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ROCK PROGRESSIF  |  STUDIO

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1968 A Saucerful Of Secret...
1969 Ummagumma
1970 Atom Heart Mother
1979 The Wall
1983 The Final Cut
1987 A Momentary Lapse Of ...
1994 The Division Bell
2014 The Endless River
 

- Style : Monkey3, Deconstruction, The United States Of America , Eloy, Mostly Autumn
- Membre : Rick Wright , Syd Barrett , Roger Waters , David Gilmour
- Style + Membre : Nick Mason

PINK FLOYD - The Dark Side Of The Moon (1973)
Par A.T.N. le 20 Janvier 2010          Consultée 36594 fois

Le problème avec les albums cultes, c’est qu’à leur écoute, le cerveau reçoit les ondes sonores, mais se prend aussi, logées dans l’inconscient, un lot d’informations polluantes. Mille millions de milliards de disques vendus. La pochette reconnaissable à 4 années-lumière. Le vinyle parfait pour tester sa nouvelle stéréo. Le disque préféré de nos parents. Et que cache au fait la face sombre de la lune ? Y-a-t-il vraiment un message caché si on joue le disque à l’envers ?

Débarrassons-nous vite de ces pensées parasites. Le record de longévité au Billboard américain ? Il vient de la conjonction de plusieurs facteurs : un album au son travaillé, esthétisant ; l’essor des chaînes hi-fi en Occident ; un marketing particulièrement soutenu aux Etats-Unis (bon flair de la maison de disques) ; et enfin, un album teinté d’universalisme (la mort, l’argent, le temps qui passe, les soucis du quotidien qui mènent à la folie - "the moon" est ici à prendre au sens de "lunatic") habilement équilibré entre innovation (bruitages, synthétiseurs) et simplicité (couplets/refrains à la papa). Sans parler du prisme de la couverture, symbolique, spectral, autorisant toutes les métaphores. Le bon album au bon moment avec le bon marketing d’un groupe qui transforme sa hype du moment en jackpot total.

Et la musique alors dans tout ça ?

Elle n’est pas mal du tout. PINK FLOYD a beaucoup travaillé, l’album a été conçu et joué en tournée pendant l’année 1972 (sous le nom "Eclipse"), une performance au Royal Albert Hall. Le concept a été longuement éprouvé et retravaillé en studio avant d’arriver à sa version finale. C’est une leçon importante de toute entreprise humaine : le travail paie. C’est un peu pétainiste mais ça se défend. Tout est très pensé : les 2 faces s’écoutent en continue, les transitions (bruits de pas, réveils, bribes de conversations) donnent de la chair, du tangible, de l’humain. Le disque s'ouvre et se referme par un battement de cœur. Un beat moelleux qui correspond au premier son que chacun d'entre nous a entendu. Cela rend l’œuvre plus proche. Elle nous touche et se laisse adopter facilement. Les envolées lyriques All that you love, all that you hate, all you distrust, all you save tutoient l’auditeur. Finis les paysages abstraits ou psychédéliques.

L’enregistrement et la production ont bénéficié d’un soin tout particulier (Alan Parsons est aux manettes). L’atmosphère est planante, les sons parfaitement superposés.

Esthétique, proximité, belles mélodies : Dark Side... est très agréable, du début à la fin. C’est joli.

Et c’est un peu ce que je lui reproche : l’ensemble dégage un confort gentil. La folie, dont Waters parle en filigrane dans les paroles, semble absente des structures musicales. Le disque est traversé par quelques éclairs (l’improvisation vocale de Clare Torry dans le splendide "The Great Gig in the Sky", le solo tout en fuzz et delay de "Time"), mais j’avoue être capable d’écouter ces 43 minutes en faisant autre chose. Comme une musique d’ambiance de luxe. Du easy-listening pour aristocrates qui se gargariseront de "Money" car c’est un des rares hits mondiaux dont la rythmique est basée sur du 7/8, mais qui oublieront de reconnaître que ce saxophone est vraiment pompier. Ce sax s’avèrera bien plus touchant sur "Us and Them", morceau aux couplets magnifiques, mais dont le refrain alourdit péniblement l'ambiance.

Je fais le difficile ? Certes, mais on ne peut qu’être difficile avec un groupe aussi unique : après avoir été saisis d’effroi par la hache d’Eugene ("Careful With That Axe, Eugene"), après avoir assisté à la naissance de la nature ("Atom Heart Mother"), après avoir senti le vent des démons souffler sur le monde ("One of These Days") ou observé le vol suspendu de l’albatros au-dessus des grottes labyrinthiques ("Echoes"), les couplets/refrains sur l’argent et le temps qui passe font pauvres, même s’ils nous concernent et qu’ils sont bien foutus. Les 4 morceaux que je viens de citer font partie de ceux qui provoquent un arrêt de la respiration et une écoute religieuse, entre transe et frissons, alors que Dark Side..., par comparaison, n’est qu’un beau produit. Moi qui apprécie énormément Gilmour, sa capacité à faire de la guitare un élément mélodique ou d’accompagnement toujours juste, bien pensé, original (ses riffs joués de l’aigu au grave, ses open tunings, son feeling en slide, son travail de l’électricité), qui utilise au mieux sa technique somme toute limitée, ce n’est pas sur ce disque que je me régale. Ca me fait sourire de le voir rejouer les 2 accords de "Breathe" sur le documentaire Classic Albums, comme s’il avait découvert le Graal, alors que son boulot sur "Echoes", pour ne prendre que cet exemple, est mille fois plus époustouflant et riche.

Si vous n’avez jamais écouté PINK FLOYD, ce fameux disque est probablement une excellente porte d’entrée. Inventif, mélodique, cohérent, accessible. Mais s’il s’agit de placer D.S.O.T.M. dans la hiérarchie de leur imposante décennie 1969-1979 (je place la période Barrett à part), il est un cran inférieur.

Waters l’a dit des années plus tard : "Once you’ve cracked it, it’s over". Après le succès de D.S.O.T.M., fini les grandes salles de concert remplies d’intellos et d’initiés, bonjour les stades. Plus possible de jouer de passages calmes ou surprenants en live. Tout change de dimension. Chaque membre du groupe s’offre non plus un deux-pièces, mais un manoir, des voitures de sport. Le capitalisme dévore ses critiques et les réduit au silence : c’est grâce au grinçant "Money" que le groupe devient millionnaire. Allez-y après pour faire des vers pamphlétaires sur les jet privés ou l’achat d’un club de football. Le rebelle est coincé. Il se coupe de la société, de ses proches. Cela forme un mur qui... mais ça, c’est un autre album.

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   (6 chroniques)



- David Gilmour (chant, guitare, synthétiseur)
- Nick Mason (percussions, effets sonores)
- Richard Wright (claviers, synthétiseur, chant)
- Roger Waters (basse, chant, synthétiseur)
- Dick Parry (saxophone)
- Clare Torry (chant)
- Doris Troy (chœurs)
- Leslie Duncan (chœurs)
- Liza Strike (chœurs)
- Barry St John (chœurs)
- Alan Parsons (ingénieur du son)


1. Speak To Me
2. Breathe
3. On The Run
4. Time
5. The Great Gig In The Sky
6. Money
7. Us And Them
8. Any Colour You Like
9. Brain Damage
10. Eclipse



             



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