La pochette est lourde de sens. Yeux et orifices bouchés par ce qui semble être des billes flottantes, tous les membres de UFO semblent contraints de laisser seul Michael Schenker s'exprimer. Bien en évidence au centre de la pochette, le guitariste allemand est alors la véritable star d'un groupe qui perdra beaucoup en popularité après son départ.

A la fin des années 70, les relations ne sont pas au beau fixe entre le père Schenker, alcoolisé, et ses acolytes eux-aussi bien souvent avinés, et de surcroît au caractère difficile. Résulte pourtant de cette alchimie contre-nature l'album définitif de UFO, le meilleur que le groupe ait composé depuis son début de carrière, et celui qui servira de référence pour la suite, bien moins glorieuse, des événements.

L'album frappe fort, grâce aux titres signés Schenker : l'introductif « Only You Can Rock Me », brûlot de la trempe de « Natural Thing » ou « Too Hot to Handle », le groovy « Pack It up and Go », énergique et saccadé, et la ballade finale « Born to Lose », pas si désabusée que son titre en donne l'air.

Le duo Way / Mogg œuvre sur le reste de l'album, offrant une bonne dose de moments sympathiques, à commencer par le lent et très mélodique « Lookin' out for No 1 », qu'une section de cuivres rend riche en émotions. Autre grand moment, « Cherry », qui alterne entre calme et énergie pure, est un titre qui éclabousse l'album de sa classe, sublimé par des harmonies vocales d'une grande beauté.

Indispensable du UFO période Schenker, Obsession n'a pas ce goût amer qui marque habituellement les albums de fin de période. Suivi de près par l'incontournable live Strangers in The Night, il flamboie d'un hard rock inspiré et percutant. Celui à se procurer pour prendre la pleine mesure de la grandeur du groupe britannique.