Recherche avancée       Liste groupes



      
MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  B.O FILM/SERIE

L' auteur
Acheter Cet Album
 


 

- Style : Baldocaster, Terry Riley , Lapre, Nektar, Steve Roach , Ashra, Manuel GÖttsching
- Membre : Richard Wahnfried , The Cosmic Jokers , Agitation Free, Sergius Golowin , Walter Wegmüller , Klaus Schulze
- Style + Membre : Michael Hoenig , Johannes Schmoelling, Peter Baumann , Ash Ra Tempel, Popol Vuh, Edgar Froese
 

 Tangerine Dream Official Website (1324)

TANGERINE DREAM - Near Dark (1987)
Par AIGLE BLANC le 20 Novembre 2015          Consultée 2041 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Near Dark est la dernière musique de film de TANGERINE DREAM à laquelle a collaboré Chris Franke avant que le batteur ne lâche le groupe après 16 ans de bons et loyaux services. Edgar Froese n'a jamais 'encaissé' ce qu'il estime la trahison de son acolyte.

Chris Franke a eu l'occasion d'expliquer les raisons de son départ fracassant : il ne supportait plus la tournure des événements depuis que TANGERINE DREAM avait conquis le marché américain. Il a fustigé notamment le rythme infernal du cahier des charges auquel le groupe avait dû se plier pour satisfaire la demande des studios de cinéma. Au cours des années 80, le trio berlinois a signé un nombre exponentiel de bandes musicales pour des films globalement plutôt médiocres, certains n'ayant jamais été distribués à l'étranger voire ayant subi un échec commercial cinglant comme ce fut le cas de l'unique film fantastique de Michael Mann, The Keep (La Forteresse Noire, 1983).

L'écoute des B.O. auxquelles a collaboré Chris Franke lui donne raison. En effet, au fil des années, la musique du groupe, compressée par le rouleau uniformisant de l'industrie cinématographique hollywoodienne, avait perdu tout ce qui faisait sa richesse et sa personnalité. Et Near Dark, film intéressant quoique bancal de Kathryn Bigelow (Rappelez-vous l'ex-épouse de James Cameron qui excelle dans les films d'action ultra-burnés : Point Break est de ceux-là) s'est vautré à l'époque au box-office malgré une presse plutôt favorable.

Near Dark s'ajoutait alors à la longue liste des projets 'fantastiques' de TANGERINE DREAM aux côtés de Firestarter (adaptation du roman Charlie de Stephen King), The Keep (adaptation du roman horrifique éponyme de F.Paul Wilson), Wavelenght (obscur film de science-fiction mettant en scène des enfants extraterrestres traqués par l'armée américaine). La prédilection du groupe pour le genre fantastique était somme toute logique, sa musique n'ayant pas son pareil pour ouvrir à l'auditeur de nouvelles dimensions oniriques ou angoissantes.

Near Dark est une tentative semi-ratée, quoique audacieuse, pour renouveler le mythe du vampire en l'inscrivant dans un cadre proche du western, en abandonnant les clichés inhérents aux vampires (ici, pas de crucifix, pas de gousses d'ail, pas de cercueil, pas de pieu; le mot vampire n'est même jamais prononcé durant le film). Le long-métrage modifie complètement l'apparence des vampires, leur conférant un look western thrash à la mode Sergio Leone ou Fields Of The Nephilim pour tenter une comparaison plus musicale. Le scénario privilégie le mode de vie des vampires obligés de se cacher et de fuir comme des parias et sur lesquels le temps qui passe, éternel, laisse des marques de fatigue et d'immense lassitude. Le film adopte aussi, une fois n'est pas coutume, le point de vue des vampires, leurs démêlés avec les autorités de l'Arizona obligeant le spectateur à prendre partie pour les parias lors d'une séquence de fusillade réussie.

Le moins qu'on puisse dire, c'est que cette B.O. ne brille ni par son inventivité ni par son inspiration. Elle est à peine sauvée de la médiocrité par le métier indéniable de TANGERINE DREAM qui maîtrise la dynamique interne de chaque titre. "Pick Up At High Noon" progresse ainsi en deux étapes : une phase ambient, a-rythmique, où les claviers génèrent une attente inquiète, puis une seconde partie démarre par l'apparition soudaine de la batterie électronique de Chris Franke qui plombe délibérément une ambiance déjà malsaine tandis que la guitare électrique d'Edgar FROESE lâche des accords saturés qui soutiennent efficacement la scène du film où Caleb, après avoir été mordu par Mae, tente de s'enfuir pour regagner sa ferme sur fond de soleil levant. Le morceau se termine dans une avalanche de percussions électroniques assez puissantes.

Autre réussite de l'album : "Bus Station" s'ouvre sur d'étranges battements pulsatifs renforcés me semble-t-il par un effet conjugué de delay et de réverb. Cette rythmique très réussie générant un profond mystère est secondée par des choeurs électroniques qui me font penser à ceux de POPOL VUH pour le film Aguire. Le tout est perturbé par des zébrures grinçantes de claviers accompagnées par le tempo de plus en plus marqué de la séquence pulsative parcourant l'intégralité du titre, véritable ossature, envoûtante et onirique. Vraiment, le moment le plus chouette de cette B.O.

Le film contient aussi son love thème ou plutôt le "Mae's Theme", simple et facilement mémorisable. Sa mélodie doucement mélancolique sert avec pudeur le personnage de Mae, mon préféré du film, hantée par une secrète douleur, celle de ne pas avoir de compagnon et tiraillée dès qu'elle rencontre Caleb et voit en lui un partenaire potentiel. Je ne résiste pas ici à évoquer de mémoire la réplique la plus belle de Mae, tandis que Caleb une nuit l'embrasse sous le clair de lune. "Tu sais pourquoi, dit-elle en levant les yeux vers la voûte étoilée, tu n'as jamais rencontré de fille comme moi? C'est parce que, tu vois cette étoile, quand sa lumière s'éteindra, je serai encore là." Tout le dilemme de Mae est traduit ici par ladite réplique et le joli thème de TANGERINE DREAM.

Malheureusement, ces beaux passages du disque sont pour ainsi dire les seuls, le reste naviguant entre l'insignifiant ("She's My Sister", "Father And Son"), le lourdingue (l'horripilant et raté "Severin Dies", rare thème martial de la B.O.) et le médiocre (écoutez la guitare de Froese quand elle piétine les plates-bandes d'ordinaire dévolues au Hard Rock dans "Rain In The Third House" et "Goodtime" et vous entendrez ce que le Hard Rock FM peut produire de plus conventionnel et de plus daté).

Voici donc une B.O. en demi-teintes, globalement médiocre mais quelque peu sauvée par deux ou trois thèmes plus intéressants. Le seul à tirer son épingle du jeu reste Chris Franke dont le travail sur les rythmes ici est souvent créatif. Dispensable même pour un fan du groupe allemand.

A lire aussi en MUSIQUE ÉLECTRONIQUE par AIGLE BLANC :


VANGELIS
Themes (1989)
Vangelis et ses claviers cinématiques




Steve ROACH
The Magnificent Void (1996)
Le cosmos dans votre salon. Grandiose


Marquez et partagez





 
   AIGLE BLANC

 
  N/A



- Edgar Froese (claviers, guitare électrique)
- Christopher Franke (claviers, batteries électroniques)
- Paul Haslinger (claviers)


1. Caleb's Blues
2. Pick Up At High Noon
3. Rain In The Third House
4. Bus Station (mae's Theme Inclus)
5. Goodtime
6. She's My Sister (resurrection I)
7. Mae Comes Back
8. Father And Son (resurrection Ii)
9. Severin Dies
10. Fight At Dawn
11. Mae's Transformation



             



1999 - 2024 © Nightfall.fr V5.0_Slider - Comment Soutenir Nightfall ? - Nous contacter - Webdesign : Inox Prod