Succéder au terrible In the Court of the Crimson King n'était pas une chose aisée et tomber dans l'exercice de la redite était très tentant. Et c'est malheureusement ce qui arriva avec le disque suivant.
Au lieu d'explorer une nouvelle voie, le Roi Pourpre a décidé de se lancer dans le mimétisme, un choix que j'ai vraiment du mal à comprendre tant ce disque se révèle inutile dans leur foisonnante discographie.

"Pictures of a City" est une simple copie de "21st Century Schizoid Man", le côté délirant en moins, "Cadence and Cascade" est le pendant de "I Talk to the Wind", mais ici la sensibilité est absente. Quant au morceau éponyme, ma foi, il ne s'agit que d'un ersatz du morceau titre du précédent album.
Soyons honnête, il ne se passe rien d'intéressant pendant les 20 premières minutes du disque. Tout cela est bien fait mais où est l'originalité là-dedans ? Ce syndrome du clonage me gêne fortement surtout si les titres sont très en dessous des morceaux originaux.

Le groupe relève heureusement la tête avec deux pièces cette fois vraiment inédites et surtout très bonnes. "Cat Food" premièrement, un morceau pop au refrain schizophrène et aux notes de piano accrocheuses. Enfin nous avons droit au plat de résistance : "The Devil's Triangle" ! Avec son mellotron menaçant et sa longue montée en puissance impeccable, il s'agit d'un des titres les plus marquants de KING CRIMSON.

Mais tout cela reste insuffisant pour sauver le disque de la noyade et quand on se repose trop sur ses acquis, il ne faut pas s'étonner que la sanction tombe. Le groupe a pourtant retenu la leçon, car les albums suivants exploreront tous des chemins différents, même si cela me semble étroitement lié aux incessants changements de line up qu'il subira au fil des années. Un mal pour un bien en quelque sorte.