Sacré boulot de suivre la production discographique du Loner depuis quelques années ! Storytone est le cinquième album de notre homme depuis 2012, et force est d’admettre que la quantité n’est pas synonyme de qualité. En effet, à l’exception de Psychedelic Pill avec CRAZY HORSE, le reste de sa production oscille entre le très moyen (Americana) et le franchement nul/foutage de gueule (Le Noise, A Letter Home)
On peut comprendre qu’avec son ranch à entretenir, son système Pono, plus ou moins foireux, et sa collection de voitures, ses frais soient importants mais est-ce aux auditeurs de financer son train de vie ?

Pour Storytone, il applique un de ses traitements favoris : la douche froide. Un CD acoustique, un CD (qui reprend les mêmes titres) avec un orchestre symphonique de quatre-vingt douze musiciens ! On commence par le meilleur, quand Neil seul avec sa guitare acoustique ou son piano joue ses chansons, et on peut affirmer que c’est ce qu’il a produit de meilleur depuis Prairie Wind.

“Plastic Flowers” très écolo-romantique ouvre magnifiquement les débats, “Who’s Gonna Stand Up?” qui s’insurge contre l’énergie pétrolière, “Glimmer” écrite pour Daryl Hannah son nouvel amour, “Say Hello To Chicago” et son superbe harmonica, “Tumbleweed” avec du banjo, autre instrument adoré du Loner, toutes ces compositions s’enchaînent avec bonheur. Bref ses dix chansons acoustiques sont superbes et on y retrouve la verve, le talent, l’écriture d’un des plus grands compositeurs américains. C’est presque Neil YOUNG dans votre salon au coin de votre feu de cheminée avec sa chemise de bucheron, qui souffle dans son harmonica sur “Like You Used To Do”.

Mais pour écouter ces pépites il faut acquérir l’édition « Deluxe » avec le disque symphonique. Je suis toujours très dubitatif sur le mélange rock/musique symphonique, et mis à part PROCOL HARUM dont la musique par essence, s’y prête, je pense que ces expériences sont destinées surtout à satisfaire les égos des musiciens. Au hasard, METALLICA, PINK FLOYD, DEEP PURPLE. Certes sur Harvest, “A man needs a maid” est très réussie, mais ici le concept est différent. Neil YOUNG chante et l’orchestre se déploie, c’est dégoulinant de violons, de guimauve, la voix nasillarde de Neil semble égarée dans un univers intersidéral. Malgré plusieurs tentatives je ne suis jamais allé au bout de l’écoute du CD en seule traite. L’ensemble ressemble à une bande son d’un film d’horreur à petit budget, pour enfants punis.

Heureusement que, dans un éclair de lucidité (?) quelqu’un a trouvé l’idée de coupler ce massacre avec des versions solos épurées et magnifiques. Et maintenant Ladies & Gentlemen la suite des aventures du Loner est pour bientôt, il nous promet un nouvel album, très prochainement, contre Monsanto. Pourvu que dans celui-là il ne fasse pas un solo de moissonneuse-batteuse !

Quatre étoiles pour le disque acoustique, une (et encore) pour le symphonique. Allez trois étoiles.