En achetant avec émotion le dernier album du « Killer », je me disais: « Quoi qu’il arrive, reste cool, c’est Jerry Lee Lewis, la légende, le dernier des pionniers, bref, un mec intouchable, tu crèves plutôt que d’en dire du mal! ». Tel était mon état d’esprit. Plein d’une mansuétude mixée de magnanimité, j’envoie le skeud sur la platine, avec une petite pointe d’appréhension. La tof de couv’ est bien à l’image de ce vieux déglingué qu’est Jerry Lee, tout de noir vétu, l’œil torve, l’air goguenard, il mate les jeunettes d’un regard de connaisseur, « laquelle va avoir la chance et l’avantage de se « pencher » sur mes problèmes ? ». Ah cette vie c’est un roman, une aventure de tous les instants.

Retentit alors « Mean old man » le titre éponyme composé pour lui par son pote Kris Kristofferson, soit une légende de la country, et c’est un moment franchement étonnant, car le titre pourrait fort bien sortir d’un album de Lynyrd Skynyrd sans aucun problème , c’est bon les gars ! En fait, ce vieux pourri n’a pas besoin de moi pour le défendre, il peut visiblement le faire tout seul… Le vieux sournois !
Sur « Rockin my life away » vos parents -ou grands parents- penseront que son pote de chambrée Little Richard lui rend la politesse- meuh non, c’est ce brave Kid Rock, qui ne rate jamais une occase de jouer avec Jerry, pour une fois, sa performance est de qualité, on ne s’en plaint pas sur ce rock de tradition, vous remarquerez en outre le mignonnet solo de gratte par ce coquin de Slash…M‘est avis qu’à eux trois, ils descendent une belle quantité de canons. Tel n’est pas le cas de Mick Jagger, plus abstinent tu meurs, mais qui ne saurait refuser d’accompagner celui qu’il considère comme son père spirituel…Ils sont nombreux comme Mick, pour le Boss Springsteen c’est encore plus fort: « cet homme ne joue pas du Rock’n’roll, il est le Rock’n’roll »… Alors Mick se fend d’une petite tierce pour accompagner Jerry Lee sur la countrysante « Dead flowers »….Et ça passe comme une lettre à la poste. Car le vieil ivrogne multirécidiviste sait encore chanter, ouais ouais, il est fichu de vous tirer des larmes d’émotion , puis d’alpaguer votre petite amie pour peu que vous ne fassiez pas attention.
On retrouve Fogerty - ouais , c’est toujours les même je vous l’accorde, mais bon c’est les meilleurs non ?- sur « Bad moon rising », qui si elle n’a pas l’intensité de la version classique des Creedence Clearwater Revival, tient son rang.

C’est aussi le cas pour « Roll over Beethoven » de Chuck Berry , son ennemi intime. Keith Richards, un autre vieux cochon champion du monde a le plaisir d’enfin voir son « Sweet Virginia » interprété par celui pour laquelle elle avait été pensée… Et admettons que Jerry Lee s’en sort drôlement bien.

Ah la recette continue de marcher, tout comme notre « Mean old man »…. Elle tiendra bien quelques années de plus, gageons que lui aussi. Sinon vous trouverez là pléthore de morceaux country de bon aloi. Certes cette nouvelle livraison ne révolutionnera pas la musique, mais c’est l’amérique sous son quotidien :« Please release me », ça parle aux âmes… « Whiskey river »… Ouais, une bonne blague non?

Bref le vieux soldat du Rock continue de se marrer, qu’a-t-il de mieux à faire, lui qui a tout connu ? Une petite perle clôt ce skeud très honorable, la voix du sudiste s’élève comme aux plus beaux jours sur « Miss the mississippi and you », un titre fait pour lui avec quelques vocalises helvètes.

C’est chouette le Rock!

Tiens je vais être sévère, le vieux dépravé mérite une punition… 3/5?