La règle voulant qu'un premier album n'est pas le meilleur de la discographie d'un groupe n'est pas violée avec Pink Floyd. Ce groupe culte (était-ce la peine de le préciser ?) n'a pas eu de départ pour ainsi dire flamboyant, et ne paie pas de mine avec les chefs-d'oeuvre à venir. Et pourtant, il serait également ridicule de dire que l'album n'est pas réussi.

The Piper at the Gates of Dawn est un album qui témoigne par moult preuves que Pink Floyd n'est pas un groupe ordinaire. Outre le fait qu'aucune reprise ne figure ici, certaines inclinaisons du groupe sont étranges... s'agirait-il de rock psychédélique ? Non, des morceaux comme ce tunnel qu'est "Interstellar Overdrive" ou le loufoque "Pow R. Toc H." semblent plutôt se tourner vers ce qu'on appellera plus tard le rock progressif. Pour l'heure, il s'agirait plus de proto-prog, en tout cas aussi étonnant que bien fichu.

The Piper at the Gates of Dawn vaut surtout pour ses chansons. Entre naïveté sympathique ("Bike" qui cependant s'éternise sur la fin, "Flaming") et simple plaisir pop ("Astronomy Domine", "Matilda Mother"), on ne peut pas dire que la bande à Syd Barrett cherche la complication. Et ça marche ! Si l'on fait abstraction de la production on ne peut plus datée, elles sonnent en plus très bien, et le seul bémol serait un mixage défavorable envers Rick Wright, et encore, je chipote. Mention spéciale également à "Chapter 24" et son refrain irréel.

Un bon début donc, pour le groupe qui est appelé à devenir un futur géant. La légende est en marche, ses membres ont le talent d'écriture et la virtuosité musicale pour eux, il faudrait vraiment que la drogue les frappe de plein fouet pour les arrêter.

Ce serait bête, n'est-ce pas ?