Allez, chers Parallélonautes, on se calme et on boit frais à F.P. Une grande inspiration, et on s'y jette, en tentant de rester autant objectif et pragmatique que possible. C'est l'histoire d'une chanson qui ne peut laisser indifférent. Vous-même sans-doute avez-vous déjà roulé des galoches baveuses en dansant langoureusement au son de ses mélodies, peut-être même avez-vous été conçu(e) sur ce morceau, si vous êtes né(e) dans le courant de l'été ou de l'automne de l'année 1985. Les membres de SCORPIONS, Rudolf Schenker en tête, se plaisent d'ailleurs à préciser au gré des interviews que ce titre a été responsable d'un baby-boom conséquent en France, ou tout du moins d'une hausse inédite des naissances depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Allons, une légère touche de romance ne fait guère de mal. Même vous, oui vous, qui aimez vous moquer de cette ballade pour pisseuses (ne niez pas, je vous ai entendu employer ces termes) et beuglant allègrement Ce soir, j'ai les pieds qui puuuuuuuuent lors du refrain avant de vous esclaffer bêtement, je suis sûr que quelque part, au fond de votre âme tourmentée, vous nourrissez une affection sincère pour cette ballade d'une beauté sans nulle autre pareille, pour ce monument du hard-rock et de la musique en général.

Ce morceau, vous l'avez bien compris (et vous le savez nécessairement, puisque vous avez cliqué sur la pochette du single pour visualiser cette bafouille), c'est bien entendu "Still Loving You", ballade intemporelle et plus gros succès commercial des SCORPIONS, qui écoula plus d'un million et demi de singles rien qu'en France. Alors oui, il y a les chiffres, mais il y a surtout et avant tout la beauté du morceau. Composé dans le courant des années 70 par Rudolf Schenker (qui effectue d'ailleurs le solo de guitare), celui-ci fut tout d'abord refusé par ses camarades avant d'être finalement choisi pour clôturer l'album Love At First Sting dont le succès fut boosté par la présence du morceau.

Bien sûr, ce single, qui présente le morceau dans une version tronquée (4'48 au lieu des 6'23 de la version album), ne lui rend pas justice. En effet, "Still Loving You" est une des perles qui nécessitent du temps pour s'installer, faire monter la sauce et finalement exploser dans un déluge de sentiments contradictoires. Chanson d'amour, déclaration désespérée d'un compagnon éconduit à une femme qu'il aime encore et à laquelle il propose de tout reprendre à zéro, "Still Loving You" n'est certainement pas un chef-d'oeuvre littéraire. Néanmoins, la délicatesse puis le lyrisme énergique déployés par Klaus Meine au sommet de son talent vocal participent autant à la réussite de ce titre que les tendres arpèges et les riffs percutants exécutés par Matthias Jabs et Rudolf Schenker. Au fil des minutes, le morceau grandit et s'étend pour finalement sceller son emprise sur l'auditeur lorsque Klaus chante une dernière fois le refrain, ponctuant ce dernier d'un "I'm still Loving You" de la dernière chance. Et alors que le solo résonne, exécuté une fois n'est pas coutume par Rudolf Schenker, on se dit alors, les larmes aux yeux, que nous avons affaire à un chef-d'œuvre musical d'une beauté sans pareille.

Plus de 25 ans après sa sortie, "Still Loving You" reste une pièce d'orfèvrerie incontournable à chérir comme un bijou précieux. Certes, cette version édit présente sur le single ne retranscrit pas les nombreux sentiments qui parsèment le titre, et il faudra lui préférer sa version album, délectable de bout en bout. Immédiatement devenu un classique des SCORPIONS, le groupe n'a jamais, depuis 1984, omis de jouer ce titre en concert.