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JAZZ  |  B.O FILM/SERIE

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 Guide Jazz (807)

Miles DAVIS - Ascenseur Pour L'échafaud (1958)
Par JUAN le 10 Juillet 2008          Consultée 6938 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Le Jazz, dans sa forme sombre, nocturne, a souvent été associé aux polars, avec lesquels il partage un certain nombre de traits communs. Et Ascenseur pour l'échafaud est sûrement le meilleur représentant du genre. Tous ceux qui ont eu la chance de voir le film de Louis Malle vous le diront : jamais la musique n'a autant fusionné avec l'image. Et cette impression est le fruit d'un travail d'enregistrement tout à fait nouveau. En effet, Miles DAVIS, entouré du quartet avec lequel il jouait à Paris à ce moment-là, improvise chaque morceau devant les images du film qui lui sont projetées, en se basant uniquement sur quelques thèmes écrits au piano la veille. La musique survole alors le film avec grâce, rendant chaque séquence inoubliable. La trompette sonne ici comme jamais auparavant, elle perce le coeur et l'esprit, à la fois lumineuse et sombre, s'imprégnant de chaque scène pour en retranscrire le moindre détail. Que ce soit dans les thèmes sombres et lourds (L'assassinat de Carala, Julien dans l'ascenseur), ou dans les ruades be-bop s'échappant du poste de radio (Sur l'autoroute), le génie est partout, il habite chaque note délivrée par cette formation qui déjà, bien que peu reconnue, fait partie des meilleures de Miles. Et que dire de Florence sur les Champs-Elysées ? La trompette accompagne ici chacun des pas de Jeanne Moreau, se perdant dans le rythme esseulé de sa démarche, à la recherche de Julien qui ne vient pas, tandis que le piano retranscrit à force de subtils accords l'atmosphère de la grande avenue, coeur de Paris.

Dans certaines pièces, notamment "Au bar du petit bac" et "Chez le photographe du motel", la musique se transforme en émotion pure, les notes ne viennent plus des instruments mais bien du coeur. Il n'est plus alors question de desservir le film, la musique en devient le principal intérêt tant elle en habite chaque instant. Mais il ne faut cependant pas croire qu'elle perd tout son charme dès qu'on lui enlève les images. Seule, celle-ci arrive fort bien à retranscrire émotions et sentiments, tant elle en est gorgée.

Je m'attarderai encore une fois sur la trompette, véritable fil conducteur de l'histoire. Jamais auparavant elle n'avait sonné comme ça, et plus jamais elle ne retrouvera ce timbre si sombre, si perçant et pourtant si fragile. Miles joue ici plus avec le coeur qu'avec l'esprit, exprimant à merveille les sentiments de chacun des personnages présents. Plus qu'un instrument, celui-ci la porte à des hauteurs inégalables. L'angoisse de Florence, errant dans les grandes rues de Paris à la recherche de son amant, l'angoisse encore de celui-ci, bloqué dans l'ascenseur qui le mènera à l'échafaud, ou encore la jeune insouciance de Louis et Véronique, pourtant meurtriers eux aussi : cette fabuleuse trompette aidée de ce tout aussi extraordinaire quartet arrive à magnifier les sentiments, les angoisses autant que les passions.

Que peut-on ajouter à un tel moment de grâce, à une musique qui se veut sans mot, tant elle arrive aisément à les remplacer? Enregistré dans l'urgence de l'improvisation, et pourtant hors-du-temps, Miles DAVIS vient d'achever son disque le plus noir, celui que l'on ne peut comprendre que par une écoute nocturne, là où ce chant cuivré hurlant à la lune vous pénètrera à jamais au plus profond de l'âme.
Il y a des disques que l'on qualifie facilement de chefs-d'oeuvre, d'autres de monuments, ou que sais-je encore. Il y en a d'autres pour qui les mots ne peuvent que trahir l'esprit et le dénaturer. Assurément, Ascenseur pour l'échafaud fait partie de ceux-là.

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   JUAN

 
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- Miles Davis (trompette)
- Barney Wilen (saxophone ténor)
- René Urtreger (piano)
- Pierre Michelot (contrebasse)
- Kenny Clarke (batterie)


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