Ce qu’on craignait a malheureusement fini par arriver : porté par les tubes de Love at First Sting, SCORPIONS a pris un virage mainstream et sort, quatre ans après, un album pas foncièrement mauvais, mais totalement tourné vers les US et leurs stations FM.
Dieter Dierks, producteur historique et véritable sixième membre du groupe, ne s’y trompe pas et claque la porte en cours d’enregistrement.
La déception est au rendez-vous pour les fans d’origine : si les titres les plus accessibles (et il y en a toujours eu sur les derniers albums) font plutôt le job sans être transcendants, l’album souffre d’un gros déficit quantitatif et qualitatif en matière de titres Hard ou Heavy.
"We Let It Rock…You Let It Roll" et "Love On the Run" dévolus à cette tâche sont parmi les morceaux les moins réussis de l’album; les rythmiques de Rudolf n’ont pas leur impact habituel, étrangement compressées et sous-mixées, et les structures sont parfois bancales. On est très loin de "Blackout" ou "Dynamite".
Autre pas en arrière, les ballades : "Believe In Love", à l’architecture strictement identique à celle de "Still Loving You", fait pâle figure à côté de son illustre devancière, alors que "Walking On the Edge", dans un style plus musclé, n’est pas mal mais sans plus.
Finalement, c’est parmi les titres les plus calibrés FM que le talent de SCORPIONS s’exprime cette fois-ci le mieux. Mon titre préféré est "Media Overkill" grâce à la Talk-box de Matthias, au super refrain et aux textes moins niais que sur la plupart des autres titres. J’aime bien aussi "Don’t Stop at the Top", un peu molle mais accrocheuse, et dotée d’un superbe solo. Le reste est peu inspiré, souvent laborieux et vraiment trop formaté pour un fan de la première heure.
Savage Amusement est clairement un album de transition, très inférieur aux standards des teutons, difficile à noter car le talent reste, même si l’inspiration fait cette-fois fortement défaut. Au regard de la désillusion ressentie à l’époque, et de la quasi-absence de toute envie de réécouter cet album depuis des années, mon 2,5 se transforme en 2.