SCORPIONS n'a jamais été groupe à s'engager ostensiblement dans de grandes causes humanitaires. Le jour où Rudolf Schenker posera nu, un panda dans chaque main et un anaconda sur le slip, à l'occasion d'une campagne publicitaire pour la SPA n'est pas encore arrivé. Néanmoins, le groupe teuton a toujours à coeur, lorsque l'occasion se présente, de soutenir des combats qui lui semblent primordiaux et nécessaires. Le soutien à l'émancipation des peuples de l'Est, l'aide aux victimes des drogues dures (via le projet Stairway to Heaven / Highway to Hell en 1989, qui réunit d'autres grands noms du hard-rock), la dénonciation de la surexploitation de la forêt amazonienne, autant d'engagements qui permettent au groupe de faire entendre sa voix et de mettre à profit sa notoriété pour faire avancer, un tant soit peu, les choses.

Rien de surprenant donc à voir les SCORPIONS débarquer en 1994 avec un single au profit de l'UNICEF. "White Dove", dont les bénéfices sont alors reversés à l'organisation pour venir en aide aux enfants du Rwanda, a tout du titre humaniste formaté pour faire pleurer la ménagère, un "We Are the World" germanique aux sonorités sucrées et au clip 'choc', montrant en noir et blanc un groupe conscientisé et solidaire, sur fond d'images de famine et de désolation. Et maintenant, ils viennent mourir dans le poste de télé, disait Coluche.

La musique n'a pas demandé un grand travail puisqu'elle est une adaptation d'un tube du groupe de rock progressif hongrois Omega, "Gyöngyhajú lány". Ajoutez à cette mélodie délicate et tendre des paroles pleines d'espoir et l'intervention d'une chanteuse d’opéra, à même de faire vibrer la corde sensible des plus pleurnichards, et voilà un titre parfaitement calibré pour forcer le chaland à mettre la main à la poche. Pas de matraquage publicitaire, pas de rassemblement d'invités prestigieux, SCORPIONS oeuvre simplement, dans son coin et à l'aide de guitares acoustiques, au profit d'une cause qu'il estime devoir soutenir.

Les uns diront que le groupe allemand s'enferre dans un trip humaniste à deux balles et continue de se ramollir (ahhh, ce fameux passage TV chez Dorothée au noël 1993, qui lui portera grand préjudice). Les autres apprécieront simplement cette petite ballade à l'émotion facile mais à la mélodie et au chant hautement appréciables.