C'est étrange comme le succès d'un premier album peut éclipser le suivant. Et pourtant ce "In The Wake of Poseidon" avait tous les atouts pour devenir le succèsseur de "In The Court...", en terme de reconnaissance tout du moins. Pour ma part je dirais même qu'il est plus maîtrisé dans l'ensemble que son grand frère. En fait la plupart des reproches viennent de la ressemblance entre les deux, donnant la fausse impression que le présent album est plus une copie sans saveur qu'une évolution maîtrisée : "Pictures Of A City" est dans la même veine que "21st Century Schizoid Man", et l'éponyme, au delà de la ressemblance du titre, est très proche de "In The Court..." le morceau. Les autres titres par contre se démarquent plus : "Cat Food" ferait presque office de la parfaite chansonnette pop si elle n'était pas parcourue par le piano free de Keith Tippet, leader entre autre de Centipede, réunion du gratin progressif anglais, ce qui apporte ce petit goût d'incongru propre au roi pourpre. "The Devil Triangle" quant à lui est la pièce la plus ambitieuse, une adaptation de "Mars" de Gustav Holst (très libre toutefois), 12 minutes de folie paranoïaque, le rythme martial et les nappes d'un mellotron possédé en font un titre réellement unique et dérangeant. Seul "Cadence and Cascade" échoue là où "I Talk To The Wind" s'imposait auparavant.

Loin d'être avare en qualité, "In The Wake Of Poseidon" est sur certains points supérieur à "In The Court...", ayant su reprendre certaines idées du précédent tout en ajoutant des éléments nouveaux ("The Devil Triangle", la suite "Peace"). Premier arrivé, premier servi, son plus gros défaut est d'être arrivé en second, sans quoi il aurait aisément rafflé la reconnaissance et le statut de pionnier qu'a obtenu "In The Court...".