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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  LIVE

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- Style + Membre : Peter Baumann , Michael Hoenig , Johannes Schmoelling, Ash Ra Tempel, Popol Vuh, Edgar Froese
 

 Tangerine Dream Official Website (1344)

TANGERINE DREAM - Live In Paris, Palais Des Congres-march 6th 1978 (2023)
Par AIGLE BLANC le 21 Août 2023          Consultée 834 fois

Le 'Record Store Day' chaque année est le rendez-vous incontournable des 'vinylophiles'*. Initié aux Etats-Unis depuis 2008 par des centaines de disquaires, afin de lutter contre la désaffection croissante des boutiques spécialisées par le public, qui a pris l'habitude de se procurer ou d'écouter la musique sur supports dématérialisés, cette opération s'est élargie à l'Europe entière qui y participe activement. Les disquaires travaillent en étroite collaboration avec les maisons de disques pour proposer aux fans des rééditions limitées d'albums 'culte' devenus rares voire introuvables et, parfois, des albums inédits spécialement conçus pour cette journée de promotion. Bien entendu, les éditions limitées à quelques centaines d'exemplaires dans le monde favorisent l'exaltation des fans de ce support vintage.
La liste des artistes participant au Record Store Day est longue, parmi lesquels figurent notamment DAFT PUNK, THE ROLLING STONES, BLUR, Bruce SPRINGSTEEN, MUSE, LADY GAGA, autant de groupes célèbres qui aiment titiller la fibre nostalgique des mélomanes, aussi bien les septuagénaires que les jeunes de la génération actuelle. En effet, paradoxalement, il n'est pas rare d'apercevoir ces étudiants, ayant découvert le vinyle par l'exemple de leurs parents et profitant de la résurrection commerciale inespérée de ce format vintage, en train de fouiller dans les bacs de leur boutique attitrée à la recherche de la réédition exceptionnelle de l'album 'culte' d'un grand artiste. Cet engouement rétroactif d'une partie de la jeunesse actuelle pour le format vinyle n'est pas sans évoquer l'étrange nostalgie s'étant emparée des Berlinois de l'Est dans les années qui ont suivi la chute du mur lorsque, submergés par les produits capitalistes propres à Berlin-Ouest, ils s'étaient tournés vers les reliques, devenues obsolètes, de leur vie quotidienne depuis la séparation de la capitale germanique. C'était le sujet du beau film Goodbye Lenin au succès populaire mérité.

Depuis 2021, les fans de TANGERINE DREAM sont particulièrement choyés par le 'Record Store Day' qui a lieu annuellement le 3ème samedi du mois d'avril. En effet, plusieurs labels dont Culture Factory et Eastgate (le label du groupe d'Edgar Froese, aujourd'hui détenu par sa veuve Bianca Acquaye) se sont lancés dans une rétrospective en tirages limités des Live du groupe berlinois, qui furent longtemps inédits avant que ne soit formé le projet Tangerine Trees**.
Pour la troisième année consécutive, voici que nous parvient un concert inédit en vinyle, le Live In Paris, Palais des Congrés. Précisons-le d'emblée : ce concert dans la capitale française n'est destiné qu'au fan le plus au fait de la carrière à multi-facettes de TANGERINE DREAM. Si vous êtes un simple curieux désireux de découvrir la formation berlinoise dans ses performances scéniques, optez impérativement pour Ricochet (1975) ou Encore (1977), deux live mythiques autrement plus convaincants et représentatifs du style musical pratiqué par le trio légendaire Edgar Froese, Christopher Franke et Peter Bauman.
L'intérêt majeur de ce live au Palais des Congrés réside principalement dans son année de production, c'est-à-dire 1978, soit l'année la plus controversée dans la carrière du groupe, dont l'objet du délit se nomme Cyclone, le 8ème album succédant au départ inattendu de Peter Bauman et intervenu juste après la tournée américaine ayant donné lieu au Live Encore unanimement prisé des fans. Remplacer Peter Bauman, membre le plus jeune du trio légendaire, ne fut pas une mince affaire : il était au sein de TANGERINE DREAM le 'petit génie' susceptible de faire de l'ombre à Edgar Froese. Il fallut au leader berlinois reconsidérer la formule de son groupe qui, de trio initial, devint contre toute attente, et pour l'unique fois de sa longue histoire, un quatuor caractérisé par l'arrivée de Klaus Krüger au poste exclusif de batteur et celle de Steve Joliffe à ceux de vocaliste, flûtiste et clarinettiste. La présence d'un batteur (au sens traditionnel du terme) et d'un chanteur rapprochait un peu plus TANGERINE DREAM de n'importe quelle formation de pop-rock, l'électronique, base essentielle de sa musique depuis Phaedra (1974), se voyant reléguée au second plan, comme s'il s'agissait d'un choix d'arrangement. Il est évident que la dimension plus rock progressif de la première face du vinyle avait totalement décontenancé et déçu les fans d'origine qui considéraient le choix d'une musique plus conventionnelle, selon les critères en vigueur dans la sphère pop-rock, comme une véritable trahison, la capitulation inacceptable d'un groupe renonçant à ses nobles et fascinantes ambitions avant-gardistes***.
Trois mois après cet album de la discorde, le groupe se devait de défendre la nouvelle formule par une tournée européenne passant notamment par Paris, le 6 mars 1978, et c'est de cette date que provient l'enregistrement sur lequel s'appuie ladite chronique, bénéficiant pour la première fois d'une édition officielle.

Le chant de Steve Joliffe est évidemment l'élément le plus contesté de la nouvelle mouture de TANGERINE DREAM. Ce musicien anglais en effet n'avait aucune prédisposition à ce poste et force est de reconnaître que son chant ne présente aucun atout remarquable, si ce n'est son choix de la glosolie**** qui lui permet de traiter sa voix comme un instrument.
Ce soir-là, au Palais des Congrés, Steve Joliffe ne reconduit pas sa performance de l'album dans le sens où il ne chante pas vraiment, mais pousse des vocalises peu inspirées et disséminées tout au long d'un concert dont il ne constitue pas à l'évidence l'atout majeur. Dans le livret accompagnant le coffret 3 vinyles, Steve Joliffe souligne d'après ses souvenirs la relation tendue entre Edgar Froese et lui, et qui explique pourquoi le chanteur improvisé n'a pas survécu à cette tournée. L'écoute de ce live 'bootleg' n'est pas à l'honneur de Joliffe dont les interventions vocales ne s'harmonisent jamais avec la musique déployée par les autres membres, encore moins bien qu'au sein de Cyclone. Le fait que Steve Joliffe intervienne très sporadiquement au cours du concert semble une volonté d'Edgar Froese de limiter son chanteur qu'il juge certainement incompétent, du moins peu adapté à sa musique.
Jusqu'à Cyclone, toutes les tournées offraient des concerts totalement improvisés, de sorte que le public écoutait une musique inédite ; dans la tournée européenne qui a suivi le 8ème album, l'improvisation disputait l'espace musical à d'autres passages fortement charpentés, souvent construits sur l'une des séquences rythmiques entendues dans l'album. C'est ainsi que le long titre de la face B, “Madrigal Meridian” constitue la base d'une partie du concert, plus précisément le 'set 2' où les séquences mémorables de Christopher Franke dialoguent efficacement avec la batterie de Klaus Krüger. C'est dans ses nombreuses parties instrumentales que le live se montre le plus convaincant, à condition de faire le deuil d'une musique éthérée et onirique qui privilégie désormais une assise rythmique rock. Les séquences de Christopher Franke, l'une des caractéristiques les plus mémorables de la musique du groupe, semblent avoir perdu une part significative de leur invention, au profit d'une efficacité à toute épreuve dont on peut encore féliciter le deuxième membre le plus ancien. Quant à Steve Joliffe, s'il ne brille pas vocalement, il se rattrape lors des passages flûtés où sa panoplie d'instruments à vent, le plus souvent électriques, s'en donne à coeur joie, conférant à la musique créée un aspect relativement jazzy.

Le coffret contient 3 vinyles, les premier et deuxième constituant les set 1 et 2 du concert, le troisième, intitulé “Encore”, comprenant les rappels à la fin du concert, soit une trentaine de minutes supplémentaires où Edgar Froese laisse le champ libre à ses improvisations guitaristiques, plutôt intéressantes quoique peu variées comme à son habitude.
L'ennui du format vinyle réside dans le découpage du concert, qui se voit obligé de scinder en deux chaque set, de même que le rappel. Couper en deux un set de 40 minutes aboutit à un 'fondu au noir' à la fin de chaque face des vinyles. Ce n'est pas fait pour arranger le confort d'écoute. Une version numérique 'officielle' du concert aurait évité cet écueil peu pratique.
Il s'agit d'un concert anecdotique sur le plan artistique, ni vraiment mauvais ni vraiment bon. Quelques passages plus intéressants, surtout quand Joliffe ne vocalise pas, compensent à peine ceux où la sauce ne prend jamais franchement.


*vinylophiles : que les défenseurs du vinyle veuillent bien me pardonner ce bien inoffensif barbarisme !

**Tangerine Trees : Pour tout renseignement au sujet de cette banque de données archivées de live du groupe, je vous renvoie à la chronique que Forces Parallèles a consacrée au Live at Reims Cathedral de TANGERINE DREAM.

***ses ambitions avant-gardistes : Au fil des décennies cependant, Cyclone a été réhabilité par les auditeurs qui en apprécient le dosage intéressant d'électronique et de rock progressif.

****Glosolie : La glosolie est un chant qui s'appuie sur un langage improvisé et inventé, à la manière d'Elisabeth Fraser et de Lisa GERRARD. On compare souvent ce chant au babil des nourrissons.

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   AIGLE BLANC

 
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- Edgar Froese (claviers, synthétiseurs, guitare, mellotron)
- Christopher Franke (claviers, synthétiseurs, sequenceurs)
- Klaus Krüger (batterie)
- Steve Joliffe (chant, flûte)


- vinyle 1
1. Paris Set One (part 1)
2. Paris Set One (part 2)
- vinyle 2
3. Paris Set Two (part 1)
4. Paris Set Two (part 2)
- vinyle 3
5. Paris Encore One
6. Paris Encore Two



             



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