Nouvelle étape de la première vie du Roi, et nouveau changement de personnel. Cette fois, pour accompagner Fripp, le chanteur Boz Burrell, devenu bassiste grâce à ce dernier, et le batteur Ian Wallace, futur aide de camp de Bob Dylan, débarquent, avec Mel Collins qui répond toujours présent, ainsi que la formation Centipede, donc.

Avec ce changement de personnel arrive également le changement de style musical. Pour Islands, KING CRIMSON se fait classique et précieux, avec une élégance notable. Le groupe offre une série de compositions lentes et calmes, où les cordes, les vents et un mellotron offrent une musique douce, à tendance romantique – cela s'entend très bien sur "Prelude". Parfois, cela déraille quelque peu, comme la trompette lors du final du morceau-titre, rempli de poésie et de majesté, mais sinon, rien de bien méchant n'est à signaler. En revanche, si KING CRIMSON se fait plus posé, cela ne se voit pas sur tout l'album : ainsi, "Ladies on the Road" présente une nervosité latente, encouragée par un Boz Burrell énervé au chant, et surtout, "The Sailor's Tale" explose tel un coup de poing dans un monastère. La guitare de Fripp se réveille et ce dernier offre une performance hallucinée, bien que rugueuse et simple. Le contraste est d'autant plus fort qu'il succède à un "Formentera Lady" de toute beauté, dont le défaut majeur reste tout de même une longueur excessive qui ne lui sied guère.

Une analyse globale de l'album laisse apparaître deux choses majeures : primo, la structure de l'album semble posséder une symétrie étrange, avec deux morceaux calmes et longs qui encadrent des pièces s'affrontant et opposant le calme à la violence. Ensuite, il faut reconnaître que Islands a méchamment vieilli, ce qui explique en partie le fait qu'il ne soit pas présenté comme un indispensable de la carrière du crimso. Ceci étant, il faut savoir lui donner sa chance, et apprécier l'ambiance qui s'en dégage.