Après la sortie du E.P Ain't Misbehavin', la situation échappe complètement à notre bagarreur des rues Phil Mogg. Ce dernier empile bouteilles de bourbon, excès et autres emportements à grande vitesse qui provoquent finalement la déchéance d'UFO, puisque près d'une dizaine de guitaristes se succède au job de six cordistes en trois ans. C'est le fond de la bouteille. Le hasard le fait croiser le chemin de Pete Way qui s'ennuie ferme avec son WAYSTED, qui ne voit guère la lumière du jour. Alors, nos deux ivrognes choisissent de se taper dans le dos plutôt que sur la gueule après quelques cuites et de relever le flambeau de la soucoupe volante alors transformée en moissonneuse batteuse. De plus, on le sait, les ivrognes sont souvent protégés du ciel et, dans sa grande bonté, notre seigneur a jugé bon de mettre Laurence Archer, ex-GRAND SLAM, bon gratteux et mec cool, sur le chemin des deux alcoolos. Ceci nous mène tout droit en 92 avec ce treizième opus.

L'album embraye la première avec la trépidante "Borderline" qui tient bien son rang, même si on n'est pas encore revenu à haute altitude. Et miracle, le vieil UFO se rappelle à notre bon souvenir sur quelques morceaux chouettes. Ainsi, le refrain de "One of Those Nights", avec un joli solo de Laurence, la rythmique enfin bien Hard de "Revolution". Le sommet de cette livraison, la jolie cavalcade de "Love Deadly Love", vous sort même de votre torpeur, certes avec quelques réminiscences du passé assumées par les Shalalala du refrain. Nul n'est parfait, mais le titre déchire vraiment bien, la résurrection n'est pas si loin.

Globalement, c'est heureusement plus hard qu'auparavant, Philou a compris qu'aseptiser sa musique ne pouvait conduire son groupe qu'à la catastrophe. "Primed For Life" sonne pas mal du tout avec à nouveau un beau riff de Archer et des claviers judicieux de Don Airey. "Running up the Highway" tente de renouer avec les grandes envolées du passé. Ce n'est bien sûr pas encore à la hauteur d'un "Shoot Shoot" ou d'un 'Rock Bottom", mais la démarche est bonne - quel solo ! - et sort le groupe de l'ornière. Quand on sait faire de la vraie musique, on n'essaye pas de devenir un forçat du top 50, damned !

Toutefois, il y a aussi un semblant de metal FM avec "She's the One" ou "Don't Want to Loose You" mais elles sonnent bien malgré tout. On relève des chœurs féminins étonnants et presque incongrus pour du hard-rock sur la seconde. Le seul titre du lot qui me déplaise vraiment est "Back Door Man", c'est peu finalement vu la configuration. D'autant que tout ceci se termine bien avec le chouette "Let the Good Times Roll".

En conclusion, un album qui commence à battre le rappel des troupes, ça sent bon ! Oui, messieurs dames, après avoir écumé les alentours de l'enfer, voici notre bon Philou aux portes du purgatoire ! Les clefs sont sur le démarreur de la soucoupe volante, il ne manque plus que le grand pilote germanique pour que UFO reprenne son envol. Les hommes dangereux sont de retour !