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TANGERINE DREAM - Raum (2022)
Par AIGLE BLANC le 21 Juin 2022          Consultée 1046 fois

Contre toute attente, depuis le décès de son leader et démiurge Edgar Froese, TANGERINE DREAM, tel le phénix, renaît de ses cendres. Notre cher confrère Arp2600 a déjà chroniqué favorablement Quantum Gate, album sorti en 2017, qui voyait la plus récente formation du groupe (à savoir Thorsten Quaeschning, Paul Frick et Hoshiko Yamane) poursuivre l'une des aventures musicales les plus extraordinaires du 20ème siècle.
L'E.P Probe 6-8 (2021), venu annoncer l'actuelle parution du nouvel opus Raum (2022), avait plus rassuré les fans quant au potentiel du TANGERINE DREAM nouvelle formule que constitué une vraie promesse. Juste résultat des attentes modérées de cet E.P, Raum confirme autant les qualités musicales de la nouvelle équipe que les interrogations encore légitimes vis-à-vis de l'avenir du groupe. De même que Quantum Gate, la nouvelle offrande ne s'aventure pas encore à proposer du matériel totalement inédit. Certes, ses 7 compositions n'ont jamais été entendues auparavant (à l'exception de "Raum" et "Continuum" sélectionnées pour l'E.P), mais seules 4 d'entre elles portent la signature unique du nouveau trio Thorsten Quaeschning-Paul Frick-Hoshiko Yamane, Edgar Froese demeurant quant à lui co-signataire des 3 autres pistes. En réalité, le fondateur de TANGERINE DREAM avait eu le temps de travailler avec ses jeunes partenaires les nouvelles compositions de l'opus à venir, avant que son décès ne le laisse en friche. Ce n'est donc pas encore un album intégralement assumé que nous livre l'actuelle incarnation du groupe.

Sans doute conscient des errements des dix dernières années, Edgar Froese semblait avoir décidé de mettre un terme au recyclage souvent paresseux dont était coutumière sa musique, au profit d'une musique plus intègre, inspirée, du fait de ses sonorités, par la première moitié des années 80, période en effet riche et féconde au demeurant.
Parmi les pièces auxquelles il a apposé son empreinte, "Portico" s'appuie essentiellement, du moins dans sa première partie, sur des rythmes syncopés lui conférant une tension sourde, à la manière d'une alarme qui débuterait en douceur avant de monter graduellement en intensité, autant de réminiscences d'une époque pourtant guère appréciée des fans du groupe. En effet, ce titre aurait pu présider à la B.O de Miracle Mile. Il est dommage que les rythmes syncopés s'effacent dans un second temps au profit d'une plage ambient uniquement constituée de nappes de claviers uniformes sur la seule base desquelles "Portico" s'éteint en douceur.
L'autre composition à laquelle a collaboré Edgar Froese, "What You Should Know About Endings" est plus complexe dans sa façon de superposer plusieurs strates musicales, mais le résultat reste peu ou prou le même. Sur un rythme suspendu étrange, les séquences s'empilent de façon subtile et envoûtante. En l'état, c'est-à-dire avec sa durée relativement modeste (6:55), cette composition sert plus ou moins d'introduction à l'une des pièces maîtresse de l'album, celle qui lui donne également son titre : "Raum" délivre un festival de séquences magnifiquement gérées, qui renvoient de fort belle manière au meilleur des années 80 voire au Rubycon (1975) d'auguste mémoire, pour l'ahurissant arrière-plan cosmique. Ses 14:54 minutes s'écoulent avec une fluidité exemplaire, qualité dont peu d'artistes de la sphère électronique peuvent lui contester l'excellence.

C'est avec les quatre autres compositions que la nouvelle formule en trio de TANGERINE DREAM démontre son savoir-faire et son potentiel musical. Le titre d'ouverture, "Continuum" (déjà présent dans l'E.P), réactive des réminiscences de l'époque de Risky Business, la célèbre B.O du film culte ayant valu à Tom Cruise de devenir la star qu'il n'a jamais cessé d'être depuis. On y retrouve avec plaisir les séquences hypnotiques, en suspension, dont Christopher Franke avait le secret. Sans être d'une originalité folle, ce titre aux textures sonores soignées enveloppe l'auditeur dans un flux continu de 'coolitude", marque de fabrique du TANGERINE DREAM des 80's.
Avant le conclusif et réussi "Raum", "In 256 Zeichen" s'offre comme l'autre pièce maîtresse de l'album, déjà par sa durée frôlant les 20 minutes, organisée selon 3 parties que la fluidité des enchaînements rend invisibles. D'abord, c'est une introduction minimaliste dans la pure tradition de l'ambient, dénuée de la moindre percussion. Les claviers y distillent des éclats cristallins qui me font penser aux belles ambiances que délivrait le guitariste Robin Guthrie dans sa collaboration avec Harold Budd. Cette entrée en matière magique se voit enchaînée à une deuxième partie à laquelle s'intègre subtilement le violon de Hoshiko Yamane en même temps que débute une séquence percussive typique du son TANGERINE DREAM, en apesanteur totale, que soutient en arrière-plan une nappe de claviers éthérée. Enfin, les accords pulsés d'un synthétiseur, écho de ceux qui introduisaient "Sphinx Lightning", emmènent la partie finale, plus mélodique, aux confins d'une composition climatique non dénuée d'une certaine nostalgie, le titre demeurant des plus doux. C'est une atmosphère cristalline de nouveau, merveilleuse et onirique, qui sert de conclusion à cette pièce assez belle mais non dénuée de longueurs.
"You're Always On Time" est le titre le plus accessible et le plus pop également (toutes proportions gardées), construit sur le schéma classique du Couplets/Refrain, les couplets contrastant avec le refrain par la présence d'un son de basse assez menaçant, quand le refrain se veut lyrique et dégageant une émotion sincère obtenue par une mélodie des plus simples et sobre. La composition ne saurait toutefois détenir le potentiel d'un 'single' à cause des tensions inhérentes entre l'évidence du refrain lyrique et le caractère plus anxiogène, plus sournois, des couplets, une telle hésitation perturbant son confort d'écoute.
"Along the Canal" se présente comme le titre le plus schulzien de l'album par son emploi des séquences modulées jouant efficacement avec les graves. Là encore, peu de développement, l'art consistant à gérer les séquences en leur imprimant un effet torsadé des plus hypnotiques.

Il est indéniable que Raum est un bon album de TANGERINE DREAM, qui poursuit judicieusement et avec respect l'oeuvre protéiforme de son mentor Edgar Froese. Nulle faute de goût n'est à déplorer. La musique exécutée ici s'impose par sa fluidité et cette façon si particulière de créer le sentiment d'un léger flottement que la répétition conduit jusqu'à l'hypnose. Thorsten Quaeschning, Paul Frick et Hoshiko Yamane ont accompli un très beau travail qui passe par l'osmose des synthétiseurs et l'agencement des sons toujours réalisé avec finesse et justesse.
Mais de tels savoir-faire et talent s'adressent davantage aux fans de longue date, qui ne peuvent qu'être séduits, qu'aux jeunes auditeurs d'aujourd'hui qui risquent de trouver l'ensemble bien terne ou trop uniforme, trop axé sur les atmosphères éthérées et pas assez sur les rythmes. Raum souffre en réalité de ne jamais dévier de sa zone de confort, le nouveau trio ne parvenant pas à s'extraire d'une frilosité l'empêchant de réellement décoller et, par conséquent, d'emporter l'adhésion enthousiaste de l'auditeur. Raum ne dépasse jamais le stade d'une musique agréable, au détriment de ce qui faisait pourtant le charme et l''efficacité du groupe originel, c'est-à-dire son audace, ses digressions rock surgissant au coeur-même de ses moments les plus ambient, ses explosions imprévisibles de folie, en résumé son caractère éminemment progressif et aventureux. Il manque à cette formule de TANGERINE DREAM l'instinct nécessaire à toute musique authentique qui se respecte. Le trio actuel gagnerait à se laisser porter vers plus de folie, du moins à intégrer des dérapages contrôlés au sein de ses nouvelles compositions qui, en l'état, sentent trop l'application du très bon élève qu'inhibe encore l'emprise du maître. Le groupe s'épanouira et convaincra son auditoire le jour où, s'émancipant de son mentor, il s'exprimera par sa propre musique, même si elle doit décevoir le fan le plus conservateur. Espérons que Quaeschning-Frick-Yamane voleront un jour de leur propres ailes, offrant à TANGERINE DREAM le visage de son avenir, et plus celui de son passé.

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   AIGLE BLANC

 
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- Thorsten Quaeschning (synthétiseur, séquenceur, piano)
- Paul Frick (synthétiseur, séquenceur, piano)
- Hoshiko Yamane (violon, alto et violon électriques)
- Edgar Froese (synthétiseur, séquenceur)


1. Continuum
2. Portico
3. In 256 Zeichen
4. You're Always On Time
5. Along The Canal
6. What You Should Know About Endings
7. Raum



             



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