PINK FLOYD qui revient en 2014. Ou plutôt, PINK FLOYD qui sort un nouvel album en 2014. Qui y a cru ? Beaucoup de gens, y compris les hordes de fans, dont certains, nés juste avant la dissolution du groupe, voire après, pourront dorénavant crier à la face du monde « J'ai acheté un nouvel album du Floyd de mon vivant ! ». Bien, certes, mais il conviendrait d'ajouter « mauvais » à « album ». Car une cruelle vérité s'impose dès lors qu'on sort de l'hypnose collective ou de l'auto-persuasion : The Endless River est raté.

Déjà, partir de chutes de studio est un pari hasardeux. Par définition, il s'agit de morceaux écartés lors de la création d'un album, et ne sont donc pas finis. Bien sûr, en y revenant plus tard, on peut améliorer le travail, le reprendre là où on l'a laissé, et puis Gilmour n'est pas n'importe quel musicien. Sauf que Nick Mason et lui n'ont pas du tout réussi leur mission : des chutes de cette remarquable épitaphe qu'est The Division Bell, PINK FLOYD n'en tire qu'un triste recueil de morceaux qui se disputent la palme de l'indigence.

Globalement, The Endless River est un enchainement de morceaux plutôt ambient, plutôt électroniques malgré la guitare de Gilmour qui rugit de bonne manière de temps à autre (l'un des rares points positifs de l'album). Dans l'absolu, pourquoi pas... s'ils n'étaient pas aussi exécrables ! Ils s'écoutent, mais ne marquent pas (à moins de se forcer), et ne trahissent en aucun cas une écriture, un sens aigu de la composition. Pire, il n'est pas rare tout au long de l'écoute de voir des « hommages » (*tousse*) mal ficelés au passé du Floyd. De plus, leur longueur peut faire passer The Endless River pour une suite d'intros et d'interludes. C'est en effet comme ça que "Skins" ou "On Noodle Street" pourraient passer dans le cadre d'un album plus construit. Mais non, ici ils ne font que passer l'un après l'autre, renforçant la pénibilité du tout. Et qu'on ne parle pas de "Louder than Words", seul morceau chanté, qui ferme pour de bon (enfin, on l'espère) l'histoire du Floyd, mais qui frappe par son néant artistique, là où "High Hopes" pouvait intéresser même les fanatiques de l'ère Waters, sans compter sa charge émotionnelle forte.

Médiatiquement, The Endless River est incontournable, et ses ventes spectaculaires ne pourront que satisfaire la maison de disques. Mais musicalement, cet album est une perte de temps pour qui espérait un bon album de PINK FLOYD (ça aurait pu largement convenir). Et autre chose : il ne faut pas céder au chantage émotionnel de l'oeuvre (hommage à Rick Wright, rappel de l'immense talent du claviériste).

À éviter, si possible.