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1967 The Piper At The Gate...
1968 A Saucerful Of Secret...
1969 Ummagumma
1979 The Wall
1983 The Final Cut
1987 A Momentary Lapse Of ...
1994 The Division Bell
2014 The Endless River
 

- Style : Monkey3, Deconstruction, The United States Of America , Eloy, Mostly Autumn
- Membre : Rick Wright , Syd Barrett , Roger Waters , David Gilmour
- Style + Membre : Nick Mason

PINK FLOYD - The Endless River (2014)
Par AIGLE BLANC le  0          Consultée 1705 fois

Vingt ans se sont écoulés depuis The Division Bell que d'aucuns considéraient comme l'ultime PINK FLOYD. Or, voici que sort aujourd'hui ce très inattendu Endless River (joli titre quand on le relie au contexte actuel du groupe). David Gilmour promet qu'il n'y aura plus de nouvel album après celui-ci, expliquant n'avoir plus l'énergie que nécessite une entreprise aussi monumentale que celle du FLOYD, entre la préparation d'un album et la tournée internationale qui s'ensuit. De plus, il avoue n'avoir plus du tout envie de jouer au sein de cette formation mythique qui a fait son temps. Nous le croyons cette fois d'autant plus volontiers que la mort du claviériste Richard Wright en 2008, soit six ans déjà, a sonné le glas du groupe anglais le plus célèbre depuis les BEATLES. En effet, comment remplacer un artiste ayant marqué si profondément le style cosmique et avant-gardiste de PINK FLOYD? Et, malgré les rêves des fans irréductibles, Roger Waters a toujours refusé de réintégrer le groupe dont il était l'un des trois membres fondateurs.
La sortie dans les bacs d'un album du FLOYD constitue malgré tout un événement planétaire, qu'on le veuille ou non. N'oublions pas que Dark Side of The Moon demeure à ce jour l'album le plus vendu au monde, juste derrière le Thriller de MICHAEL JACKSON. Et c'est parce que PINK FLOYD est une institution que les critiques se feront un plaisir évident de "massacrer" Endless River en l'accusant de sombrer dans le néant musical. Que voulez-vous, ça n'est là que la rançon de la gloire.

Je voudrais par cette chronique faire entendre une autre voix en évitant l’idolâtrie la plus niaise comme la censure la plus consensuelle. De mauvaises langues déjà dans des forums du net accusent Gilmour et Mason de racolage. Franchement, pensez-vous que ces deux talentueux artistes soient à ce point dans le besoin qu'il leur soit nécessaire de sortir un nouvel album de PINK FLOYD pour renflouer les caisses? Cet argument ne tient pas la route une seule seconde. Et, à supposer que cela fût vrai, pensez-vous qu'ils auraient commis l'erreur de proposer un nouvel opus aussi peu commercial que ce dernier? Endless River est un album à 99% instrumental et chacun sait qu'il s'agit d'une caractéristique qui condamne de nos jours un disque de Pop-Rock à l'échec commercial, à moins de s'appeler Joe SATRIANI bien sûr.
Six ans après la mort de leur ami Rick Wright, nos deux compères, et seuls rescapés à faire encore partie du FlLOYD, ont eu envie de lui rendre un hommage vibrant. Certes, ils auraient pu repartir en tournée. Mais je l'ai rappelé plus haut, Gilmour à près de 70 ans ne se sent plus l'énergie d'assumer une telle charge de travail et d'adrénaline. Or, sortir un nouvel album présentait moins de difficultés d'autant que le matériel retenu pour Endless River provient des cessions d'enregistrement de The Division Bell. Nick Mason explique qu'en 1994 leur projet initial avait été de produire un double album, une première galette comprenant le Division Bell que tout le monde connaît, et la seconde réunissant des compositions instrumentales dans un registre plus Ambient. Par manque de temps, ces plusieurs heures de musique supplémentaires avaient été remisées au placard et l'album était sorti dans sa version simple. Le choix de réutiliser ces cessions de l'époque présente l'avantage inestimable de faire entendre le vrai clavier de Richard Wright, enregistré vingt ans avant sa disparition. Cela confère à Endless River une charge émotionnelle à laquelle s'invite dame Nostalgie. L'art inimitable de R. Wright se rappelle à nous tout au long de cet opus posthume qui lui redonne enfin la place qu'il mérite. De ce point de vue, Gilmour et Mason ne pouvaient pas rendre plus bel hommage à leur ami.
Alors, évidemment, Endless River ne saurait pour autant rivaliser avec les oeuvres majeures que sont A Saucerful of Secrets, Meddle et Wish You Were Here. Comment le pourrait-il alors que le groupe avait derrière lui, durant ces cessions exhumées, vingt-sept ans de carrière? Il ne soutient pas non plus la comparaison avec The Division Bell, album pourtant assez mineur dans la discographie du groupe. Ce qui lui manque le plus en fait, ce sont des chansons. Le chant de Gilmour qui n'intervient qu'à la fin du disque lui fait cruellement défaut. Sans ces repères, le fan se trouve perdu, comme démuni.
Permettez-moi de voir dans cette carence d'ambition l'expression d'une touchante humilité. Cet album en mineur de PINK FLOYD est-il pour autant condamné à la nullité? Pas du tout si je le considère pour ce qu'il est : l'ultime révérence avant le lâché de rideaux, les dernières vibrations d'un groupe ressoudé et goûtant la magie qui opère entre eux, laquelle vaut bien mieux que le talent de chacun.

Les 18 pistes de l'album s'organisent selon quatre blocs dont la longueur est calquée sur la durée d'une face de vinyle. Il s'agit en fait de diverses plages enchaînées avec plus ou moins de bonheur et formant en tout quatre longues suites dans le plus pur style progressif. A ce jeu, les blocs 1 et 2 (soit le premier disque de la version vinyle) fonctionnent mieux que les deux suivants aux pistes globalement moins inspirées et ne s'enchaînant pas aussi harmonieusement.
Le bloc 1 (réunissant les pistes "Things Left Unsaid" jusqu'à "Ebb and Flow") forme une suite ambiante très réussie qui s'ouvre et se ferme sur des grincements métalliques de guitare (fort jolis effets dévoilant un lien inattendu entre David Gilmour et Robert Fripp) que soutiennent des nappes de claviers ranimant la période bénie de "Shine On You Crazy Diamond". La partie centrale, fort habilement introduite, délivre quant à elle une composition où brille la guitare planante de Gilmour. L'ambiance feutrée parachève la beauté inaltérable de ce moment magique.
Le bloc 2 enchaîne quatre pistes beaucoup plus enlevées où Nick Mason lâche la bride à ses fûts (gongs et rototoms) en hommage à la période Ummagumma et A Saucerful of Secrets. Quelques regrets néanmoins malgré le bon feeling de l'ensemble : le titre d'ouverture "Sum" aurait pu donner une excellente chanson si Gilmour avait pris le micro. Sa voix manque cruellement ici. "Anisina" (qui clôture la suite) passe mieux malgré l'absence de chant grâce à la jolie présence du sax ténor et de la clarinette de Gilad Atzmon. La piste intermédiaire "Unsung" composée par Richard Wright laisse attendre un super titre qui, malheureusement, tourne court. En l'état, elle sert seulement d'introduction à "Anisina". Très frustrant.
Le bloc 3 déçoit surtout par sa banalité. Rien n'est déshonorant bien sûr, mais aucun titre n'accroche vraiment l'attention. "The Lost Art of Conversation" est encore une fois une jolie composition au piano de R. Wright, dans un registre vaguement bluesy mais qui ne sert que d'introduction à "Noodle Streeet", piste intéressante pour le rythme original que propose ici Nick Mason. Le morceau reste par ailleurs très approximatif, comme une improvisation qui ne décolle jamais. Les "Allons-y 1 et 2", rock progressif sympathique sans plus, auraient gagné à ne pas être artificiellement scindés en deux. Mais le titre qui s’intercale entre eux, "Autumn '68", se révèle une fort belle surprise. Richard Wright compose une excellente pièce à l'orgue qui ne peut qu'émouvoir quand on la met en perspective : en effet, la beauté solennelle de l'orgue accentue l'image d'un R. Wright qui nous adresserait ses derniers adieux depuis "La rivière sans retour". Piste émouvante mais encore trop courte. "Night Light" navigue dans les limbes de l'Ambient. Gilmour y triture sa guitare avec une vraie originalité. Enfin, "Talkin' Hawkin" clôture la suite par une belle composition qui ranime les flammes planantes du FLOYD le plus classique tandis que Stephen Hawkin, le célèbre scientifique handicapé, nous parle de sa voix vocoderisée.
Le bloc 4 s'ouvre par le sombre et menaçant "Calling" centré sur des claviers métalliques dans un style qui rappelle les musiques de films d'horreur des années 80, morceau donc plutôt inhabituel pour PINK FLOYD, mais pas inintéressant. "Eyes To Pearls" déçoit là encore par sa brièveté alors que la séquence guitaristique de quatre notes initiée par Gilmour et les fort jolies explosions de claviers ponctuelles promettaient une excellente composition. Mais l'absence totale d'évolution musicale la coupe dans son élan. Heureusement, "Surfacing" qui enchaîne voit Gilmour caressant sa guitare dans un élan lyrique dont lui seul a le secret.
La seule chanson de l'album, "Louder Than Words", intervient à la fin et ne récompense pas suffisamment la patience de l'auditeur à cause d'un enchaînement couplet/refrain assez peu inspiré. Alors que les paroles signées de Polly Samson (l'épouse de Gilmour) invitent à une méditation nostalgique directement connectée à l'osmose qui unissait Gilmour, Mason et Wright, la chanson ne décolle pas, malgré une dernière partie proche de la sublime partie finale de "High Hopes" (la ballade bouleversante sur laquelle se refermait The Division Bell). Ici, la magie n'est pas renouvelée. Cette chanson tiède, sans être désagréable, s'avère paradoxalement la piste la plus anecdotique.

Le plus marquant de Endless River réside dans la profonde mélancolie qui le traverse, dans la noirceur lumineuse qu'irradient les instruments respectifs des trois musiciens, transfigurés par la force des sentiments qui les unissent. C'est cette aventure humaine à nulle autre pareille, parvenue à son terme ici et dialoguant avec son passé, avec le temps et la mémoire, que me raconte cet ultime opus riche d'une histoire devenue légende... au fil d'une rivière sans retour.

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- David Gilmour (guitare, basse, synthé, chœurs)
- Nick Mason (batterie, rototoms, gong, percussions)
- Richard Wright (piano, claviers, synthétiseurs)
- Gilad Atzmon (saxophone ténor, clarinette)
- Bob Ezrin (basse)


1. Things Left Unsaid
2. It's What We Do
3. Ebb And Flow
4. Sum
5. Skins
6. Unsung
7. Anisina
8. The Lost Art Of Conversation
9. On Noodle Street
10. Night Light
11. Allons-y (1)
12. Autumn'68
13. Allons-y (2)
14. Talkin' Hawkin
15. Calling
16. Eyes To Pearls
17. Surfacing
18. Louder Than Words



             



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