Pour beaucoup, l'aventure YES commence avec The Yes Album. Pour deux raisons : la première, c'est parce que les deux précédents albums avaient des idées mais les concrétisaient assez mal, surtout Time and a Word ; la seconde, c'est que YES c'est du rock progressif et donc que tout ce qui n'en relève pas ne peut pas être du YES. Une raison raisonnable, une raison débile, choisis ton camp camarade. Mais effectivement, c'est ici que l'histoire de YES s'écrit en grand.

L'arrivée de Steve Howe, en remplacement d'un Peter Banks frustré par la direction artistique choisie, est une aubaine pour assouvir les ambitions musicales du groupe. Tout comme Steve Hackett chez GENESIS la même année, Howe impose sa patte et contribue à la virtuosité de YES, et pas qu'un peu. Mais côté compositions, c'est bien Jon Anderson qui mène la danse, parfois secondé par Chris Squire ou Howe. Et cela donne trois des classiques immortels de YES : "Yours is no Disgrace" (en fait une composition collective), "Starship Trooper" et "I've seen all good People". Des compositions à tiroirs qui sont néanmoins suffisamment accessibles pour ne perdre personne. Le revers de la médaille, c'est que ces morceaux sont si populaires qu'ils peuvent dégoûter à force d'être joués en concert. Et un peu à l'écart, on retrouve "Perpetual Change", sans doute le moins bon des 4 longs morceaux de The Yes Album, mais qui se tient quand même. J'avoue que le voir en position finale n'est pas heureux, "Starship Trooper" aurait été plus logique. Enfin, "A Venture" est anecdotique tandis que "Clap," enregistré live, est le premier – et meilleur – volet des escapades acoustiques de Steve Howe au sein de YES.

The Yes Album est donc un premier classique pour YES, qui souffre néanmoins d'un son vieillot en plus de compositions pas toutes évidentes. On peut comprendre à moitié le désir de vouloir mieux au niveau des claviers par exemple, ainsi que la volonté d'aller plus loin dans le prog. Et ainsi, l'album n'est que la première étape vers une nouvelle ère pour le groupe.