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MUSIQUE ÉLECTRONIQUE  |  B.O FILM/SERIE

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TANGERINE DREAM - Three O'clock High (1987)
Par BAKER le 8 Juillet 2018          Consultée 1176 fois

AVERTISSEMENT : cette chronique de bande originale de film est également susceptible de contenir des révélations sur le film

Je vais vous parler d'un temps que les moins de 20 ans ne peuvent pas connaître, mais qu'ils peuvent désormais découvrir grâce à cette belle invention qu'est le blu-ray. A la fin des années 80, et après la prise de pouvoir de quelques jeunes réalisateurs tous issus du clip ou de la publicité (les frères Scott, Steven Lisberger, Steve Barron), surgit une nouvelle race de réalisateurs que l'on regroupe vite sous le nom d' 'hyper-cinéma'. James Cameron, Kathryn Bigelow, John McTiernan entre autres imposent leur patte moderne et leur stylisme racé, le tout au service d'un cinéma très grand public mais pas idiot pour autant.

Petit protégé d'un certain Spielberg Steven, un très jeune réalisateur irlandais, Phil Joanou, fan de U2 devant l'éternel, fait ses premiers pas dans la très intéressante (et honteusement sabotée post-mortem) série télé Histoires Fantastiques (une des sorties DVD les plus minables de l'histoire pourtant longue des DVD foireux). Le garçon est un esthète, un virtuose, un visionnaire ; et Spielberg lui donne carte blanche pour son premier long-métrage. C'est l'histoire, au départ pas trépidante, d'un brave petit élève de lycée, gentil, un peu falot, qui commet la 'monumentale erreur' de se mettre à dos le nouveau du bahut, un colosse aussi buté que balèze. Tout le film tourne autour d'un McGuffin ridicule : le combat mano a mano entre les deux 'hommes', prévu à trois heures, l'heure du crime.

Mais voilà, Joanou est un esthète comme on l'a vu plus haut. Et son film est une ode à la steadycam, au montage cut, à la photographie chatoyante, au travelling circulaire, autant d'éléments de vocabulaire qui définissent les années 80. Le scénario mince mais pas idiot (quelques répliques cultes s'immiscent) laisse place à une virtuosité de mise en scène rarement atteinte alors. En roue libre, les jeunes acteurs donnent ce qu'ils peuvent tandis que la caméra se place toujours où il (ne) faut (pas) : ah, cette contre-plongée sur le bureau du HERR DIREKKKKKTOR ! Ce film, c'est un cliché des films de lycée. Un beau cliché. Un cliché drôle, pertinent, racé. Et Joanou en fin musicologue choisit pour sa bande-son TANGERINE DREAM, alors en pleine mutation (c'est un euphémisme), qui se met à composer des bandes originales pour n'importe qui et n'importe comment.

Le résultat pourrait être résumé par ce CD, mais c'est plus compliqué que ça. Déjà, à l'époque, T.D est un groupe quasi mort. Edgar Froese a pris les commandes pour de bon, et Chris Franke en a Frankement ras-le-bol. Mais ça irait encore si le groupe comprenait ce qu'il devait faire. Or, Phil Joanou a un souvenir particulièrement vivace et drolatique de sa collaboration avec le groupe berlinois. En voyant les rushes, Edgar Froese et ses escla... musiciens pensent avoir affaire à un thriller glauque. Verbatim : "ze bad guy... he iz hitting ze goud guy..." "No, this is a comedy, it's a slapstick situation, it's all overgrossed". "Yessss... But ze good guy he iz beateun by ze bad guy !". Complètement aux fraises, le groupe sort vingt minutes de musique au mètre. Mais, comme nous allons le voir, Froese est alors totalement dans un trip heavy mélodique. Du coup, grosses guitares, grosse batterie, grosses mélodies bien fonctionnelles.

Bon, ça ne suffira pas. Le film se retrouve vite en manque de moyens sonores et la production fait appel à Sylvester LEVAY pour générer en urgence dix minutes de musique supplémentaires. LEVAY, il est connu : c'est l'auteur du générique de Airwolf ("Supercopter, le c... par terre, la b... en l'air, ta mission c'est n....." bref vous connaissez), il prend moins cher que FALTERMEYER pour à peu près le même résultat. Le hic quand on écoute cet album, c'est que les titres écrits par LEVAY sont de loin les plus efficaces. Ce n'est ni original ni très recherché, mais dans le genre soundtrack synthétique fin 80's, c'est très honnête : rythmiques scintillantes, mélodies tout du long, sonorités industrielles. Et sons de guitare complètement Froesesques. Du bon boulot, à la fois très narratif et écoutable sans les images, rythmiquement. La bande originale est enrichie d'une pop song assez catchy et bien fichue signée de l'inconnu Jim WALKER qui connaît le même sort que Mick SMILEY ("un p'tit tour et puis s'en va"). Dommage, tout comme le petit instrumental signé David TICKLE et Rick MAROTTA (le frère de Jerry, au patronyme écorché sur la jaquette), instrumental tout à fait adorable mais présent ici pour des raisons... inconnues.

Et la bande à Edgar dans tout ce beau bordel ? C'est simple : Froese qui s'amuse à la guitare ("46 32 15", "You'll never believe it" qui est un festival), Franke qui s'éclate à la batterie parce qu'il... se fait chier ("Jerry's day"), et par-dessus les deux frères ennemis, Haslinger qui fait son John CARPENTER pour sauver les meubles ("No detention"). Mais le plus grave, c'est que malgré la fainéantise crasse et les erreurs de débutants des titres signés T.D, on... écoute ça sans soucis. C'est comme une religieuse au café quand on est diabétique : on sait qu'on n'a pas le droit, mais on l'avale quand même. Le groupe se permet à plusieurs reprises de réutiliser le thème de "Love on a Real Train" mais... légèrement amélioré ("Bonding by Candlelight"), et si beaucoup de titres sont de la musique au mètre, au moins est-elle souvent (pas toujours) agréable.

Alors au final, que vaut ce disque ? En tant qu'album de TANGERINE DREAM, c'est une catastrophe industrielle. Tous les meilleurs titres sont signés par quelqu'un d'autre, et les bons morceaux provenant du groupe sont à la fois très courts et complètement nombrilistes. Par contre, en tant que disque de musique instrumentale synthétique à la Jan HAMMER, c'est un plaisir coupable réel, décousu mais indéniable. Le film fait un petit four, mais son ton cultissime donne naissance à une série ô combien plus populaire : Parker Lewis Ne Perd Jamais. Phil Joanou a droit à une seconde chance puisqu'il signe le film Rattle & Hum pour U2, dont le succès planétaire le conduit à réaliser par la suite State Of Grace (Les Anges de la Nuit), un des plus beaux films de ces 40 dernières années. Quant à TANGERINE DREAM, s'il arrive ici à donner le change encore une fois, cette B.O. bâclée est l'un des nombreux clous plantés dans son propre cercueil en cette funeste (mais prolixe) année 1987.

Note finale : 2,5/5

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   BAKER

 
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- Edgar Froese (claviers, prog, guitare)
- Paul Haslinger (claviers, prog)
- Chris Franke (claviers, prog, mauvaise humeur)
- Sylvester Levay (claviers, guitare, prog)
- Jim Walker (chant, guitare)
- David Tickle (guitare, claviers)
- Rick Marotta (batterie)
- ...lineup Définitif Inconnu


1. It's Jerry's Day Today
2. 46-32-15
3. No Detention
4. Any School Bully Will Do
5. Go To The Head Of The Class
6. (sylvester Levay) Sit
7. (sylvester Levay) Jerry's Decisions
8. (sylvester Levay) The Fight Is On
9. (sylvester Levay) Paper
10. Big, Bright Brass Knuckles
11. Buying Paper Like It's Going Out Of Style
12. Dangerous Trend
13. Who's Chasing Who
14. Bonding By Candlelight
15. You'll Never Believe It
16. Starting The Day Off Right
17. Weak At The Knees
18. Kill Him (the Fotball Dummy)
19. Not So Quiet In The Library - Get Lost In A Crowd
20. (jim Walker) Something To Remember Me By
21. (david Tickle & Rick Marotta) Arrival



             



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