Avec In Search of Hades (2019), les années Virgin de TANGERINE DREAM ont été bien survolées : albums culte, chutes de studio pouvant intéresser les fans hardcore, lives complets et de haute qualité sonore. Quiconque a dépensé de l’argent dans ce coffret a vu son investissement devenir rentable, très rentable. Ceci étant, la fête est finie puisque si le coffret parcourait une première moitié des années Virgin, il restait la seconde, s’étalant de 1980 à 1983. Les désirs des fans étant des ordres, voici venir, en pleine pandémie de covid, le coffret Pilots Of Purple Twilight (The Virgin Recordings 1980-1983).

Pilots of Purple Twilight est a priori alléchant pour une bonne raison : la période 1980-1983 couvre une majeure partie de la période Schmoelling, du nom du 3ème membre du groupe accompagnant alors Edgar Froese et Chris Franke. Pour résumer la chose, si les albums de ce trio-là ne dépassent pas l’aura des Phaedra (1974) et autres Stratosfear (1976), ils n’en demeurent pas moins excellents et faisant montre d’un talent débridé - pour plus de détails, cf les chroniques par Arp2600. J’ajouterai même que les deux meilleurs albums de toute la discographie du groupe sont réalisés par le trio 80s - à savoir Logos (1982) et White Eagle (1982 itou). Bon, c’est aussi le moment où TANGERINE DREAM part à la dérive et commence à enchainer les B.O de films toutes plus oubliables les unes que les autres, parce que le rêve hollywoodien est monté à la tête de Froese.

Et donc, que dire de ce coffret ? Réponse simple : il est décevant. Déjà, il ne comporte 'que' 10 CD, contre 16 pour In Search of Hades. Ok, il y a moins d’albums studio et live, mais dans le cas de Pilots, cela fait 5 disques sur 10, soit la moitié du coffret. Mais surtout, sur les 5 CD restants, on a un seul live inédit sur 3 CD et 3 B.O de films. Un peu chiche, vous ne trouvez pas ? Et surtout, là encore, Pilots of Purple Twilight n’est pas exhaustif. Alors oui, il n’y a pas Pergamon (1980) mais son cas est particulier ; on ne retrouve pas non plus Green Desert (1986), ce qui n’est pas une grande perte - et pour les deux du fond qui ne suivent pas, non, Poland (1984) est édité chez Jive, pas chez Virgin. Ajoutons également que sur les CD de White Eagle et Hyperborea (1983) ont été greffés, respectivement, des morceaux issus de Tatort et Risky Business (1983).

On l’a compris, Pilots of Purple Twilight est un coffret qui parle notamment aux cinéphiles. Bon, après, dans l’exercice ingrat de l’illustration sonore de films, TANGERINE DREAM avait quelques cartouches sous la main, en témoigne la B.O de Risky Business ou encore les meilleurs moments de Thief (1981). Mais surtout, Pilots est l’occasion de diffuser à large échelle la B.O de The Keep (1983), film maudit par excellence - on en reparle dans la chronique dédiée, de même que The Soldier (1982). De là à savoir si l’on peut parler d’incontournables dans le genre, il est un pas que je n’hésite pas à franchir : non.

Et si l’on n’est pas cinéphile ou intéressé par T.D sur l’écran, que reste-t-il ? Le live inédit dont je parlais plus haut, et qui n’est autre que le concert donné au Dominion en 1982 et qui a été résumé la même année en le fantastique Logos. Près de 2 heures de bonheur musical attendent l’auditeur, avec des passages relevés et majestueux, entrecoupés de morceaux bien connus ("Chronozon", "White Eagle"...) ; notons pour les plus tatillons le final de la partie 1 qui sera repris dans Poland.

Voilà voilà. Pilots of Purple Twilight est un coffret honnête mais un peu avare en nouveau contenu (un seul live, pas d’inédits en dehors des B.O) qui a sans doute provoqué moins d’enthousiasme que In Search of Hades, et qui passe pour un simple bilan de carrière. Et c’est dommage, surtout quand on sait qu’une solide poignée de lives publiés en bootlegs aurait pu être de la partie - je pense à l’hommage à Fassbinder de 1983 ou encore - et surtout - le live à Newcastle de 1981, cette merveille.