Bien qu'étant le deuxième nommé, le Projekct Two est la première subdivision de KING CRIMSON à avoir enregistré de la musique. C'est également la seule qui a enregistré un album studio, là où les autres ont tout donné en concert. Cependant, à l'écoute, les plus mesquins diront que c'est bien la seule chose à retenir.

Plus électronique que son « prédécesseur », le Projekct Two est également une formation étonnante. En effet, Fripp et Gunn s'associent cette fois à Adrian Belew, qui ne joue pas ce qu'on attendrait de lui habituellement. En effet, le chanteur-guitariste se fait ici batteur. Il faut en effet savoir qu'avant de devenir le gratteux que l'on connaît, Belew avait commencé sa carrière musicale derrière les fûts. On entend des réminiscences de ce passé sur les concerts du KING CRIMSON des années 80, et c'est lui qui joue des percussions sur ses albums solo. Autre chose, il joue non pas d'une batterie conventionnelle mais électronique, et plus précisément une batterie MIDI.

MIDI ! Le mot est lâché. Voilà l'une des raisons pour lesquelles Space Groove, le premier album du Projekct Two, n'est pas aimé. Le trio a pris le pari d'utiliser cette technologie pour sa musique, ce qui constitue en soi un pari très risqué. Combien de groupes et d'artistes ont en effet pu sortir quelque chose de grand avec cette technologie ? Pas grand-monde, c'est un fait, et le Projekct Two ne déroge pas à la règle. Autre point de discorde, Space Groove est un album double fort long. Couplé au MIDI, cela donne une idée de la difficulté à aimer l'album.

Ça ne rate pas : Space Groove est le résultat le plus faible des Projekcts. Fripp, Gunn et Belew tournent en rond pour un rock électronique instrumental tout au long du premier disque, et il faut attendre le second pour avoir quelque chose de plus satisfaisant. Parmi les points positifs, notons que les samples de basse de Trey Gunn apportent un feeling monstre, et que les samples de piano sont utilisés à bon escient. Du reste, les impros tournent dans le vide, comme si les musiciens se cherchaient et cherchaient les autres sans pour autant y arriver. Un autre gros point noir réside en les V-Drums, blâmés par des fans qui auraient aimé voir Bill Bruford à sa place. Cette réclamation est un peu exagérée, notamment parce que Belew, sans égaler son compère, n'est pas mauvais à la batterie, mais elle n'est pas stupide pour autant. Fripp a peut-être été séduit sur le coup par l'utilisation de cet instrument, mais force est de constater qu'il s'intègre mal à la musique que présente Space Groove.

Les idées de base étaient bonnes : faire un rock électronique et profiter de ce que la technologie musicale propose de neuf. On ne saura d'ailleurs que trop remercier Robert Fripp de refuser de se carapater derrière le spectre de la nostalgie. Cela dit, les meilleures idées ne débouchent pas forcément sur les meilleures compositions, et Space Groove en est une preuve. Heureusement que le Projekct Two se rattrapera sur scène.