Succéder au monstrueux Zeit n'était pas chose aisée. Bien sûr, il aurait paru logique que TANGERINE DREAM ne puisse pas réitérer l'exploit et prendre du temps pour sortir un nouvel album de cette trempe. Mais non, Froese, Franke et Baumann osent sortir Atem, soit leur premier chef-d'oeuvre reconnu comme tel.

Tout d'abord, il convient de noter une chose importante, c'est que cet album ne peut s'écouter que d'une traite, qu'on l'aime ou pas. La division des plages est trompeuse, il n'y a pas quatre mais deux titres seulement, impression renforcée avec l'édition CD. Le premier se compose des cinq premières minutes du morceau éponyme, un véritable accompagnement sonore de rituel. Les percussions liées à un mantra (?) musical des plus magistraux nous font entrer dans un univers apocalyptique et sauvage.
Le voyage commence ensuite et dure pendant 36 minutes. A la croisée des chemins entre le dark ambient et la Kosmische Musik, TANGERINE DREAM envole et s'envole. Les plages sonores qui se présentent sont peu variées du point de vue musical, aucune mélodie ni aucune séquence, rien, de l'ambient pur et dur, diront certains. Enfin, cela vaut surtout pour la majeure partie d'"Atem" (sans l'intro, donc). En retournant le disque (pour ceux qui ont cette malchance), le propos se fait un peu plus varié, notamment grâce à la flûte et au mellotron ("Fauni-Gena"). Chacun des prétendus morceaux peut être vu comme une étape du voyage, dans des contrées peu accessibles mais magnifiques à observer. Tout s'arrête ensuite dans un nouvel assaut de percussions, avant que quelques restes épars subsistent, comme pour lier rêve et réalité. Bien joué.

Atem est un chef-d'oeuvre, le dernier de TANGERINE DREAM, même. Cela ne veut pas dire que ce qui suivra sera mauvais, bien fou qui dirait cela. Toutefois, le fait d'atteindre un tel niveau artistique ne se réitère pas, et quand il est accessible, il faut le cueillir.
Atem, un album à écouter. Immédiatement.