Etrange ambiance dispensée par cette photo de couverture plutôt inhabituelle. Jerry Lee LEWIS y semble sur la défensive, à côté de cette charpente lugubre. Pas très vendeur tout ça ! Pourtant, tout roule pour le mieux dans la vie du natif de Ferriday. Les ventes sont excellentes, l'argent coule à flot, son public américain lui est totalement dévoué, les tournées marchent bien. C'est aussi le moment où repointe un regain d'intérêt pour le rock'n'roll avec des groupes de la trempe de CREEDENCE CLEARWATER REVIVAL.

En bonne superstar de la country qu'il est désormais, Jerry Lee ouvre son quinzième album avec la superbe "When He Walks On You" et ses magnifiques accents traînants. La voix du chant est juste immaculée. On ressent toujours la même facilité avec cette chanson signée Frazier/Owens. On retrouve ce même duo un peu plus loin avec l'éponyme "Touching Home", nantie de la même ambiance de western magnifiquement crépusculaire. Ces deux titres, en outre les singles de l'album, atteignent les positions 11 et 3 du billboard country, un résultat très honorable.

Mais on retrouve les accents boogie woogie du seul et unique killer sur "Please Don't Talk About Me When I'm Gone". Les gimmicks du rock sont toujours là : Jerry Lee parle de lui-même, son sujet préféré. Le piano boogiese et Ken Lovelace y va de son solo de fiddle. Bien sûr, l'esprit reste tonk, mais on est véritablement à deux doigts du grand retour du Louisianais au rock'n'roll de ses origines. Quelle trépidance ! On a aussi un petit tonk joyeux avec un piano quasi bastringue sur "Times Changes Everything". Vers un petit retour au rock'n'roll ?

On a pourtant surtout des classiques country : "Help Me makes It through The Night" est un des plus grands titres de l'histoire de la country. Chacun y est allé de son petit hommage : Willie NELSON, Elvis PRESLEY, Joan BAEZ ou Tammy WYNETTE, une sacrée liste ! Jerry Lee a déjà repris Kris KRISTOFFERSON et le respect est immense entre ces deux grands artistes qui s'apprécient beaucoup. Cette version de Jerry Lee est très recommandable et Kris lui-même trouve qu'il porte cette chanson "vers d'autres cieux".

L'hommage à sa mère s'intitule "Mother, The Queen Of My Heart". On peine à y reconnaître notre Killer, tant il s'y montre sage, le sujet s'y prêtant bien sûr ! La suivante "Hearts Were Made For Beating" est bâtie sur la quasi même mélodie. "When baby gets The Blues" et "You Helped Me Up" sont de ce même tonneau savoureux sans être révolutionnaires. Et même si la lap steel de Lloyd Green retentit sur "Foolish Kind Of Man", l'habituelle chanson composée par sa sœur Linda Gail, il s'agit de country simple et directe, classique. Enfin, la chouette "Comin' Back For More" est dans la totale continuité de l'album précédent. Il y supplie une femme de lui rouvrir sa porte au moins pour un court instant.

Les deux singles sont vraiment à écouter, mais pour le reste, on évolue dans une musique classifiée de "hard country" pour l'époque... Ma foi, je le trouve plutôt cool et en parfaite adéquation avec ce que l'on attend de lui. Je penche certes sur un trois car les albums s'enquillent un peu les uns après les autres, mais la qualité reste de mise et surtout la fabuleuse voix au top du top. Jerry Lee rules, c'est comme ça !