En 1978, fidèle à la mode lancée par DEEP PURPLE, SCORPIONS jette son dévolu sur le Japon pour enregistrer ce Tokyo Tapes qui sera le testament de sa première période : celle des délires hendrixiens de Uli John Roth, et des morceaux moins formatés qu’ils le deviendront quelques années plus tard.

Cette liberté irradie pleinement ce fabuleux Live, tous les morceaux sont sublimés par rapport aux versions studio (déjà excellentes), notamment ceux de leur dernière offrande Taken by Force. En vedette : la guitare de Uli John Roth qui éclabousse le disque de sa classe folle, et le chant impressionnant de Klaus Meine. Ces deux-là portent sur leurs solides épaules cet enregistrement tout au long de ses 1H18 et 17 titres. Evidemment, Rudolf donne également une masterclass de riffs et rythmiques de folie, alors que Hermann Rarebell et Francis Bulchoz forment une section rythmique dynamique et très soudée.

Il est impossible de citer toutes les réussites de cette galette, tant chaque morceau apporte sa pierre à l’édifice. Parmi mes favoris les deux immenses power-ballades, "In Trance" et "We’ll Burn the Sky" brillent de mille feux grâce au fantastique chant de Klaus et aux interventions magique de Uli à la lead guitar. Je recommande particulièrement le passage instrumental et les vocalises de Klaus sur le premier titre, et le long solo de Uli sur le second.

"Top of the Bill", en particulier le superbe solo de batterie de Hermann Rarebell, "Kojo No Tsuki", chanson traditionnelle japonaise sublimée par le groupe, la très heavy "He’s a Woman, She’s a Man" (quelle intro et quel chant !) ou encore la mélancolique "In Search of the Piece of Mind" font également partie de mes titres préférés, mais l’ensemble est difficile à dissocier tant la qualité reste de bout en bout à un niveau très très élevé.

La cerise sur le gâteau est apportée par "Fly to the Rainbow", ici amputée de sa première partie, et qui bascule après 2'30 sur un sublime solo hendrixien de Uli (hello "Little Wing") ; si vous ne voyez pas ce que faire pleurer sa guitare veut dire, écoutez ce passage au cours duquel le temps est mis en suspension et nos cœurs avec. Même le chant de Uli, si proche de celui de son idole (et ce n’est pas la plus belle part de l’héritage de Jimi) est magnifique sur ce passage (alors qu’ailleurs il est souvent pénible…).

Un dernier mot sur la pochette : ça sent le cuir, la sueur, l’électricité et le métal, et c’est exactement ce qu’on trouve dans ce disque anthologique, pour moi un des 3 meilleurs live hard rock-métal de tous les temps. Bravo messieurs !