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Miles DAVIS - Bags' Groove (1957)
Par DERWIJES le 4 Octobre 2019          Consultée 1722 fois

Continuons notre exploration des compilations de Miles DAVIS avec cette sortie de 1957 : Bag’s Groove.
Celle-ci reprend des enregistrements issus de deux séances de cette même année : une de Juin 1954 avec Sonny ROLLINS où ils jouèrent des morceaux composés par le saxophoniste, et une séance du 24 Décembre 1954, réputée auprès des fans comme celle où Thelonious MONK vint rejoindre Miles, le temps d’un miracle de Noël. En plus de ces guest-stars, notre trompettiste est comme toujours bien entouré, avec Horace Silver au piano, Percy Heath à la basse et Kenny Clarke à la batterie –Clarke remplaçant temporairement Art Blakey, Miles recherchant pour cette session en particulier un batteur martyrisant moins ses fûts-, ainsi que Milt Jackson au vibraphone pour une courte apparition sur le morceau éponyme qu’il a d’ailleurs composé, et dont le titre renvoie aux poches qu’il avait sous les yeux lorsqu'il arrivait en retard au studio après une nuit bien mouvementée.

Bon amateur de bop bien content de rester amateur, je me suis lancé dans l’exploration de ces compilations dans l’espoir d’en dénicher une que je puisse fièrement vous recommander (à part Birth of the Cool, évidemment). Jusque-là, mes recherches ont abouti à une série de disques allant du sympa-mais-pas-top au intéressant-uniquement-pour-les-Davisiens-avancés. Mais ! Bag’s Groove vient changer la donne. Voilà un album que vous pouvez aller chercher chez votre disquaire/médiathèque/Youtube/Spotify : vous ne serez pas déçu du voyage.

Une grande partie de cette réussite vient de la première session d’enregistrement. Difficile de se tromper en reprenant du Sonny ROLLINS et encore moins quand votre sélection comprend les standards sélectionnés ici. Et dès le début d’"Airegin" on se dit que Miles a encore une fois eu du nez en empruntant à Dizzie GILLESPIE quelques-uns de ses musiciens, quand on les entend passer à la moulinette bop ce standard empruntant à la musique africaine traditionnelle. Le titre, anagramme de 'Nigeria', ne ment d’ailleurs pas sur cette ambition et rappelle l’envie des musiciens afro-américains de revendiquer cet héritage volé. L’espace que laissent les instruments entre eux, et en particulier les lignes fluides que s’offrent les vents, semble anticiper avec quelques années d’avance le son "Third stream" qu’adoptera Miles lors de sa collaboration avec Gil EVANS. A contrario, "Oleo" et "Doxy" sont joués de manière plus restreinte, comme si les musiciens s’efforçaient de s’écraser entre eux. Le plus impressionnant ici n’est pas la cohésion qu’ils forment mais les solos qu’ils enchaînent chacun leur tour sans jamais briser le rythme de la mélodie. Penser à ces numéros de cirque ou plusieurs acrobates prennent le devant de la scène à tour de rôle pour épater le public.

Les morceaux enregistrés pendant la deuxième session sont quant à eux plus difficiles à aborder. La présence de Thelonious Monk fait que la technicité laisse la place à une recherche plus avant-gardiste. Vous avez d’ailleurs intérêt à apprécier le vibraphone avant de vous lancer dans l’écoute du morceau-titre puisqu'il sert de terrain de jeu à son compositeur. En bon leader, Miles y laisse quand même son empreinte qui s’impose lors d’un solo pas piqué des hannetons pour ce morceau que l’on peut aussi retrouver sur l’album Miles Davis and the Modern Jazz Giants.

L’alchimie entre le trompettiste et le saxophoniste était évidente, et Miles chercha bien à offrir à Sonny Rollins une place permanente dans son équipe, mais les déboires de ce dernier avec la drogue, l’alcool et la justice (un trio ne faisant généralement pas bon ménage), l’éloignèrent de la scène quelque temps. Ce qui n’était peut-être pas plus mal puisque cela permit à Rollins de continuer à jouer en solo et à se forger sa propre identité et à Miles de faire connaître d’autres saxophonistes tout aussi talentueux.

*Plutôt que de rêver à des réalités parallèles où Sonny ne quitta jamais Miles (ce qui aurait indubitablement changé la face du monde, convenons-en), je ne puis que vous recommander chaudement cet album, à vous autres amateurs de raretés, vous y trouverez une bonne dose de Miles DAVIS, un plaisir que lui seul savait distiller. Je lui adresse deux défauts mineurs. Rajoutée au format CD, la ballade pop "But Not For Me" brise le rythme instauré par "Airegin" et "Oleo", et les deux prises différentes de "Bag's Groove" et "But Not For Me" sont redondantes.

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   DERWIJES

 
  N/A



- Miles Davis (trompette)
- Sonny Rollins (saxophone)
- Percy Heath (basse)
- Horace Silver (piano)
- Kenny Clarke (batterie)
- Thelonious Monk (piano)
- Milt Jackson (vibraphone)


1. Bag's Groove (prise 1)
2. Bag's Groove (prise 2)
3. Airegin
4. Oleo
5. But Not For Me (prise 2)
6. Doxy
7. But Not For Me (prise 1)



             



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