Celui-ci est typiquement une œuvre d'Edgar Froese maquillée en album de TANGERINE DREAM, au moins il ne s'en est pas trop caché cette fois. Après son Dalinetopia sorti en 2005, Froese comptait apparemment publier quelques autres disques sous son nom, et tout d'abord ce Views From a Red Train initialement programmé pour 2007, mais il a dû se dire qu'il en vendrait plus sous le nom du groupe. Il a donc (un peu) impliqué Thorsten Quaeschning, Linda Spa et Iris Camaa pour quelques pointes de percussions et d'instruments à vent, plus un assistant guitariste car c'est le thème de l'album, et celui-ci est finalement sorti au début de 2008.

Le titre laisse entrevoir un concept comparable à celui du vieux Macula Transfer, c'est-à-dire un Froese inspiré par des impressions de voyage. C'est sans doute plus ou moins le cas. D'ailleurs, il a toujours été inspiré par des situations de sa vie personnelle (ce qui explique sans doute les titres sibyllins de nombreuses plages), mais il y a aussi une volonté d'exprimer certaines opinions, apparemment. Ainsi, son épouse Bianca Acquaye a rédigé (seule ou avec Edgar, c'est difficile à dire) de petits textes pour chaque chanson. Rien de très intéressant, vraiment, on sent une philosophie new-age un peu nunuche dans tout ça. Citons juste que "Nutshell Awakening" est un hommage au physicien Stephen Hawking.

Froese a décidé de ressortir sa guitare pour ce disque, ce qu'il n'avait pas fait à ce point depuis le sinistre Rockoon et son pendant live 220 Volt. Heureusement, le niveau est un peu plus élevé que sur l'album de 92, on peut en remercier la technologie des années 2000 : les sons sont beaux et la production suffisamment détaillée pour qu'on échappe à la bouillie sonore. On peut vraiment parler de rock électronique, la rythmique est bien marquée et la plupart des plages présentent des soli de guitare qui rappellent ceux de Force Majeure. Il y a aussi quelques voix féminines angéliques, sans-doute samplées, mais rien d'envahissant comme sur Madcap.

Pas de quoi crier au génie pour autant. On pense à divers albums plus ou moins anciens. Les rythmiques rappellent White Eagle et Mars Polaris, certaines ambiances des disques comme Live Miles, rien d'original. Les plages les plus chouettes sont sans doute "Leviathan" et "One Night in Space", voire "Fire on the Mountain". "Hunter Shot by a Yellow Rabbit" présente une envolée bien plus convaincante que son titre. D'autres titres tirent l'ensemble vers le bas, surtout "Passing all Signs" et son absence de rythme et le final vaseux "Sound of a Shell". On peut encore dire que la plupart des plages sont sympas individuellement mais qu'écouter le tout pendant 77 minutes est plutôt lassant. Bref, pas le pire des TANGERINE DREAM en mode rock, mais un ensemble longuet et bien anodin qui montre à quel point Froese a dilué son talent dans ses dernières années.