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 Tangerine Dream Official Website (1408)

TANGERINE DREAM - Wavelength (1983)
Par AIGLE BLANC le 13 Avril 2017          Consultée 1809 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Les rendez-vous de TANGERINE DREAM avec le 7ème art, aussi évidents soient-ils sur le plan historique (s'il est bien un groupe qui ne pouvait pas passer à côté du cinéma, c'est lui), conduisent malheureusement tous au même inexorable ratage qui explique pourquoi le fameux trio berlinois, créateur d'une musique incroyablement imaginative, ne jouit pourtant pas de la même réputation qu'un VANGELIS.
Ce n'est pas faute d'avoir croisé quelques grands noms du cinéma. Mais, malédiction réitérée, quand William Friedkin, auréolé des deux succès planétaires French Connection (1971) et L'exorciste (1973), convoque le groupe d'Edgar Froese pour composer le score de son nouveau film Sorcerer (Le Convoi de la Peur, 1977) ; quand Michael Man demande à TANGERINE DREAM de traduire musicalement les pulsations nocturnes de son polar Thief (Le Solitaire, 1981) ainsi que les effluves du mal échappées de sa forteresse roumaine dans son seul et unique film fantastique The Keep (La Forteresse Noire, 1983) ; quand Ridley Scott, à destination du public américain, se voit contraint de confier la bande originale de son conte de fée Legend (1985) au groupe allemand, le public européen ayant eu droit quant à lui au score splendide de Jerry GOLDSMITH ; quand Katryn Bigelow, réalisatrice musclée du célèbre Point Break, lui confie à son tour le soin de traduire en musique la mélancolie de ses vampires à la dérive dans Near Dark (Aux Frontières de l'Aube, 1987), c'est presque toujours l'échec commercial qui sanctionne ces belles collaborations. Tous ces films sont considérés aujourd'hui au mieux comme mineurs dans la carrière de ces réalisateurs réputés, au pire comme ratés.
Comble de l'ironie : Friedkin affirme que s'il avait connu le groupe allemand à l'époque de L'Exorciste (1973), il l'aurait embauché pour la musique. Ridley Scott aurait pu de même choisir TANGERINE DREAM pour Blade Runner.

Comme le rappelle ce résumé, TANGERINE DREAM n'a signé la B.O d'aucun classique du 7ème art, contrairement à VANGELIS (Blade Runner, 1492). Le groupe allemand a même, sur un rythme hallucinant, accumulé durant les années 80 les films médiocres de réalisateurs de bas étage.
Wavelength (Onde de Choc, 1983) appartient à cette catégorie, obscur film de science-fiction plombé par un scénario ultra-convenu et flirtant dangereusement avec le ridicule. C'est bien simple, ce film américain n'a eu droit à aucune distribution en France.
Le score de TANGERINE DREAM, comme c'est souvent le cas, vaut mieux que le film en lui-même. De toutes ses B.O, Wavelength est la plus riche et la plus variée du point de vue des climats abordés. Sans être un chef-d'oeuvre, elle met parfaitement en valeur le talent du groupe à mettre en scène des ritournelles à la naïveté rafraîchissante ("Mojave End Title") qui accompagnent avec bonheur et tendresse l'odyssée attachante de ces enfants extraterrestres poursuivis par l'armée ou, à l'opposé, à créer des climats anxiogènes ("Airshaft" et son atmosphère plombante particulièrement réussie, à coups de pulsations métalliques qu'appuient d'impressionnantes stridences de synthé), voire à délivrer des moments d'émotion pure ("Church Theme") ou à distiller de belles atmosphères poétiques ("Healing", "Breakout", "Alley Walk", "Cyro Lab"). La variété des textures, grâce à une utilisation toujours inventive des claviers électroniques, confère même une vraie personnalité à ce score d'un film au demeurant insipide.

La réussite est d'autant plus honorable que le groupe, au sein de l'industrie hollywoodienne, doit se plier à des contraintes temporelles drastiques. Alors que le génie de TANGERINE DREAM ne s'est jamais mieux exprimé qu'au travers d'amples fresques sonores, le voici ici contraint à donner le meilleur de lui-même dans des titres ramassés de moins de 4 minutes. Les 16 pistes de cette B.O rassurent quant à la capacité du groupe à s'adapter au format court. Certes, l'ensemble donne l'impression d'écouter 16 maquettes inachevées, défaut largement compensé par la puissance d'une musique qui délivre des miniatures atmosphériques d'une intense expressivité. Il est clair qu'avec une telle matière le DEPECHE MODE de Speak & Spell aurait puisé l'équivalent de trois albums bien remplis.

On peut aussi regretter l'impression d'un fourre-tout tant le groupe ici pioche des idées à ses albums antérieurs (à Tangram et à Exit notamment), soit qu'il reprenne des titres dans une version abrégée (le célèbre "Silver Scale" devient ici le beau "Spaceship"), soit qu'il s'inspire de climats déjà abordés ailleurs qu'il remixe et juxtapose avec talent ("Alien Goodbyes"). Or, cela confère à Wavelength la densité d'un Best Of. L'auditeur néophyte est invité à parcourir l'oeuvre du groupe, chaque titre lui en dévoilant une facette. Et le moins que l'on puisse en juger, d'après l'album, c'est la richesse de la palette sonore déployée (comme dans "Running Through The Hills"). Les amateurs de la série Music For Films de Brian ENO devraient se lover sans problème dans ces 16 pistes ambient de haute volée.

Il est par ailleurs un point positif de Wavelength qui, contrairement à l'écrasante majorité des B.O, ne contient pratiquement aucun doublon : aucun thème ici ne se voit répété, à l'exception du "Mojave End Title". Les 16 pistes du disque explorent donc bien 15 thèmes différents, ce qui favorise l'intérêt et le confort d'écoute. Ne pas connaître le film ne constitue pas un handicap : la musique de TANGERINE DREAM, comme celle de PINK FLOYD, a en effet toujours eu un immense pouvoir évocateur, une capacité à générer des images mentales par sa seule force. Wavelength en est pour ainsi dire un exemple frappant.

Ce score qui s'écoute avec grand plaisir est conseillé à tout amateur de musique électronique qui appréciera le voyage mystérieux et envoûtant auquel il le convie.

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   AIGLE BLANC

 
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- Edgar Froese (claviers électroniques)
- Christopher Franke (claviers électroniques)
- Johannes Schmoelling (claviers électroniques)


1. Alien Voices
2. Wavelength Main Title
3. Desert Drive
4. Mojave End Title
5. Healing
6. Breakout
7. Alien Goodbyes
8. Spaceship
9. Chruch Theme
10. Sunset Drive
11. Airshaft
12. Alley Walk
13. Cyro Lab
14. Running Through The Hills
15. Campfire Theme
16. Mojave End Title Reprise



             



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