TANGERINE DREAM est une bonne illustration du proverbe "L’enfer est pavé de bonnes intentions". En effet, alors que le groupe d’Edgar Froese n’a plus rien fait d’au moins correct depuis Underwater Sunlight (1986) ou, dans une moindre mesure, Optical Race (1988), il lui est arrivé, dans les années 90, de proposer des choses sortant de l’ordinaire à ses fans. Citons par exemple les Dream Mixes, une série d’albums où Jerome Froese, le fils du taulier, réactualise la musique de T.D en la mettant au diapason de l’électro contemporaine. Ça vaut ce que ça vaut, mais au moins il y a du neuf qui est proposé. C’est pareil avec l’album dont il est question ici, à savoir Ambient Monkeys.

En fait, Ambient Monkeys est un album qui n’était pas censé voir le jour. Pour comprendre sa genèse, il faut savoir qu’en 1997, TANGERINE DREAM ouvrait ses concerts avec de la musique originale, a priori jamais entendue sur album jusque-là. Cela a suffi pour que les fans réclament une publication en bonne et due forme sur CD ; chose que, étonnamment, Froese a accepté de faire. Pourquoi pas. Selon notre degré de cynisme, on peut y voir une volonté sincère de faire plaisir ou bien une stratégie de fidélisation à l’extrême.

Alors que les idées de fans sont rarement bonnes (pour ne pas dire franchement nulles), Ambient Monkeys s’impose comme la bonne surprise qu’on n’attendait pas forcément. En plus d’être relativement court par rapport aux autres sorties récentes du groupe (45 minutes quand même), il arbore une musique certes grandement retravaillée pour l’occasion mais qui n’en reste pas moins solide et pertinente, dotée d’une production ample et généreuse mettant en avant des sons à la fois dynamiques et apaisants, prérequis d’une importance considérable quand on prétend faire du bon ambient ou affilié. Oui, je l’affirme : on tient là l’un des meilleurs opus du TANGERINE DREAM des années 90. Je dirais même qu’avec de meilleures compositions, on aurait quelque chose de tout aussi solide que la période Haslinger.

Hélas, Ambient Monkeys n’est toujours pas le sacro-saint sauveur de TANGERINE DREAM. La globalité de l’album est plaisante à écouter, mais il n’y a rien qui accroche durablement l’oreille. Enfin, je mens un peu là : la moitié de l’album consiste soit en des reprises de musiciens classiques (BACH, HAENDEL, MOZART), soit en des remixes issus d’autres albums. Quelle surprise ainsi de trouver çà et là des extraits de la période Haslinger ou, pire, de Green Desert (1986) ! Comme on s’en doute, on ne tient pas là le haut du panier, et à moins d’être amateur de musique facile ou de vouloir simplement avoir quelque chose en arrière-plan, dire qu’on est en présence de bonne musique s’avère tout sauf une évidence.

Je ne chargerai pas la mule plus longtemps, étant donné que Ambient Monkeys est un album mineur et suffisamment agréable pour ne pas s’acharner dessus. Gardons à l’esprit que c’est une idée de fan suffisamment intelligente pour être acceptée mais que malgré des qualités indéniables il reste avant tout un album mineur, incapable de montrer TANGERINE DREAM sous le meilleur des jours.