1977... L'année du punk. 1977... Sortie de Animals. Quel rapport entre les deux ? Et bien au risque d'en surprendre plus d'un, Pink Floyd nous livre ici un album de punk. Le fond en tout cas est incontestablement en phase avec l'époque. Les thèmes sont simples, répétés et enchaînés avec efficacité. Rogers Waters chante avec ses tripes, comme jamais, jetant ses paroles acides à la face de l'auditeur. La guitare incendiaire enrobe chaque composition d'une ambiance tour à tour rageuse et mélancolique. N'est-ce pas là la description d'un disque de punk ?

Le concept est lui aussi en accord avec la musique. La Ferme des Animaux de George Orwell, caricature grinçante du totalitarisme, trouve tout son sens dans cette excellente interprétation. Les passages les plus marquants sont sûrement les parties instrumentales de chaque morceau. Celle de Sheep, après 5:40, morbide et robotisée, véritable portrait musical de la Russie stalinienne, fait littéralement froid dans le dos. Celle de Pigs évoque une vue depuis un avion des mornes paysages de ce monde déshumanisé, d'une lenteur répétitive et froidement mélancolique, avant d'enchaîner sur le thème d'introduction, brutale désillusion face à cet univers industriel.

Animals est bien un disque de punk. Littéraire, intellectualisé, recherché, mais l'esprit contestataire, la rage et la critique de la société sont toujours présents. Beaucoup de groupes ont lancé ce message dévastateur à la face du monde. Combien l'ont fait avec tant de pertinence et de finesse ? Combien d'albums du groupe ont un message et un concept aussi cohérent ? En tout cas vous, chers lecteurs et lectrices de Forces Parallèles, semblez avoir tranché. Très loin devant Dark Side of The Moon, très loin devant The Wall, très loin devant toutes les autres chroniques, celle d'Animals est actuellement la plus lue du site.

Animals, dernier (seul?) chef d'oeuvre du groupe.