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Jerry Lee LEWIS - The Session... Recorded In London With Great Artists (1973)
Par LONG JOHN SILVER le 13 Juillet 2020          Consultée 1613 fois

Nous sommes en 1973, les affaires tournent à nouveau à plein régime pour Jerry Lee LEWIS. Oubliés les soucis inhérents à conduite de vie, qui l’avaient poussé à œuvrer en Terre Country. Désormais le Killer est revenu en haut des charts, l’argent coule à flots. Il dispose même de son avion personnel à bord duquel il peut consommer tout un tas de produits toxiques arrosés de bonnes rasades d’alcool, entouré de petites pépés venues pour le distraire. Bref : Jerry Lee is a big big star. Comme il se doit. Son contrat avec Mercury lui impose toutefois de sortir trois albums par an, chose démentielle pour la plupart des musiciens mais nullement hors de portée de notre énergumène. Il est vrai que le Killer ne compose que peu, voire très peu, ayant recours à des auteurs divers et variés en plus de revisiter quelques standards qui ne demandent que ça. Un an après être passé au festival Rock’n’Roll organisé à Wembley, Jerry Lee revient à Londres pour enregistrer et revisiter –sur les conseils de son manager- une séries de titres en compagnie d’une cohorte de zicos bien en vue –dont quelques compatriotes- sur le circuit du Rock anglais. Et pas n’importe lesquels, jugez plutôt : Rory GALLAGHER, Peter FRAMPTON, Delaney Bramlett, Albert LEE, Alvin LEE, ou encore Mick JONES interviennent aux guitares, excusez du peu ! D’autres noms sont moins reconnus, néanmoins on retrouve également Klaus Voorman à la basse, Gary Wright ou Tony Ashton aux claviers et même Kenney Jones à la batterie. Parmi les fidèles du Killer, notons la présence du guitariste/violoniste Kenny Lovelace, un sideman régulier sur ses disques et en concert.

Tout cela sent d’emblée bien bon, Jerry Lee suit les traces déjà empruntées par Chuck BERRY (In London en 1965), Howlin’ WOLF (The London Howlin’ Wolf Sessions en 1971) ou encore Bo DIDDLEY (The London Bo Diddley Sessions aussi en 1973), donc tout devrait rouler en mode business as usual. Cependant, Jerry Lee habitué aux enregistrements produits dans ses pénates du Tennessee encaisse difficilement le bouleversement de ses habitudes, sa consommation de pilules et d’alcool n’étant pas de nature à arranger son humeur. De plus, il se voit accompagné par des chevelus qui dénotent avec ses goûts capillaires. Quand on sait à quel point le gaillard est un grand caractériel, peu porté sur la diplomatie, on aurait pu craindre les échauffourées viriles mais fort heureusement les musiciens convoqués manifestent tous au Killer respect et déférence. Aucun d’entre eux ne cherche autre chose que la mise en valeur de son hôte. Tout ce qui doit revenir au Killer reviendra au Killer : honneur, gloire et royalties. Et pour les autres, la satisfaction de pouvoir dire à leur entourage : « j’y étais (et je suis toujours vivant) ».

Le tout est produit par l’américain Steve Rowland établi à Londres où il s’est fait remarquer en obtenant plusieurs succès au hit-parade. Il accomplit ici un travail remarquable, le son de ce qui deviendrait The Session Recorded In London With (Guest) Great Artists est absolument remarquable, à la fois clair et percutant. Le Killer se lance dans une série de revisites de son propre répertoire scénique, y ajoutant quelques classiques intemporels du Rock’n’Roll mais également des titres plus récemment écrits comme le « Bad Moon Rising » de CREDENCE CLEARWATER REVIVAL, ici nettement orienté vers la Country. La voix de Jerry Lee se pose en toute majesté sur un background parfaitement exécuté par un aréopage de musiciens aussi investis que respectueux d'une légende qu’ils n’ont de cesse de lustrer. Petite prouesse au vu du nombre d’intervenants : on ne frise à aucun moment la surcharge pondérale, souvent inhérente aux projets dont l’ambition finit par dénaturer l’aspect artistique. C’est "Drinking Wine Spo-Dee O Dee" du bluesman Sticks Mc Ghee qui ouvre l’album, Jerry Lee ayant de tout temps versé son écot au Blues qui fait partie de son ADN musical, chose à nouveau vérifiée avec la relecture de "Baby What You Want Me To Do" de Jimmy REED. Tout comme en fait partie la Country, mise en évidence par (entre autres) une superbe version de "Music To The Man" où le piano n’en finit plus d’éblouir. Ainsi s’étale la classe hors-norme du Killer, tout au long des 19 pistes publiées sur double L.P, le type chante et joue comme il respire, tout semble si simple quand on l’écoute. Et que dire des magnifiques parties de guitare slide interprétées par Rory Gallagher, notamment celle de "Sea Cruise" ?

The Session Recorded In London With Great Artists ne connaît pas de moments faibles. Le Killer alterne Rock’n’Roll, Country Music et Blues, genres parfois mêlés dans un même moment comme le fait "No Headstones On My Grave" qui passe du Blues au Rock sans sourciller. L’homme ne craint nullement les classiques. "Memphis", énorme standard signé Chuck BERRY, résonne comme une évidence mue par une fausse nonchalance qui doit tout à sa classe innée. On sent bien que tout le monde est présent au même moment lors des séances. "Memphis" s’arrête un peu subitement, le Killer y va de son commentaire, comme à plusieurs reprises sur l’album, suite à quoi tout le monde reprend pour conclure. Le rendu est définitivement Live, sans édulcoration ni rattrapage en post prod'. Les titres les plus rentre-dedans sont plutôt versés en deuxième partie. "Johnny B.Goode", LE hit majeur de BERRY, porte l’intensité à un cran supérieur. Viennent ensuite "High School Confidential", jouée instrumental pied au plancher (sans le maestro !), puis "Whole Lotta Shakin’ Goin’ On", "What ‘ D I Say", "Movin’ On Down The Line" et pour finir un Rock’n’Roll Medley qui contient la suite "Good Golly Miss Molly/Long Tall Sally/Jenny Jenny/Tutti Frutti/Whole Lotta Shakin’ Goin’ On". Autant de salutations endiablées à Ray CHARLES, Roy ORBISSON et Little RICHARD où notamment les deux Lee (Albert et Alvin) sont mis à contribution.

Jerry Lee LEWIS avait amorcé un retour au Rock’n’Roll sur album en 1972, avec The Killer Rocks On, qui ressemble plus à un pétard mouillé si on le compare à son illustre successeur de 1973. Avoir confronté la bête à des studios et des musiciens qu’ils ne connaissait pas, l’avoir extirpé de sa zone de confort a probablement été salutaire pour le Killer. Il reconnaîtra des années plus tard n’avoir jamais été confronté à des musiciens aussi professionnels auparavant. Ajoutons que les témoins des séances rapportent que ces mêmes musiciens étaient sobres lors des enregistrements. L’album double se classe honorablement dès sa sortie dans les charts pop mais Jerry Lee continue de cartonner dans les charts Country puisque The Session entre dans le Top 5 de la spécialité ! L’homme n’a certainement pas dit son dernier mot. Il est loin d’être fini. Alors qu’Elvis se perd peu à peu dans ses résidences à Vegas, entouré de musiciens de variété, le Killer, lui, n’a pas fini de mordre. Pour notre plus grand plaisir !

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   LONG JOHN SILVER

 
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- Jerry Lee Lewis (chant, piano)
- Alvin Lee (guitare)
- Albert Lee (guitare, piano)
- Gary Wright (claviers)
- Kenneth Lovelace (guitare, violon)
- Ray Smith (guitare)
- Klaus Voorman (basse)
- Kenney Jones (batterie, percussions)
- Mick Kellie (batterie, percussions)
- Tony Colton (percussions)
- Brian Perrish (percussions)
- Jerry Lee Lewis Jr (percussions)
- Rory Gallagher (guitare)
- Andy Bown (claviers)
- Chas Hodges (basse, guitare, piano)
- Pete Gavin (batterie, percussions)
- Gary Taylor (guitare sur a3)
- Brian Parrish (harmonica, percussions)
- Steve Rowland (percussions)
- Tony Ashton (claviers, percussions)
- Matthew Fisher (percussions, claviers)
- Gary Taylor (guitare, percussions)
- Mick Jones (guitare)
- Peter Frampton (guitare)
- Joe Hammer (guitare)
- Pete Robinson (claviers)
- B.j. Cole (guitare steel)
- Drew Croon (guitare)
- John Gustafson (basse)
- Delaney Bramlett (guitare)
- Casey Singe (choeurs)
- Dari Lallou (choeurs)
- Karen Friedman (choeurs)


- Disque 1
1. Drinking Wine Spo-dee O'dee
2. Music To The Man
3. Baby What You Want Me To Do
4. Bad Moon Rising
5. Sea Cruise
6. Juke Box
7. No Headstone On My Grave
8. Big Boss Man
9. Pledging My Love
10. Memphis

- Disque 2
1. Trouble In Mind
2. Johnny B.goode
3. High School Confidential
4. Early Morning Rain
5. Whole Lotta Shakin' Goin' On
6. Sixty Minute Man
7. Movin' On Down The Line
8. What'd I Say
9. Rock & Roll Medley



             



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