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JAZZ-ROCK-FUNK  |  STUDIO

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 Guide Jazz (808)

Miles DAVIS - The Man With The Horn (1981)
Par AIGLE BLANC le 8 Octobre 2016          Consultée 2729 fois

Dans la prolifique carrière de Miles DAVIS, bien des périodes artistiques se sont succédées, chacune d'elles jalonnant une étape essentielle de l'évolution historique du jazz.
Le jeune trompettiste a ainsi emboîté le pas au bebop (1944-1948) en suivant la figure du célèbre saxophoniste Charlie PARKER dont il intégra la formation.
Mais très vite, le musicien d'avant-garde a initié les grands courants du jazz, que ce soit le 'cool jazz' (1948-1949) avec la formation de son premier nonette aux côtés entre autres de Max Roach (batterie) et de Gerry Mulligan (saxophone), aboutissant aux cessions mythiques du remarquable album Birth of the Cool (1950), le 'hard bop' (1949-1955) avec son premier grand quintette où officiaient le jeune saxophoniste John COLTRANE, le pianiste Red Garland, Paul Chambers à la contrebasse et Philly Joe Jones à la batterie. C'est de cette période que date Round Midnight (1957), l'un des albums emblématiques du jazz au succès retentissant.
Miles DAVIS a remis aussi au goût du jour la musique modale appliquée au jazz en lui offrant son chef-d'oeuvre incontesté, Kind of Blue (1959), aux côtés du pianiste Bill EVANS.
Dès son second grand quintette, il a eu l'intelligence et le flair d'engager de jeunes musiciens, Herbie HANCOCK (piano), Ron Carter (basse), Tony Williams (batterie), Wayne Shorter (saxophone) qui l'ont ouvert aux perspectives du 'free jazz'.

Compositeur, leader et musicien toujours à la pointe de la modernité, Miles DAVIS a connu sa période la plus féconde, et parfois aussi la plus contestée par les puristes du jazz, de 1968 à 1975, années au cours desquelles, enrichi par la découverte de Jimmy HENDRIX et par le 'funk' (courant qu'il juge plus pur que le 'blues' racheté par les Blancs), il explore de nouveaux territoires qui aboutissent au jazz fusion dont le modèle insurpassable, après l'excellent et novateur In a Silent Way (1968), demeure l'incandescent Bitches Brew (1969-1970). C'est à cette époque qu'intervient la figure importante de Teo Macero, à la production, qui découpe les sessions d'enregistrement en segments qu'il assemble ensuite à sa guise en les collant, reprenant ainsi une technique moderne largement initiée par le producteur des BEATLES. Cette période jazz fusion (ou jazz-rock-funk), qui intègre pour la première fois et sans vergogne l'électricité, trouve son aboutissement en 1975 avec la sortie des deux doubles albums live Agharta et Pangaea.

Le public ne le sait pas encore, mais entre 1975 et 1981 (sortie de l'album qui nous préoccupe ici), Miles DAVIS disparaît totalement du circuit musical tant du point de vue scénique que celui de la composition et de la production discographique. Pour un artiste lambda, six années de silence pèsent déjà beaucoup sur la patience des fans, mais pour un génie de la trempe de Miles DAVIS, pareille attente demeure incommensurable.

The Man With the Horn (1981) initie la dernière période artistique du trompettiste, celle qui le voit collaborer avec le bassiste-producteur Marcus MILLER, et qui débouchera sur sa mort en 1991, soit les dix dernières années parmi les plus contestées de l'artiste.
La période fusion des années 1968-1975 se poursuit sans l'avantage du pole position : Miles DAVIS, à l'aube de l'émergence du hip-hop, accompagne plus le mouvement qu'il ne l'initie cette fois. Sa musique, toujours aussi fortement racée, s'est tout de même considérablement affadie voire simplifiée. Bien que sa qualité moyenne en fasse un album mineur dans la discographie de M. DAVIS, The Man With the Horn n'en demeure pas moins un opus intéressant à plus d'un titre.
Tout d'abord, le trompettiste y apporte de nouveau la preuve de son flair infaillible lorsqu'il s'agit de choisir les musiciens qui l'entourent. Beaucoup parmi eux sont devenus par la suite des pointures du jazz. Ici, il offre aux guitaristes Barry Finnerty et Mike Stern, au batteur Al Foster et au saxophoniste Bill Evans (à ne pas confondre avec son homonyme le célèbre pianiste de jazz) un espace d'expression qui ne manque pas de conférer au disque une belle intensité. Comme toujours, Miles DAVIS se fond dans le groupe où sa trompette n'est qu'un instrument parmi d'autres, qualité fort rare de la part d'un artiste de sa trempe.

The Man With the Horn déploie un jazz-rock-funk qui ne devrait pas décevoir les fans de la période Bitches Brew. La plupart des titres s'appuient sur le groove puissant de la basse de Marcus MILLER autour de laquelle la guitare électrique, la trompette et le saxophone développent successivement leur improvisation. C'est le cas du titre d'ouverture "Fat Time" à la construction particulièrement solide où les instruments s'offrent à tour de rôle un espace d'expression, la guitare de Mike Stern remportant la palme de l'expressivité dans un registre blues-rock qui ne manque pas de virtuosité, tandis que la trompette de Miles ne cesse d'agoniser.
On retrouve une construction similaire dans le titre "Shout" où la guitare électrique de Gary Finnerty se lance dans un gimmick intéressant qui valorise les interventions festives de la trompette et les hurlements du saxophone soprano.
Plus longue plage du disque, "Back Seat Betty" développe un climat cauchemardesque à coups de riffs bien plombés de guitare, sur des pulsations de basse que déchirent les cris de la trompette comme des appels au-secours. Au fil du morceau, les percussions prennent de l'ampleur. La musique donne l'impression qu'elle voudrait évoluer mais qu'elle est condamnée malgré tout à revenir sans-cesse à son point de départ.

La seconde partie de l'album l'oriente vers de nouveaux climats, que ce soit le titre éponyme, seule chanson de l'opus chantée par Randy Hall, dans le style ballade soul que, pour ma part, je ne goûte pas forcément, ou bien l'étonnante "Ursula", fortement imprégnée de free-jazz, avec son sax qui s'époumonne, ses percussions effrénées, dans une ambiance anxiogène plutôt inhabituelle dans l'oeuvre de Miles DAVIS. L'autre titre proposant un prénom féminin trompeur, "Aïda", se caractérise aussi par sa violence sous-jacente, la batterie menaçante secondée par les notes éparses de la guitare, la lancinance du sax et les assauts particulièrement agressifs de la trompette, presqu'alarmistes, sur une basse cardiaque qui lui confère un rythme haletant.

Cet opus aux atours funky-rock baigne dans un climat plutôt anxiogène qui en constitue l'originalité. Les sonorités, malgré l'âge de l'enregistrement, ont conservé une étonnante modernité qui donne tout son prix aujourd'hui encore à cet 'homme à la corne', expression dans le jazz désignant le trompettiste, autrement dit Miles DAVIS en personne.

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   AIGLE BLANC

 
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- Miles Davis (trompette)
- Marcus Miller (basse)
- Barry Finnerty (guitare électrique)
- Mike Stern (guitare électrique)
- Bill Evans (saxophone soprano)
- Al Foster (batterie)
- Sammy Figueroa (percussions)
- Randy Hall (chant)


1. Fat Time
2. Back Seat Betty
3. Shout
4. Aïda
5. The Man With He Horn
6. Ursula



             



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