Après un début tonitruant, PINK FLOYD connaît déjà son premier changement majeur, avec le départ de Syd Barrett. Le guitariste surdoué, ce génie de la précision pop, s'est retrouvé submergé par la drogue. Dès lors, qui de mieux qu'une autre légende, en l'occurrence David Gilmour, pour le remplacer ?

C'est dans cette logique que se trouve A Saucerful of Secrets qui est, pour être franc, le premier grand album de PINK FLOYD. L'éphémère quintette réalise des morceaux à mi-chemin du psychédélisme délicieusement obscur ("Set the Controls for the Heart of the Sun") et du rock progressif pas encore établi officiellement, mais bien présent ("Let There be More Light", le morceau-titre). D'ailleurs, sur le long pavé de 11 minutes qui constitue l'intérêt principal de la face B, on serait même tenté d'y voir les prémices du krautrock, ce qui n'est pas rien – et n'est pas totalement faux, mais on y reviendra avec Ummagumma.

A Saucerful of Secrets contient également des moments pop kitsch et sublimes. "Corporal Clegg" met à l'honneur le kazoo, instrument aussi agaçant qu'inventif, et Syd Barrett dit adieu à ses camarades et ses fans au détour d'un "Jugband Blues" faussement drôle qui cache une certaine mélancolie. C'est beau et triste à voir, pour tout dire.

Un incontournable des années 60, ce deuxième PINK FLOYD. Et ce n'est pas fini !