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Neil YOUNG - Le Noise (2010)
Par SUNTORY TIME le 6 Novembre 2010          Consultée 8292 fois

Voilà quelques années que Neil YOUNG est repassé du côté obscur de l’électricité, aux guitares acérées et aux amplis saturés. Il y a presque deux ans, l’album Fork in the Road avait laissé un goût mitigé aux fans du canadien, et l’on commençait à se demander si le vieux YOUNG (paradoxe) avait encore quelque chose à dire… Et bien la réponse est ici présente, avec ce nouvel album.

Le Noise … voilà un drôle de titre. Après tout, « Noise » signifie « bruit », on en conclut que ce disque sera électrique. Comme le précédent. Peut-on espérer un nouveau Rust Never Sleeps (face B) ou Ragged Glory ?
Le son gras des guitares est bien là, bonne nouvelle. Tiens, la voix de Neil YOUNG semble plus intense qu’avant… intéressant. Mais où est passée la batterie ? Et la basse ? Même pas de clavier ? Ne me dites pas que le Loner est fatigué au point de nous refourguer un album même pas fini ?

Pas de panique, il faut d’abord expliquer le contexte. Neil YOUNG rencontre le producteur canadien Daniel Lanoix, et lui propose de l’aider à enregistrer quelques chansons. Mais, au lieu de les accompagner d’un ensemble de musiciens, comme c’est le cas d’habitude, Lanoix et Young décident de ne garder que la guitare comme instrument. On se retrouve avec un album dans lequel Neil Young chante seul, accompagné de sa fidèle Old Black, saturation au max.

Après la frustration ressentie devant le manque d’instruments, on constate que la guitare électrique et la voix du Loner sont suffisantes pour donner à ces chansons une incroyable dimension. Les arrangements sonores signés Daniel Lanoix sont envoûtants, faits d’échos et de résonnance. On a l’impression que Neil YOUNG joue dans une église. Au final, la guitare se suffit à elle-même, et la voix du Loner, légèrement trafiquée, est plus envoûtante que jamais.

Six décharges électriques, six chansons au vitriol, au son gras si caractéristique, rappelant la rage de « Hey Hey My My ». Il n’y a pas à dire, le vieux Canadien a encore de la superbe. L’ensemble est homogène, mais s’il fallait sortir un titre du lot, ce serait sans aucun doute le grandiose « Hitchhicker », sommet du disque par excellence. Relatant un road trip à base de consommation d’hallucinogène en tout genre, ce morceau d’anthologie semble bien être en grande partie autobiographique. « Hitchhiker » n’est pas inconnu des fans du Loner car il fut souvent joué en concert, comme un multitude de titres toujours inédits en version studio.

Et parmi ces six morceaux ultra saturés se cachent deux pépites acoustiques, qui permettent à l’auditeur de respirer un peu. Ici Neil YOUNG nous prouve qu’il est toujours maître dans les chansons simple d’apparence, mais qu’il peaufine avec une précision d’horloger. « Love and War » semble d’une infinie sagesse, avec un très léger air hispanique (j’ai dit très léger). Quant à la très longue « Peaceful Valley Boulevard », on se laisse emporter par l’émotion face à un chant plus fragile et une guitare aux accents asiatiques (si si, écoutez l’intro). Le léger écho qui s’entend très clairement rend la guitare, comme la voix de YOUNG, plus mystérieuses, plus profondes, et encore plus poignantes, si c’est possible.

Entre intimité et rage explosive, Neil YOUNG signe ici l’un des album les plus originaux de sa carrière. Le pari était risqué tant les expérimentations ne sont pas le fort du Loner, comme le rappelle désagréablement certains de ses albums des années 80. Mais ici, il nous prouve qu’il est encore et toujours un géant du rock et de la guitare. Cet album est certes assez court (seulement 40 minutes pour 8 titres) mais on ne boudera pas notre plaisir face à ce son si gras et planant à la fois, qui me fait vaguement penser à du Shoegaze (ça n’engage que moi).

Le Noise (le titre et un clin d’œil à Daniel « La Noix »), est un très bon disque. Personne ne peut encore dire s’il fera date dans la très longue discographie de Neil YOUNG, mais il prouve que le Loner est toujours là et qu’il n’est pas prêt de raccrocher. Et ça, c’est une très bonne chose !

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   (2 chroniques)



- Neil Young (chant, guitare électrique et acoustique)
- Daniel Lanoix (programation et arrangements sonores)


1. Walk With Me
2. Sign Of Love
3. Someone’s Gonna Rescue You
4. Love And War
5. Angry World
6. Hitchhiker
7. Peaceful Valley Boulevard
8. Rumblin’



             



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