Ce 32ème opus de la grande Barbra STREISAND est placé sous le signe du jazz vocal, la voici aux prises avec Diana KRALL et Tommy Lipuma. Notre immense diva ne semble pas vieillir d’un pouce si on en juge par cette foto de couverture où elle accuse tout de même 67 ans. On sait les miracles que peut internet, en tout cas Barb ne vieillit pas, et sa voix reste impeccable comme je suis prêt à le parier. Come à l’accoutumée, il va servir de base a un programme télévisé dont sera extrait un DVD blablabla. On ne perd pas le nord dans la Columbia ! Après tout, pourquoi se gêner ? Barbra est gagnante depuis toujours, voyez donc son air coquin, on sent qu’elle s’apprête à nous jouer un tour.

L’introduction de ce nouvel opus ne laisse pas longtemps planer le doute. En effet, "Here’s To Life" est dans la parfaite continuité de l’oeuvre principale de notre Barba préférée, soit la grande interprète du Great American Songbook. La production de Diana KRALL tient fort bien la route et on ne peut que louer l’exceptionnelle qualité de la voix de l’artiste, qui n’a rien perdu. Un superbe instant de félicité et de contemplation magnifié par une belle orchestration qui a enfin perdu tout son kitsch des seventies. "If You Go Away", c’est "Ne me quitte pas"… bien sur, cette mélodie parle à tous les francophones de la création, une sorte de trésor national qu’il convient de protéger. Cette version de Miss STREISAND, où elle se voit accompagnée d’une petite guitare avant que l’orchestre ne se lance. J’eusse préféré garder la simplicité de la six cordes avec la belle voix de Barb. On n’atteint jamais au sublime du classique de Jacques BREL, mais ça le fait.

De cet album, j’attends quant à moi la rendition de l’une des plus belles chansons de l’histoire : "Smoke Gets In Your Eyes", qui, dans l’inconscient collectif, appartient pour l’éternité aux PLATTERS. La version ici proposée par Barbra oublie tous les éléments propres au classique. On reconnaît les notes de la chanson de Jerome Kern bien sûr, mais Barb a choisi de prendre des risques avec cette fabuleuse composition. Le refrain me paraît un peu ampoulé face à celui des PLATTERS. Au final, pas un ratage, mais on est loin de la qualité de l’originale. Le classique de Frank SINATRA, "In The Weee Small Hours Of The Morning", est aussi bel et bien dans la place. Bien sûr, Barbra lui rend pleinement justice, elle s’aligne sur "The Voice" comme si elle avait fait ça toute sa vie. L’ambiance nonchalante d’un club de jazz tard la nuit lorsqu’on ne sait plus si c’est l’alcool ou le talent qui crée les plus beaux instants.

D’ailleurs, club de jazz et musicals, allons-y ! "Spring Can Really Hang You Up The Most" est un classique des fifties, smooth et envoûtant. "Make Someone Happy" reste dans la mouvance des musicals des fifties sans trop en faire. "A Time For Love" reste très qualitative et toujours supra smooth. "Here’s That Rainy Day" porte en elle encore quelques éléments un brin kitschounets, mais on reste dans le club de jazz. "Some Other Time" est une composition de Leonard BERNSTEIN tirée de "On The Town" pour les frenchies la merveilleuse "un jour à New York" avec la fabuleuse Ann Miller. La musique reste très smooth, mais toutes ces chansons ont déjà une longue existence derrière elles.

Petite ambiance Bossa Nova sur "Gentle Rain" que Diana avait elle même reprise sur son album de 97. Une guitare espagnole lance "Love Dance" et sort de l’imagination débordante de Paul WILLIAMS qu’on a déjà vu avec Barb lors de ses opus pop. La vibe est à nouveau sud-américaine, toute de lascivité vêtue. Enfin, nous avons deux compositions du couple Bergman sur cette livraison : un piano quelque peu larmoyant lance la contemplative et éthérée "Where Do You Start", mais Barbra parvient à lui donner de la consistance. "You Must Believe In Spring" porte le sceau des compositions de Michel LEGRAND : le piano tout timide, cette manière si française de décrire les sentiments et l’amour, c’est bluffant. Il y a des choses encore belles en France.

Il ne fait pas le moindre doute que Barbra STREISAND est parfaitement à son aise lorsqu’il s’agit de glorifier les grands et beaux sentiments qui assaillent la terre de l’oncle Sam ! Précisons en outre que cet album a mis une petite raclée à Mariah CAREY au sommet du billboard lors de sa sortie, chose qui n’tait pas si évidente à cette époque. La vivacité de Barbra est extraordinaire, encore un numéro un sorti de nulle part la où on ne l’attendait vraiment pas. La fidélité des foyers américains est à toute épreuve et elle reste à jamais la petite fiancée de l’Amérique. Je reste sur un 3, mais plusieurs titres d’excellente facture sont parfaitement recommandables.