Les claviers ne sont pas un handicap pour rendre son hard rock rugueux et percutant. C'est la conclusion essentielle que l'on peut tirer de Lights Out, album majeur de la formation Britannique. Paul Raymond, qui remplace au pied levé Danny Peyronel, permet à UFO de continuer de grandir en la matière. Les claviers ne jouent pas ici qu'un rôle de soutien, ils savent se faire primordiaux. Un exemple ? "Try Me", bien sûr, splendide ballade introduite par une ligne de piano d'une beauté bouleversante. Un autre ? Le titre-fleuve "Love to Love", véritable parangon du talent combiné des cinq membre du groupe qui, s'ils peinent à s'apprécier loin des projecteurs, parviennent à outrepasser leur mauvaise entente et à faire ressortir toutes leurs émotions sur les 8 compositions de ce superbe album.

Il y a la beauté pure de "Love to Love" qui, c'est une évidence, vaut à elle-seule le fait de se procurer cet indispensable album des Britanniques. Ce serait néanmoins réduire la valeur de "Too Hot To Handle", titre d'ouverture, hard rock carré et énergique, qui témoigne de tout l'enthousiasme des UFO. Signé de la paire Way / Mogg, ce titre est l’emblème de l'enthousiasme qui habite alors le groupe, et constitue sans doute l'un des refrains les plus percutants du hard rock. La curiosité "Alone again or", avec ses influences rock 60's et ses cuivres prédominants vient, tout comme l'enlevé "Just another suicide", prétexte à de splendides lignes mélodiques signées Michael Schenker, apporter richesse et variété à l'album dont, finalement, seul le morceau-titre semble en deçà. Pourtant devenu un classique du groupe "Lights out", le morceau, s'éloigne de la subtilité habituelle des Britanniques pour proposer un riff "in your face" sans réelle substance, et compense sa faiblesse mélodique par un côté rouleau-compresseur prononcé.

La somme de tout cela donne néanmoins l'un des albums les plus marquants de UFO. Le hard rock du groupe atteint ici un niveau supplémentaire, qu'il parviendra à conserver sur l'opus suivant.