Je suis parfaitement d'accord avec Jovial, la période Schmoelling (1980-1985) est injustement décriée. La plupart des albums, studio comme live, sont pourtant excellents, simplement plus mélodiques, plus accessibles que les Baumann. Dans ce bel ensemble, je place White Eagle au centre, je le trouve meilleur que Tangram, Thief(fi] et Le Parc(fi], moins bon qu'Exit, Logos, Hyperborea(fi] et Poland.

Loin de moi l'envie de polémiquer au sujet de "Mojave Plan". Certes, ce morceau est grandiose mais je l'ai toujours trouvé un peu long et pas très bien structuré. De plus, l'emploi final d'un orchestre me semble vain. Les premières minutes sont très chouettes, avec un son qui se construit petit à petit sans jamais être vraiment déroutant. Une fois que l'assise rythmique est bien établie, le morceau peine cependant à décoller et il faut attendre l'arrivée de la guitare pour que la sauce reprenne. Ensuite, le morceau présente une césure un peu brutale, après l'envolée de guitare, la musique s'arrête en plein vol et cède la place à du bruitage avant qu'un deuxième thème plus rythmé ne démarre de nulle part. On a vu mieux comme enchaînement. La deuxième moitié du morceau est constituée de deux grands passages. Après le premier assez rapide et enjoué, le clou du morceau est à mes yeux la fin, en particulier l'arrivée du dernier thème vers la minute seize. Dommage qu'il soit assez court avant l'arrivée de l'orchestre qui conclut le morceau de façon lancinante.

Du coup, je préfère nettement la deuxième face, presque impeccable. On peut effectivement être sceptique au sujet de "Midnight in Tula", qui fait un peu démodé voire kitsch. Sans doute le moins réussi de ces petits morceaux faciles qu'ils ont proposé régulièrement pendant la période Schmoelling (à comparer avec "Choronzon", "Dominion", "Cinnamon Road" ou la fin de "Tangent"). Cela dit, en ce qui me concerne, j'aime beaucoup l'écouter. Les deux derniers morceaux font partie de la crème du groupe. "Convention of the 24" est difficile mais géniale, une merveille de construction rythmique, qui me semble renchérir en la matière sur le déjà excellent "Pilots of Purple Twilight" dans Exit. Quant au morceau-titre, il est d'une délicatesse à peu près irrésistible.

Un album un peu inégal donc, mais réalisé très sérieusement, avec un son magnifique et plein de bonnes idées. Pas vraiment un indispensable mais un disque important, indiscutablement.