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Frank ZAPPA - Jazz From Hell (1986)
Par LE BARON le 30 Juin 2016          Consultée 2792 fois

Nous voici rendus en 1986. L'année est d'importance : Jazz From Hell n'est rien moins que le dernier album de Frank ZAPPA enregistré entièrement en studio* et publié de son vivant. Bien sûr, il y aura encore une quinzaine d'albums qui sortiront avant son décès 8 ans plus tard. Mais il s'agira principalement de « matériel » enregistré en Live : archives (l'incroyable série des « You Can't Do That On Stage Anymore »), nouvelle tournée (en 1988), ou création (« The Yellow Shark »). Les « hard-core maniacs » débattront du fait qu'il faille intégrer « Civilization Phaze III » dans cette liste.

Alors tout de même, cela fait drôle, un dernier album studio. D'autant plus que… eh bien, si jamais certains d'entre vous ont eu l'occasion de lire des chroniques récentes, ils connaissent le peu d'attrait que je ressens pour le Synclavier. Or, cet album est presqu'entièrement composé de pièces de Synclavier !
Prenons notre courage à deux mains, notre tuba en bouche, et plongeons. Peut-être est-ce l'idée qu'il s'agit du dernier album studio ? Je serai plutôt indulgent avec Jazz From Hell.

« Night School » qui ouvre le disque fonctionne bien. Sur une rythmique ouverte, Zappa semble improviser comme sur sa guitare. Même si la froideur domine, notamment à cause de l'absence de dynamique, on peut se laisser entraîner.

Je serai moins compréhensif avec « While You Were Art II » ou « Jazz From Hell », par exemple. Que ZAPPA expérimente, c'est une évidence. Mais franchement, même si les morceaux sont aboutis, on a l'impression d'entendre... des maquettes ! Comment ce compositeur génial (je pèse le mot) a t-il pu se fourvoyer à ce point et croire que la simple succession de notes suffit pour créer de la bonne musique ?

Il me paraît évident que la musique, si elle a besoin de mélodie (cela se discute), d'harmonie et de rythme, a également besoin de timbres. C'est tout l'enjeu d'un orchestre symphonique : mettre à disposition des compositeurs des possibilités sonores variées. Je veux parler de l'ensemble des fréquences qui colorent un son et le rendent reconnaissable. On différencie facilement une guitare d'un basson grâce aux harmoniques qui enrichissent chaque note. Un son « pur », une fréquence unique, c'est pénible.

Disons-le autrement : on peut jouer le riff de « Smoke On The Water » au pipeau. On pourra respecter les notes, même en les transposant sur une hauteur différente. Et pourtant…. Eh bien bizarrement, cela sera peut-être amusant, mais n'aura aucun intérêt. Le timbre est essentiel et doit s'accorder au discours musical. « Smoke On The Water », c'est quand même mieux à la guitare, non ? Le reproche que je fais au Synclavier est donc toujours le même : faiblesse des timbres. Du coup, on a l'impression d'entendre une œuvre en construction, une maquette, une démo, une copie de travail non destinée à être largement diffusée.

Même si certains morceaux valent la peine de les écouter, je ne change pas d'avis sur le fond. Parce-qu'à l'évidence, si « G-Spot Tornado » est excellent, c'est lorsque l'Ensemble Modern s'en emparera qu'il deviendra proprement ébouriffant.
Allons, j'ai déjà mentionné deux morceaux écoutables, ce n'est pas si mal ! J'y ajoute « Damp Ankles » et « Massaggio Galore », qui sont également bons si l'on fait abstraction des gros défauts du Synclavier.

Que vient faire « St. Etienne » là-dedans ? Il s'agit d'un solo de guitare enregistré en concert (à Saint-Etienne, faut-il le préciser ?). On se le prend en pleine figure, quoique le tempo soit lent et les notes tenues, parce-qu'on replonge d'un coup dans un univers qui paraît beaucoup plus riche, même s'il se « cantonne » à une batterie, une basse, et quelques nappes de claviers pour porter la guitare de ZAPPA.

Cet album a obtenu un Grammy Award. LE Grammy Award de ZAPPA. Quand on connaît l'étendue de son œuvre, cela reste très amusant. Bah, les jurés qui octroient ce type de prix sont connus pour avoir les oreilles bouchées.

Comment conclure cette chronique ? J'ai une tare au départ, puisque je n'aime pas le Synclavier. Mais il faut tout de même différencier cet album d'un Thing-Fish, par exemple. ZAPPA maîtrise de mieux en mieux son jouet, il faut bien le reconnaître. Il en apportera la preuve sur scène en 1988 lorsqu'il en jouera, certes, mais accompagné de vrais musiciens. Cela changera tout. En attendant, Jazz From Hell reste écoutable et mérite tout de même l'attention des curieux.


*Utility Muffin Resarch Kitchen : le nom du studio de FZ.

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   LE BARON

 
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- Frank Zappa (synclavier)
- 'st. Etienne':
- Frank Zappa (guitare)
- Steve Vai (guitare rhytmique)
- Ray White (guitare rhytmique)
- Tommy Mars (claviers)
- Bobby Martin (claviers)
- Scott Thunes (basse)
- Chad Wackerman (batterie)
- Ed Mann (percussion)


- jazz From Hell
1. Night School
2. The Beltway Bandit
3. While You Were Art Ii
4. Jazz From Hell
5. G-spot Tornado
6. Damp Ankles
7. St. Etienne
8. Massaggio Galore



             



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