Recherche avancée       Liste groupes



      
COSMIC MUSIC  |  STUDIO

Commentaires (3)
Questions / Réponses (2 / 5)
L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Baldocaster, Terry Riley , Lapre, Nektar, Steve Roach , Ashra, Manuel GÖttsching
- Membre : Richard Wahnfried , The Cosmic Jokers , Agitation Free, Sergius Golowin , Walter Wegmüller , Klaus Schulze
- Style + Membre : Michael Hoenig , Johannes Schmoelling, Peter Baumann , Ash Ra Tempel, Popol Vuh, Edgar Froese
 

 Tangerine Dream Official Website (1325)

TANGERINE DREAM - Atem (1973)
Par ARP2600 le 24 Août 2011          Consultée 6741 fois

Au sujet d'Atem, je ne veux pas y aller par quatre chemins. Je considère cet album comme une des œuvres d'art les plus importantes du vingtième siècle. Je la compare volontiers à diverses créations de compositeurs reconnus. La compréhension d'Atem m'a apporté la certitude que le plus grand art peut surgir dans n'importe quel style, dans à peu près n'importe quelles conditions de conception. Et pour cette raison, j'ai tendance à éprouver peu de sympathie pour le milieu à la fois élitiste et snob de la musique contemporaine. Mais foin de ces considérations, j'ai envie d'être positif au sujet de cette œuvre que j'aime vraiment.

La musique de TANGERINE DREAM, partie du rock expérimental, est devenue de plus en plus abstraite et électronique. L'arrivée en 1972 du tout jeune et très inventif Peter Baumann auprès d'Edgar Froese et de Chris Franke a stabilisé le groupe qui a alors publié plusieurs de ses meilleurs albums. A commencer par Zeit, dont le caractère hermétique est un aboutissement en soi, mais ils allaient donner une dernière évolution à leur style avec Atem, avant la révolution du séquençage. Tout d'abord, leur maîtrise des instruments électroniques se développant d'année en année, nous trouvons ici un raffinement particulier des sons, essentiellement vers plus de douceur par rapport à Zeit. En conjugaison avec cela, la plus grande partie d'Atem est très lente, très ambiante. Pour être plus précis, on rencontre une densité de notes étonnamment faible, la musique restant pourtant cohérente. Le tout me donne une sensation de fragilité et de grâce que je ne rencontre nulle part ailleurs, contrebalancée par une harmonie très peu tonale et une quasi absence de mélodie dans les passages les plus calmes. Je concède volontiers que ce genre de musique donnera avant tout une sensation de malaise à la plupart des auditeurs. Il m'a d'ailleurs fallu plusieurs écoutes pour ressentir la portée de l’œuvre, c'est une musique très peu convenue bien que plus intuitive que les précédents TANGERINE DREAM.

La première face est occupée par le morceau-titre qui dure un peu plus de vingt minutes. Il ne faut pas se fier à l'introduction assez pompeuse avec des toms réguliers. Très vite, ça devient plus nerveux et déconcertant, rappelant même certains passages d'Electronic Meditation. Ensuite, après un peu plus de cinq minutes, tout devient calme comme je l'ai décrit au-dessus. Ce quart d'heure-là en particulier est une des plus belles choses que je connaisse. D'une beauté qui n'est pas de ce monde, mais c'était bien le principe de la tendance cosmique du krautrock. Chaque fois que je prends la peine d'écouter ce passage sans rien faire d'autre, j'en ressors très songeur. L'idéal est de l'écouter dans l'obscurité et même pourquoi pas sous un ciel étoilé, pour pouvoir réfléchir à notre place dans l'univers... Précisons encore que 'Atem' signifie 'souffle' en allemand, ce qui correspond bien à la légèreté aérienne du morceau.

Après ce moment d'éternité, la deuxième partie se compose de trois morceaux, de plus en plus courts, de plus en plus dynamiques. "Fauni Gena", qui dure environ dix minutes, est encore très calme, mais avec des éléments mélodiques un peu plus emmêlés et lancinants. C'est probablement le maillon faible de l’œuvre, mais il est au bon endroit pour tenir ce rôle. Il s'agit aussi du moment le plus inquiétant, surtout pour des raisons harmoniques. "Circulation of Events" est un nouveau passage fabuleux. Ce morceau au titre délicieusement abstrait est plus dense que le précédent, avec des notes très appuyées donnant cette impression de mouvement. J'ai toujours trouvé ceci liquide, par opposition au caractère gazeux de la première face. La fin du morceau présente un début d'utilisation du séquenceur, un signe avant-coureur de l'évolution du style du groupe. L'album se termine avec "Wahn", ce qui signifie 'illusion'. On peut être assez étonné de rencontrer ces onomatopées qui ne sont pas du plus grand sérieux mais que je ne trouve pas ridicules pour autant. Les voix laissent ensuite la place à une mélodie plutôt simple ponctuée de percussions au rythme complexe. Je considère "Wahn" comme le réveil qui permet de sortir sans difficulté de la séance d'écoute.

Parlons encore de la réception du disque et de son importance pour la suite de la carrière du groupe. Il se fait que John Peel, célèbre D.J de la BBC, a dû être d'un avis proche du mien, car il a fait une belle promotion d'Atem l'année-même de sa sortie. C'est ainsi qu'ils ont ensuite décroché un contrat en Angleterre, chez Virgin où il allaient publier leurs albums les plus célèbres. Si j'aime énormément le style séquencé qu'ils allaient développer dans cette deuxième époque de leur carrière, je considère qu'ils n'ont plus jamais atteint la même pureté artistique. J'aime encore penser qu'ils ont volontairement choisi une toute nouvelle piste après s'être rendu compte qu'ils avaient créé leur chef-d’œuvre, mais là je m'avance un peu trop. Que dire de plus, sinon que j'incite tout le monde à le découvrir? A notre époque plus matérialiste que jamais, où tout doit être rapide et instantané et où l'écoute de la musique est de plus en plus désacralisée, beaucoup auront des difficultés à l'apprécier, mais il faut l'avoir entendu au moins une fois.

A lire aussi en MUSIQUE ÉLECTRONIQUE par ARP2600 :


Klaus SCHULZE
Moondawn (1976)
L'apogée des synthétiseurs analogiques

(+ 1 kro-express)



TANGERINE DREAM
Force Majeure (1979)
Pour changer, du TD un peu prog


Marquez et partagez





 
   ARP2600

 
   AIGLE BLANC
   WALTERSMOKE

 
   (3 chroniques)



- Edgar Froese
- Chris Franke
- Peter Baumann


1. Atem
2. Fauni Gena
3. Circulation Of Events
4. Wahn



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod