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Miles DAVIS - Workin' With The Miles Davis Quintet (1956)
Par DERWIJES le 25 Février 2019          Consultée 2061 fois

Troisième album de la quadrilogie concluant ses années chez Prestige, Workin' with the Miles Davis Quintet est peut-être le plus inspiré de tous, malgré son nom on ne peut plus générique. Dès l'ouverture, les notes du piano de Red Garland entamant "It Never Entered My Mind" ont quelque chose de magnifiquement divin qui n'annonce que du bon. Cette première impression est renforcée lorsque la trompette en sourdine, caractéristique de Miles DAVIS, entre en scène et vole la vedette avec un jeu à la fois mélancolique et spirituel.

Après une introduction pareille, est-il vraiment nécessaire de continuer la lecture du disque ? Ne vaudrait-il pas mieux la repasser en boucle encore et encore pour ne jamais quitter le nuage sur lequel elle nous fait flotter ? Pourtant, ce n'est que le début du disque et, si le quintet magique a déjà abattu sa meilleure carte, il a encore de solides arguments avec lui, parmi lesquels le saxophone de John COLTRANE est sûrement l'un des plus frappants. S'il se fait attendre sur le premier morceau, c'est pour mieux surprendre son monde dès le second, "Four", où il déverse sur l'auditeur une avalanche de notes le plus naturellement du monde dans un solo dantesque avant de laisser la place à Philly Joe JONES qui va ensuite laisser Miles DAVIS prendre les devants.
A l'origine, il s'agit d'un morceau composé par DAVIS pour le saxophoniste Eddie VINSON. Il avait déjà été enregistré par le trompettiste et était présent sur la compilation Blue Haze. Mais la version de son quintet en est de loin la meilleure. Les cinq musiciens ont un jeu si soudé qu'ils donnent l'impression de n'être qu'une seule et même personne qui jouerait tous les instruments en même temps. C'est une sensation difficile à décrire et il vaut mieux l'écouter pour s'en rendre compte soi-même, mais il existe sur chacun de leurs albums une fluidité monstrueuse que les mots peinent à décrire correctement.

Fait curieux, "'Trane Blues" a longtemps été attribué à Miles DAVIS alors que tout est dans le titre : c'est un morceau de John COLTRANE pour John Coltrane. L'amusant, c'est que le groupe ne cesse de se refiler une progression d'accord complexes dans le plus pur style bop comme s'il s'agissait d'une patate chaude mais dont il s'empare avec une aisance désarmante, joue un peu avec avant de la laisser à un autre le plus naturellement du monde comme s'il ne s'agissait que d'une simple comptine, mais c'est véritablement la basse de Paul Chambers, dont je ne parle pas assez, qui s'amuse le plus avec un solo de tous les diables. Face aux quatre autres, il est celui qui s'efface le plus, mais ses performances et sa participation sont loin d'être anecdotiques : plutôt que de constamment briller par ses solos, il ne s'en offre qu'un de temps en temps (mais à chaque fois une réussite) et se contente de maintenir l'ordre dans les morceaux d'une main de fer, calmant le jeu entre les duels Davis/Coltrane et ramenant la mélodie après une montée d'improvisation.

Miles DAVIS en profite aussi pour reprendre deux morceaux de ses grandes inspirations : le "Half-Nelson" de son mentor Charlie PARKER, qu'il avait déjà repris avec son Miles Davis All-Stars le temps d'un single, est ici repris avec fougue sur un tempo bop effréné avant de s'attaquer au "Ahmad's Blues" du grand Ahmad JAMAL sur lequel Red Garland peut s'amuser comme un petit fou en sortant toutes les techniques qu'il connaît. Miles lui offre un autre terrain de jeu avec le "In Your Own Sweet Way" du tout aussi grand Dave BRUBECK, mais y ajoute au passage sa trompette pour dévier de l'interprétation plutôt classique du morceau vers plus d'introspection.

Pour renforcer l'aspect live de l'album, nous trouvons deux instances de "The Theme", court moment normalement utilisé en concert pour annoncer le début et la fin de la prestation, cette deuxième occurrence étant la plus importante pour les musiciens puisque cela leurs permettait de faire comprendre au propriétaire de la scène sur laquelle ils jouaient que le set touchait à sa fin et qu'il était temps de sortir le portefeuille.

Sûrement le meilleur des quatre albums de Prestige du groupe (notez le jeu de mots ici, j'en suis très fier), Workin' nous offre un jazz aux petits oignons. Il n'y a rien à enlever là-dedans, contentez-vous de mettre l'album dans votre platine, installez-vous confortablement et profitez.

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   DERWIJES

 
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- Miles Davis (trompette)
- John Coltrane (saxophone)
- Red Garland (piano)
- Paul Chambers (contrebasse)
- Philly Joe Jones (batterie)


1. It Never Entered My Mind
2. Four
3. In Your Own Sweet Way
4. The Theme (take 1)
5. Trane's Blues
6. Ahmad's Blues
7. Half Nelson
8. The Theme (take 2)



             



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