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Neil YOUNG - Time Fades Away (1973)
Par LONER le 24 Mai 2007          Consultée 17724 fois

Avant toute chose, je crois qu'un avertissement à destination du lecteur est de mise.
« Time Fades Away » est véritablement un disque à part dans la longue carrière du Canadien, qu'il faut absolument replacer dans son contexte pour comprendre son contenu et la polémique qu'il suscite.

L'histoire commence à l'automne 1972. Fort du succès de son désormais mythique « Harvest », Neil Young planifie une tournée immense, prévoyant même d'aller jusqu'en Europe (ce qu'il ne fit pas, s'arrêtant au bout d'une soixantaine de concerts répartis sur quatre-vingts-dix jours, du 4 janvier au 3 avril 1973). Il convie Danny Whitten à prendre part à la tournée, mais lors des préparatifs, les choses tournent court. Abimé par sa surconsommation de drogues en tout genre, Danny est incapable de jouer le moindre morceau dans son intégralité. Furieux devant l'incapacité de son guitariste à faire son boulot convenablement, Neil le congédie avec 200 dollars et un billet d'avion pour L.A. pour seul salaire. Le lendemain, le 18 novembre 1972, Neil est frappé de plein fouet par l'atroce nouvelle: Danny Whitten est mort d'overdose. Inconsolable, se sentant entièrement responsable de la mort de son ami, le Loner noit son chagrin dans l'alcool et pète littéralement les plombs.

Dés le début, la tournée est chaotique. Fortement imprégné de Tequila, Neil exaspère son groupe et le public qui, soir après soir, manifeste sa désaprobation et son incompréhension face à l'attitude du chanteur qui ne ressemble en rien au campagnard de « Harvest », qui joue sur Flying V (un type de guitare totalement inhabituel pour son style) et qui interprète mal les morceaux de son dernier album (le concert donné au Civic Auditorium de Bakersfield le 11 mars, dont le bootleg s'intitule « Last Album », constitue à ce titre un excellent témoignage), considéré déjà à l'époque comme son meilleur. De plus, les nouvelles compositions ne plaisent pas: trop bancales, trop sales. Le nouveau son adopté par le groupe (plus lourd, avec quelques réminiscences hard qui rappellent par moments le Crazy Horse) est lui aussi sujet à de fortes critiques de même que le chant éraillé du canadien.

Vers la fin janvier, Kenneth Buttrey, le batteur de la formation, en a assez et claque la porte. Il sera remplacé par Johnny Barbata qui assurera le reste de la tournée avec les Stray Gators. Sont également appelés en renfort David Crosby et Graham Nash pour palier à la défaillance vocale de Neil Young. Mais les choses continuent à se gâter immanquablement, la tension entre les musiciens est palpable (Jack Nitzsche aurait même profité du fait que son micro soit éteint pour proférer des insanités sur scène).

Le calvaire prend finalement fin au Salt Palace Arena de Salt Lake City, après quoi les Stray Gators arrêteront la tournée, rayant du calendrier les dates européennes. De son côté, Neil Young reprendra le chemin des clubs à partir d'août 1973, en compagnie des Santa Monica Flyers (la section rythmique du Crazy Horse augmentée de Nils Lofgren) et ce jusqu'en novembre dans le but de présenter au public son prochain album: « Tonight's The Night »...

« Time Fades Away » n'est pas l'enregistrement d'un seul et même concert. Tous les morceaux (sauf deux) sont issus de bandes différentes. Leur seul point commun est d'être issus de la même tournée (hormis « Love In Mind », enregistré le 30 janvier 1971 au Royce Hall de l'University of California, L.A.) et de ne pas posséder de version studio. Vous comprendrez donc le désappointement des fans à la sortie du trente-trois tours, eux qui rêvaient d'un sublime « Heart Of Gold » ou d'un « The Needle And The Damage Done » poignant.

Pourtant, malgré (ou à cause de) leur côté cradingue, toutes les compositions présentes sur ce live sont de purs joyaux. « Time Fades Away » ouvre le bal avec sa basse puissante, son piano sautillant et ses guitares tranchantes. Neil s'y montre ironique, voir acerbe (« Fourteen junkies, too weak to work ») et chante à s'en déchirer les cordes vocales (une infection de la gorge n'allait d'ailleurs pas tarder à lui tomber dessus). Dans le même registre on pourra également citer l'excellent « Younder Stands the Sinner », le mélancolique « L.A. », le sublime « Don't Be Denied » avec sa guitare écorchée et enfin l'immense « Last Dance » qui clôture à merveille le disque. Du côté des ballades, on est servi avec « Journey Through The Past » (écrite à l'origine pour figurer dans le film du même nom), « Love In Mind » et « The Bridge », toutes trois magnifiquement interprétées au piano.

Malgré cela, l'accueil fut peu chaleureux, l'album n'atteignant que la vingt-deuxième place au Billboard. A ce jour, il reste le plus méconnu du Canadien et également celui que ce dernier aime le moins. De plus, on le considère comme le premier volet de ce qu'on appelera la « ditch trilogy », ce tryptique composé de « Time Fades Away », « On The Beach » et « Tonight's The Night » et qui correspond à la période dite sombre du Canadien. Est-ce la raison pour laquelle le LP ne fut jamais réédité en CD ? Possible, bien qu'apparemment le plus grand obstacle soit d'ordre technique (un système d'enregistrement particulier empêchant une remasterisation correcte, à ce qu'on dit). Toujours est-il que « Time Fades Away » est devenu avec le temps une véritable relique pour la plupart des fans, leur « Saint Graal ». Il est vrai qu'on ne peut pas lui reprocher grand' chose (un manque d'unité éventuellement, une trop courte durée comparativement aux concerts donnés à cette époque) et qu'il justifie à lui seul l'achat d'une platine vinyl. Croyez-moi, ça en vaut la peine.

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   (2 chroniques)



- Neil Young (chant, guitare, piano, harmonica)
- Ben Keith (chant, pedal steel guitar)
- Johnny Barbata (batterie)
- Tim Drummond (basse)
- Jack Nitzsche (chant, piano)
- David Crosby (chant, guitare)
- Graham Nash (chant, guitare)


1. Time Fades Away
2. Journey Through The Past
3. Yonder Stands The Sinner
4. L.a.
5. Love In Mind
6. Don't Be Denied
7. The Bridge
8. Last Dance



             



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