La deuxième période des SCORPIONS (allant schématiquement de Lovedrive à Crazy World) ne comporte vraisemblablement aucune faiblesse. Chaque album possède ses atouts, son identité, son charme, et chacun a contribué à sa manière à établir les allemands comme les maîtres absolus du Hard Rock poli des années 80. Le génie du groupe à cette époque réside dans son aisance flagrante à écrire des tubes imparables (Blackout), à varier les plaisirs (Lovedrive) ou dans sa capacité à toujours proposer une musique de qualité une fois le succès définitivement acquis (Crazy World).

On résume trop souvent Love At First Sting à un simple album à tubes, celui de « Still Loving You », celui qui fit des arachnides aux pinces autrefois acérées un groupe à stades, mais on oublie de dire qu’il a aussi la caractéristique d’être absolument parfait !

Travaillé, peaufiné à l’extrême, ce neuvième album des SCORPIONS laisse de côté les faiblesses relatives des albums précédents (« Can’t Get Enough », « Falling In Love », « China White ») pour 40 minutes de pur bonheur. Des hymnes totalement imparables et dévastateurs (l’excellent « Bad Boys Running Wild », l’extraordinaire « Rock You Like A Hurricane » ou encore le classique « Big City Nights ») côtoient des morceaux plus lents, mélodiques et basés sur l’émotion ; je parle des oubliés mais magnifiques « As Soon As The Good Times Roll » (de grande classe) et « Crossfire » (particulièrement prenant).
Cet album se paie effectivement le luxe d’être très varié et on y retrouve une speederie jouissive de haute volée (le mésestimé « The Same Thrill ») et une ballade intemporelle (« Still Loving You »). « Coming Home » mélange ses deux aspects dans un titre grandiose. Enfin, « I’m Leaving You » est un peu en dessous du reste, mais reste très bon.

L’ensemble des tueries de ce chef d’œuvre se voient encore davantage sublimées par Matthias Jabs, un guitariste au talent exceptionnel que tout le monde oublie trop souvent au profit du certes très talentueux Uli Jon Roth. Sur ce disque, il se transcende littéralement avec des soli extrêmement nombreux, toujours fulgurants ou gorgés d’un feeling qui fait mouche. Emotion et puissance ce dégagent ici du jeu de ce grand artiste, qui enrichit grandement cet album.

J’adore globalement le SCORPIONS des 80’s, mais pour moi Love At First Sting est au-dessus du lot. Voilà à mon sens LE chef d’œuvre ultime des allemands, et je le crie haut et fort !