Animals est vraisemblablement l’un des albums les plus adulés du Rock, assez souvent considéré comme l’un des meilleurs voire le meilleur Pink Floyd. Alors autant dire que le niveau d’exigence y est élevé.

L’écoute de cet album se révèle particulièrement déroutante, tant bien à cause de ses sonorités avant-gardistes et de ses guitares tranchantes que dans le fait qu’il semble vous plaquer littéralement ses défauts à la figure.

Les longueurs dans « Dogs » (le break) et le refrain raté de « Pigs » sont autant d’éléments qui m’ont fortement déçu lors de mes premières écoutes d’Animals, il y a un an et demi. D’ailleurs le morceau « Pigs » peut être définitivement considéré comme une seulement demi-réussite. L’intro est très bien menée et la mélodie intelligente, mais ce refrain… Quel gâchis. Puisqu’on parle de gâchis, il est très frustrant de voir le solo final, absolument magnifique, de David Gilmour coupé par un fade-out. Les défauts d’Animals, contrairement à ce que l’on pourrait penser, ne s’effacent pas, même après des dizaines et des dizaines d’écoutes.

Alors pourquoi 4/5 finalement ? Pour plusieurs raisons : premièrement, « Dogs ». Cette pièce merveilleuse me saisit dès les premières secondes ; les accords de guitare, sèche ou électrique, y sont remarquables et Waters prend un chant particulièrement poignant. Si elle n’avait pas été légèrement trop longue, « Dogs » aurait été une chanson parfaite. Deuxièmement « Sheep », très bon morceau soutenu par un David Gilmour très en forme : le chant y est écorché, agressif. Son introduction au clavier est également un moment fort. Et puis il reste les deux parties de « Pigs On The Wing », qui selon moi introduisent et ferment l’album de façon idéale.

J’ai beaucoup parlé de Gilmour ; en effet même si Waters s’impose en dictateur (il a composé 80% de l’album), le travail du guitariste est également colossal. De même Wright nous signe là une bonne performance.

Cet album pourra rebuter, pour les raisons déjà citées, mais aussi par son aspect froid et peu séducteur. Contrairement à ce que laissent présager les premières minutes de l’opus, il est bien difficile de s’immerger complètement à l’intérieur d’Animals, sans doute aussi parce que le concept est laissé au second plan, pour privilégier la musique (il se fera cependant bien sentir pendant les breaks des morceaux), tendance qui s’inversera dans The Wall.