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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  E.P

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- Style : Zanov, Ashra, Manuel GÖttsching , Steve Roach , Nektar, Lapre, Terry Riley , Baldocaster, Zadri & Mo, John Carpenter
- Membre : Walter Wegmüller , Sergius Golowin , Richard Wahnfried , The Cosmic Jokers , Agitation Free, Klaus Schulze
- Style + Membre : Peter Baumann , Ash Ra Tempel, Popol Vuh, Michael Hoenig , Johannes Schmoelling, Edgar Froese
 

 Tangerine Dream Official Website (1409)

TANGERINE DREAM - Probe 6-8 (2021)
Par AIGLE BLANC le 9 Mars 2022          Consultée 1416 fois

TANGERINE DREAM serait-il un groupe immortel ? C'est ce que donne à penser la sortie imprévue de l'E. P, Probe 6-8 (2021), comme une mise-en-bouche avant la parution du nouvel album, Raum (2022). L'entité créée par Edgar Froese en 1967 s'avère, depuis l'origine, d'une extraordinaire vitalité, au diapason de sa longévité hors-du-commun, que confirme une discographie monumentale composée d'une quarantaine d'albums auxquels s'ajoutent de nombreux Live (Encore, Logos, Poland...), des projets ambitieux et originaux (la trilogie opératique d'après l'oeuvre éponyme de Dante Alighieri ; la pentalogie saisonnale -Springtime in Nagasaki, Summer in Nagasaki, Autumn in Hiroshima, Winter in Hiroshima et The Endless Season ; la série d'adaptations musicales d'oeuvres poétiques -Edgar Allan Poe's Island of the Fay, 2011 / James Joyce's Finnegan Wake, 2011 ; Franz Kafka's The Castle, 2013 / Gustav Mayrink's The Angel From the West Window, 2011), des revisitations controversées de ses albums de référence (Phaedra 2005, Tangram 2008, Hyperborea 2008) ; un album de reprises (Under Cover, 2010), sans oublier la série récréative des Dream Mixes (I, II, III, IV & V) où Edgar Froese et son fils Jerome s'amusent à remixer des titres de TANGERINE DREAM à la sauce dance et techno.

Comme tous les groupes ou artistes essentiels de notre siècle et du précédent (Miles DAVIS et David BOWIE pour ne citer qu'eux), TANGERINE DREAM a vécu, et vit toujours, une véritable saga musicale, ayant atteint des sommets artistiques autant que traversé des plaines de médiocrité, subi des échecs cuisants et les départs fracassants (Klaus Schulze, Conrad Schnitzler, Peter Baumann, Christopher Franke...), les arrivées bienheureuses (Johannes Schmoeling, Jerome Froese, Thorsten Quaeschning) de ses innombrables membres ou invités, de passage ou en visite prolongée.
Son oeuvre a sillonné bien des périodes marquant toujours des refontes de la formation initiale tenue d'une main de fer par Edgar Froese : les débuts avant-gardistes inspirés de Karlheinz Stockausen surnommés The Pink Years (1970-73) ; puis la période dorée, celle des grandes fresques électroniques, chez Virgin (The Virgin Years, 1974-84) ; les Blue Years (1985-88) suite au départ de Johannes Schmoelling, le groupe poursuivant sa conquête du marché américain en simplifiant sa musique ; la période Melrose (1988-90), après le départ de Christopher Franke, Edgar Froese et le nouveau venu Paul Haslinger assumant en duo une carrière soumise au marché américain, les sonorités MIDI appauvrissant davantage une musique de plus en plus désincarnée. Durant la période Seatle (1991-95), TANGERINE DREAM devient un tandem familial, Jerome, fils d'Edgar Frose, intégrant officiellement la formation, la musique marquant une empreinte plus prononcée des guitares électriques, le fils et le père étant guitaristes de formation. Les deux dernières périodes, baptisées TDI et Eastgate, ont vu Edgar Froese se lancer dans une spirale infinie de recyclage de la musique de TANGERINE DREAM, au grand dam de ses fans les plus fidèles qui ont cru y lire le début de la fin.

Ce qui frappe aujourd'hui à la lecture du résumé ci-dessus, c'est l'incroyable productivité du groupe à laquelle même la mort d'Edgar Froese en 2015 ne semble pas être parvenue à mettre un terme. En effet, un premier album de ses derniers collaborateurs en date (la énième et plus récente formation du groupe), Quantum Gate, sorti en 2017 et très favorablement chroniqué par notre cher confrère Arp2600, avait montré l'amorce d'une reprise du flambeau. Mais, la mention d'Edgar Froese dans les crédits pouvait laisser croire que le nouveau line-up se contentait d'achever un disque commencé avec leur mentor, une façon de lui rendre un bien bel et émouvant hommage.
Or, depuis, après une série de concerts ininterrompus, entre 2017 et 2020, dont les enregistrements live Session I, II, III, IV, V, VI sont parus à leur tour chez Eastgate, force est de constater que Thorsten Quaeschning, Paul Frick et Hoshiko Yamane (actuelle incarnation de TANGERINE DREAM) sont sur le point de faire paraître un nouvel album et le font savoir par cet E. P. apte à illuminer le regard du fan de longue date. Connaissez-vous en effet beaucoup de groupes européens à la longévité outre-passant la mort de leur unique leader ? Si ce n'est pas vraiment une exception a priori dans le domaine du rock et de la pop, cela demeure franchement unique dans l'histoire du Krautrock.

Une écoute superficielle des 3 nouvelles compositions de Probe 6-8 ne manque pas de flatter les oreilles du fan originel qui se voit immédiatement propulsé dans les années 80, à l'époque des six excellentes années (1980-85) où l'ancien trio signait des albums solides et mélodieux. Tout se passe comme si Thorsten Quaeschning, Paul Frick et Hoshiko Yamane reprenaient les affaires là où les avait laissées Edgar Froese, Christopher Franke et Johannes Schmoelling après les albums White Eagle (1982) et Hyperborea(1983), la moyenne d'âge rajeunie de l'actuel trio expliquant sans doute le regain de fraîcheur -et de conviction- de la musique qui s'y voit déployée.
Cet E.P accueille le retour des séquences si caractéristiques de Chris Franke ainsi que celui, bienvenu, des belles textures sonores, chaudes et enveloppantes. Des élans d'onirisme se rapellent également à nos bons souvenirs, l'ensemble rendant un hommage émouvant et sincère à l'âme de ce groupe mythique. On apprécie aussi la fluidité dégagée par l'entrelacement des trois portées musicales du groupe, qui rappelle de belle manière la cohésion insurpassable de TANGERINE DREAM en matière de trio et d'arrangements. Les trois titres s'écoutent donc avec un plaisir non dissimulé.

Mais la satisfaction se voit amoindrie dès lors qu'on se penche plus en détail sur les titres de Probe 6-8 : "Raum", "Para Gu" et "Continuum", au-delà de leurs atours séduisants, plongent davantage dans les eaux tranquilles et inoffensives de l'Ambient que dans celles, autrement plus progressives et inventives, de la période Schmoelling. Il manque à ces trois compositions l'ossature qui rendait fascinants des titres épiques comme "Mojave Plan" (White Eagle) ou "Poland" (première partie du Live Poland -1984). Si n'était le choix de compositions inédites, l'actuelle incarnation de TANGERINE DREAM sonnerait presque comme les épigones doués de GENESIS et de PINK FLOYD qui gagnent leur vie en reproduissant à l'identique les concerts mythiques desdites formations.
L'autre déception est dévoilée par l'examen rapide des crédits qui mentionnent Edgar Froese comme co-musicien et co-compositeur des pistes "Raum" et "Para Gu", preuve que la nouvelle formation ne s'est pas encore libérée de la tutelle du membre fondateur de T.D et préfère finaliser des titres déjà travaillés avec son défunt mentor.
Cette critique peut-être un peu injuste ne doit pas masquer pour autant le réel talent ici à l'oeuvre, même si on préférerait que Thorsten Quaeschning et ses acolytes se montrent plus audacieux dans leur volonté de poursuivre l'odyssée de TANGERINE DREAM en n'hésitant pas à faire davantage confiance en leur sensibilité personnelle, quitte à lancer le navire dans une voie moins consensuelle et, par conséquent, à décevoir le fan passéiste.

Cet E. P, remarquable par la discrète mélancolie qui s'en dégage, se voit agrémenté de deux remixes de "Raum" et de "Continuum", le premier signé GRAND RIVER (alias Aimée Portioli), le second signé Sam BARKER, qui, par l'ajout d'autres couches de synthétiseurs, enrichissent les deux compositions sans les dénaturer mais en en proposant une version presque supérieure à celles de leurs modèles respectifs, du moins une version plus expressive.
L'album à venir va susciter, c'est certain, notre vive curiosité.

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   AIGLE BLANC

 
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- Edgar Froese (synthétiseur, séquenceur -titres 1, 2 & 4)
- Thorsten Quaeschning (synthétiseur, sequenceur)
- Hoshiko Yamane (violon, violon et alto électriques)
- Paul Frick (synthétiseur, sequencer)
- Aimée Portioli (remix de 'raum)
- Sam Barker (remix de 'continuum')


1. Raum
2. Para Gu
3. Continuum
4. Raum (grand River Remix)
5. Continuum (barker Remix)



             



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