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Miles DAVIS - Blue Moods (1955)
Par DERWIJES le 22 Janvier 2019          Consultée 1634 fois

La mort de Charlie PARKER en 1955 fut incontestablement un choc pour Miles DAVIS, d'autant plus qu'elle fut causée par son addiction à l'héroïne dont Davis tentait alors de se débarrasser, comme je l'expliquais dans ma chronique précédente. Même s'l était prêt à retourner aux affaires, le moral n'était pas très haut pour le trompettiste. Heureusement, celui-ci pouvait compter sur l'un de ses collègues musiciens, et pas n'importe lequel : Charles MINGUS.

Pour le resituer, MINGUS est déjà à ce moment considéré comme un jazzman virtuose et un dieu de la contrebasse. Il a lancé en 1952 son label Debut Records avec lequel il a pu lancer la carrière de Kenny DORHAM, entre autres, mais ses propres albums n'étant pas édités par son label, il n'avait pas de grand nom du jazz chez lui. Demander à Miles DAVIS d'enregistrer un album pour Debut Records lui permet donc de faire d'une pierre deux coups : apporter le nom d'une célébrité pour son label et sortir son collègue du fond du trou.

A une époque où les critiques ne jurent que par le hard-bop, ils ont dû baver devant le line-up choisi : Miles DAVIS à la trompette, Britt Woodman au trombone, Charles MINGUS à la basse, Elvin Jones à la batterie et Teddy Charles au vibraphone (pas de piano ici). La tête qu'ils ont dû faire en se rendant compte que ce beau monde avait enregistré un album de cool jazz ! Si pour eux le hard-bop est le summum du jazz, le cool en est l'opposé : un style qu'ils considèrent facile et sans intérêt. Mais Miles DAVIS a lui l'intelligence de dépasser ces clichés et de savoir que les fondations posées par Charlie PARKER vont bien plus loin que le bop, et que l'on peut faire beaucoup avec du cool.

Quelques années plus tard, le trompettiste écrira n'avoir pas été bouleversé par sa rencontre avec Charles MINGUS et qu'à celle-ci manqua la petite étincelle qui fait toute la différence. De manière générale d'ailleurs, Blue Moods n'est pas l'album que l'on retrouve le plus dans les innombrables listes des meilleurs albums de Miles DAVIS.
Pourtant, celui-ci ne manque pas de charme. Bien sûr, il paraît anecdotique dans une carrière ayant révolutionné le jazz à de multiples reprises, mais c'est là que réside son charme. D'une durée très courte, même pas trente minutes au compteur, il contient une musique calme et méditative. C'est là la force de cet album : comme les miniatures de la Renaissance, il contient beaucoup en très peu.

C'est une musique sur laquelle on se laisse porter comme sur une rivière apaisée. Le jeu de Miles sur "Nature Boy", c'est du miel pour les oreilles, un régal rivalisé de près par "Easy Living" qui conclut l'album comme une jolie comptine. Il n'y a guère que "Theres No You" qui part sur un rythme un peu plus enlevé -et encore, par comparaison avec les autres chansons de l'album-. Dans ce petit lot de morceaux, ma préférence va à "Alone Together" : Britt Woodman lance les hostilités avec un peu de dissonance que viennent vite corriger la trompette de DAVIS et le vibraphone de Charles, puis le morceau reprend le plus naturellement du monde.

Comparer cet album à d'autres albums de Miles DAVIS le déconsidère. Face à ses compétiteurs, il paraît terriblement anecdotique. Trop court, pas innovateur. Pour l'apprécier, il suffit de le prendre comme tel : un bon album joué par des musiciens experts qui font comprendre pourquoi le cool jazz porte son nom. C'est un disque parfait pour se vider la tête le temps d'une petite demi-heure ou pour servir de fond sonore si l'on veut étudier, travailler, lire, etc. Et qui mérite bien sa place sur les étagères de tout amateur de jazz qui se respecte.

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   DERWIJES

 
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- Miles Davis (trompette)
- Britt Woodman (trombone)
- Charles Mingus (basse)
- Teddy Charles (vibraphone)
- Elvin Jones (batterie)


1. Nature Boy
2. Alone Together
3. There's No You
4. Easy Living



             



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