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En 1977, Frank Zappa projetait de publier un coffret de quatre LP constitué de sources inédites. Suite à un conflit juridique, il fut dépossédé des masters que Warner publia séparément : « In New York », « Studio Tan », « Sleep dirt » et « Orchestral favorites ». C’est sous cette forme qu’elles seront chroniquées, même si le coffret « Läther » a réhabilité le projet initial.
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Dernière pièce tirée du coffret « Läther », « Orchestral favorites » réunit cinq titres enregistrés en septembre 1975 avec le AEE Orchestra. Il vulgarise brillamment l’œuvre classique du compositeur, même si ce n’était pas son objectif. Il propose une musique mixte à mi chemin entre rock et classique. Le AEEO était lui-même un ensemble mixte, sorte d’orchestre indépendant qui, en dehors de ses activités, louait ses services aux artistes les plus divers.
Zappa profite du AEEO pour réorchestrer d’anciennes chansons telles « Duke of prunes » et « Strictly genteel ». Quant à l’énigmatique « Bogus pomp », il s’agit d’une refonte de certaines parties de « 200 motels ». Il en achèvera la version définitive en 1983 pour l’orchestre symphonique de Londres. Ces relectures successives montrent combien sa musique est toujours en mouvement, la partition n’étant qu’une base constamment remodelée.
« Bogus pomp » vulgarise la musique contemporaine comme peu d’œuvres ont su le faire. Il conserve une approche sensible qui le rend accessible tout en intégrant l’atonalité avec parcimonie. Il emmène l’auditeur vers les territoires ardus de la musique moderne, le repêche par des envolées rassurantes puis le lâche de nouveau en pleine nature. Une pièce pédagogique qui désacralisera la musique savante que beaucoup appréhendent.
« Strictly genteel » est touchant de candeur mais reste du zappa « flonflon », trop marqué par la comédie musicale et la musique militaire. « Duke of prunes » est très réussi et fait regretter que d’autres titres n’aient pu bénéficier de cet habillage orchestral.
Seuls « Pedro’s dowry » et « Naval aviation in art ? » sont inédits. Deux partitions purement atonales qui invitent à tremper un orteil dans le grand bain. « Naval aviation in art ? » ne dure qu’une minute trente, torture tout à fait supportable. « Pedro's dowry » dévoile un peu plus les influences de Zappa. La filiation avec Edgar Varèse dont on parle si souvent, plus par mimétisme que pour l’avoir constaté soi-même, prend ici toute sa réalité. Le compositeur français a pratiquement éduqué la pensée de Frankie, et son écriture en porte des traces visibles. Des figures typiques d’« Amériques », le rôle directif accordé au rythme, la richesse des percussions, et cette façon de composer davantage avec des "masses sonores" qu'avec des notes.
« Orchestral favorites » est la porte d’entrée idéale pour qui souhaite pénétrer le répertoire classique de Frank Zappa sans risquer l’assoupissement ou le rejet. Enfin, et cela devient une habitude, la sélection supervisée par Warner bien que scandaleusement courte, récupère au vol deux titres écartés du coffret, dont l’indispensable « Bogus pomp ».
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ONCLE VIANDE
