Bon, je veux bien tout entendre à propos de cet album : la mégalomanie et la dérive dictatoriale de Roger WATERS (qu’il avait d’ailleurs bien anticipée si on lit attentivement les textes de l’album), le renvoi regrettable de Richard WRIGHT, le rôle apparemment secondaire dévolu à David GILMOUR, l’ambition démesurée du projet (si on y ajoute le film et les shows), le début de la fin pour un des plus grands combos de l’histoire.
Mais ouvrez les oreilles : quel p… d’album de Rock nous ont pondu les PINK FLOYD ! Le son déjà est démentiel, merci Bob Erzin mais pas seulement lui, tant chaque composition est parfaitement ciselée pour produire un effet maximal, que l’on retrouve encore sur scène quand les titres y sont joués (par exemple la dernière tournée de Roger WATERS).
L’alternance des climats, des intensités, des émotions est simplement parfaite, les temps calmes appelant les merveilleuses montées en puissance dont l’album est gorgé, avec bien entendu les points d’orgue archi connus. La projection du film d’Alan PARKER dans une salle de cinéma avec le son à fond est une expérience dont je me suis difficilement remis.
Pour moi, le Disque 1 est une quasi perfection, mention archi spéciale à "In The Flesh", "The Happiest Day in the Life" à la dynamique démente, "Another Brick In The Wall part 1 & 2", "Goodbye Blue Sky", "Youg Lust" ou encore "Don’t Leave Me Know" où Waters est absolument déchirant.
Sur le second disque, "Hey You", "Comfortably Numb", "Run Like Hell" et "The Trial" sont les points d’orgue d’un ensemble un tantinet moins parfait, mais néanmoins presque aussi génial.
Et comment ne pas vibrer devant un artiste qui se met à nu comme le fait Roger tout au long de l’opus ; on peut aimer ou pas l’homme et ses positions tranchées, et l’artiste parfois à la limite de ses capacités vocales, mais comment ne pas lui reconnaître ici un génie de composition quasi inégalé, et un engagement absolu et viscéral dans son projet qu'il drive superbement avec sa basse ?
Quant à David, même s’il n’est crédité en tant que compositeur que sur trois titre (et quelles merveilles !) comment ne pas s’incliner devant la classe dont il éclabousse l’album sur chacune de ses interventions, tant en rythmique qu’en solo ? The Wall est l’album le plus 'guitaristique' de PINK FLOYD, et l’apport de David à sa réussite est immense. Je sais qu’il est désormais de bon ton sur les réseaux de le considérer comme le guitariste préféré des boomers, mais sa prestation est ici (comme souvent) une pure merveille d’intelligence musicale qui transcende toutes les questions stylistiques et techniques dont peu de gens ont finalement cure.
Vous aurez compris que cette œuvre ne doit pas être minimisée, dénigrée ou négligée au regard de considérations extra-musicales : c’est un pur chef-d’œuvre à inscrire au panthéon du Rock et plus généralement de la musique populaire, à réécouter ou à découvrir de toute urgence pour ceux qui auraient vécu sur une île déserte ces 44 dernières années.