Ummagumma est un disque charnière, dans la carrière du groupe :
*Il met un point final à la période Barrett. Plus de pop songs déjantés à la Arnold Layne, plus de fanfares, de ritournelles, Emily est retournée jouer dans son bac à sable.
*Il consacre et confirme l’importance de Gilmour, qui est le plus visible sur la pochette et qui, par son jeu de guitare, modifiera profondément le son du groupe.
Une parenthèse, Gilmour est un FABULEUX guitariste de blues, un grand guitariste tout court, son approche de la guitare est totalement différente des guitaristes « progressistes » comme Fripp par exemple, mais son lyrisme, son toucher, son emploi des effets spéciaux sont particulièrement superbes.
*Il donne du lest aux quatre musiciens, qui s’expriment dans des œuvres solos sur une moitié de face chacun (je parle du 33 tours) afin de dégonfler les égos et de laisser respirer la création collective.
*Il donne un superbe aperçu des prestations live du groupe, rappelons qu’à l’époque, internet n’existait pas et les déplacements étaient plus difficiles.
En ce sens, ce double LP est un repère fondamental dans la discographie du groupe, il annonce des œuvres plus ambitieuses (Atom Heart Mother), des essais contemporains plus ou moins réussis (avec les ballets de Roland Petit) les grandes pièces de musique (Echoes), les concerts dans des endroits mythiques (Pompeï en 1972) et le décollage du groupe pour les grands espaces scéniques (le déploiement impressionnant du matériel au dos de la pochette.
Ces raisons sont suffisantes pour accrocher un cinq étoiles, mais une autre est primordiale. La musique ! J’avais à peine dix- sept ans en 1970, quand j’ai écouté pour la première fois le disque.
Alors il était possible de jouer en live des morceaux qui envoyaient dans l’espace de Kubrick, et ces cris de rapace, ces craquements, ces sons surprenants on pouvait les enregistrer sur un disque ?
Disque charnière, inspirateur de nombreux sous-genre de l’école allemande, à celle de Canterbury, le Floyd lance de multiples pistes, certaines seront des cul de sacs sans lendemain, d’autres propulseront le groupe en haut des charts.
Derrière les essais en studio des quatres musiciens, se prépare Echoes, Dark Side of the Moon, il convient de noter, que la plupart des morceaux étaient testés en live plusieurs années avant d’être enregistrés, en intégrant les évolutions, le cas le plus célèbre étant Eclipse qui sortira totalement remanié bien des années plus tard.
Un disque (re)fondateur du groupe, indispensable pour appréhender la suite de l’histoire, indispensable tout court.