mais n’a pas marqué les esprits par sa pertinence, une compo de Michel LEGRAND. La "Little Tin Soldier" de Jimmy Webb me semble avoir pas mal vieilli, surtout nantie d’une telle orchestration. Il me semble que Barbra était plus à l’aise sur son précédent répertoire, aucun des classiques ici présents ne resplendit du talent de la diva.

Pas mal de grands noms de la pop apparaissent sur cet opus : le choix de "Punky’s Dilemna" pour reprendre du SIMON & GARFUNKEL peut surprendre : il y a plus connu, plus aimable aussi probablement, mais les choix de Barb sont à respecter. La cristalline guitare de "Until its time For you To Go", écrite par Buffy SAINTE MARIE, se conduit pas mal du tout. Nous en terminons avec "Alfie", compo de Burt BACHARAH, mais on gardera la version de Cilia BLACK en mémoire. Enfin voyez, le grand Harlod ARLEN apporte "That’s a fine Kind Of Freedom" et c’est un des instants forts de cet opus, mais nous revenons ici dans le giron de Barbra avec le great american songbook.

Et voilà, la conclusion s’impose d’elle-même, en tout cas pour le moment : après cette dernière remarque. Barbra STREISAND, malgré sa voix magique et sa forte personnalité, peut pour le moment prétendre égaler les ténors de la pop sur leur propre terrain. Il n’y a certes pas à rougir de ses performances mais, un brin trop attentistes, elles manquent de l’esprit pop – je ne dis pas rock hein ! - nécessaire à leur bonne tenue. Ce sera donc un deux sans doute sévère mais qui me semble adéquat.